• 01 Péchés de Chair (Esmène / Tori) (-12)

    Chaque démon allait contacter sa nouvelle "hôte" qui avait ramassé son objet de damnation. Encore fallait-il un moyen...

    La première démone (car c'était une démone, oui) à contacter son hôte était Anerice. Son calice fut entre les mains d'une noble native de Mâcheville, Esmène de Gulia. Esmène s'était trouvée un homme, dont elle a fait aussi son serviteur, Hugo. Tous deux ne vouaient pas les mêmes cultes. Esmène avait une petite manie néanmoins, assez particulière, qui allait dans le sens du péché nommé "numéro 6", et qui allait être déformé. Depuis les deux personnes continuent à résider dans Mâcheville. Esmène avait des yeux bleus comme les saphirs que l'on pouvait trouver à Katrepat par exemple. Comme dit précédemment, elle était un peu maniaque sur les bords et ne demandait que de la nourriture de première qualité, notamment quelques plats et couverts du village d'Emelka, situé sur le continent d'Amakna, pour être importé à celui de Brâkmar par le port de Mâcheville. Elle dévorait tout jusqu'à la dernière miette et s'assurait de la fraîcheur du produit. Sinon on pouvait entendre ses cris de dégoût.

    ESMÈNE - Jetez-moi donc tout ça, c'est infect ! Même les rats du village rechigneraient à se délecter de telle pourriture !

    Et à son cher majordome (qui lui servait de mari) de débarrasser le couvert.

    ESMÈNE - Ce repas peut arriver à sa conclusion maintenant. Vous ne croyez quand même pas que j'allais me salir les mains en relavant les assiettes ?

    Ainsi c'était son mari qui était de corvée de vaisselle. Mais en ce jour, Esmène avait trouvé ce calice avec les scènes de banquet gravées dessus. Qui aurait pu lui offrir une telle merveille ? Elle se le demandait encore. Elle le regarda avec attention, le posa sur la table, observa les détails... Puis, elle sentit une vibration provenant de la table. Elle remarqua que c'était le calice qui bougeait. Elle entendit une voix, suave et élégante, sortir du calice.

    ANERICE - Je sais maintenant pourquoi je suis tombée sur toi... Oui, je sais, ces plats sont un délice. Mais tu la joues petit jeu à mon goût.
    ESMÈNE - Comment...
    ANERICE - Tu pourrais avaler bien plus que cela. Combien de banquets servis, de plats cuisinés avec délicate attention tu pourrais manger. Aller au-delà des limites des simples mortels. Ne penses-tu pas mériter mieux que le simple sort de mortalité ?
    ESMÈNE - Je... Que voulez-vous exactement ?
    ANERICE - Te sortir de ton pétrin.

    Esmène réfléchit : ne plus être une simple mortelle et dépasser ses limites... Tous ces plats si appétissants, qu'elle s'en gaverait jusqu'à la moelle de l'os, mais qu'elle ne pouvait pas tout avaler de peur d'une crevaison d'estomac. Une faim insatiable. Finalement, Esmène accepta la proposition et conclut ainsi le premier pacte infernal : celui de la gourmandise.

    Ainsi au repas suivant, son majordome lui servant de mari lui annonça les nouvelles cargaisons arrivant au port de Mâcheville pour 19h30.

    HUGO - Ils ramènent quelques anchois à l'huile, des Shushus à la crème, des Coques de Smare, des soupes de poisson et des bières artisanales. Ainsi que quelques pots d'eau.
    ESMÈNE - Parfait, tout sera pour ce soir !
    HUGO - Vous ne pensez pas que...
    ESMÈNE - Je dis bien, tout ! Amenez des cargaisons de quatre centaines de litres de bière s'il le faut pour faire digérer ce que je dois avaler, mais je dévorerai tout ce que l'on m'amènera !

    Le pauvre Hugo ne sut même pas s'il devait craindre ou être rassuré. L'appétit que possédait Esmène semblait s'être considérablement augmenté, et il espérait que la maladie ne l'atteigne pas.

    Plus au Nord, régnait le bourg des Katrepat. Le château était gardé par une certaine Tori, noble elle aussi, mais sans mari. On l'appelait son altesse "maîtresse Tori Regina de Luxunia". C'est elle qui avait ramassé la dague.

    Dans son enfance, Tori avait été insultée, rabaissée sans cesse par tout le monde. Elle ne pouvait même pas se venger. Se sentant délaissée, elle décida de s'isoler. Ses pires rivales étaient une disciple de Crâ, Alexandra, et une autre disciple d'Osamodas, Claire. Les deux pestes de l'école.

    Tout allait changer avec la dague d'Ombrage. Elle récupéra la bague, laissée dans un coffre de Katrepat, en attendant d'être reprise par son maître.

    Une nuit, la dague lévita, entourée d'un léger halo pourpré. Tori fut éveillée et attirée par la ténébreuse lumière qui émanait de son trésor. Une voix résonna dans toute la chambre. La pauvre Tori qui était alors dans une petite nuisette de basse noblesse, allait devenir habillée d'une robe les plus séduisantes en accord avec le péché auquel elle allait être liée.

    Ombrage lui demanda alors ce qu'il se passait et pourquoi depuis tant de temps elle restait isolée. Tori lui raconta tout depuis le début. Elle confia tous ses maux d'enfance, jusqu'à ce qu'Ombrage lui proposa de tout recommencer de néant.

    S'il était possible de revenir en arrière, et de venger son honneur... Quelle opportunité pour Tori ! Directement, Tori lia son pacte avec Ombrage et forma alors le second pacte infernal : la luxure.

    Tori fut prise d'une envie de vengeance. Tout le monde, qui la haïssait, qui la délaissait, allait finir dans son château, jusqu'au rapport final, et même au-delà. Car pour faire grandir le pouvoir de la luxure, il fallait bien en abuser encore et encore, autant de fois qu'il serait possible.

    Et les premières victimes seraient Alexandra et Claire, qui étaient au centre de l'île, contrairement à la damnée Sramette qui logeait au Nord. La luxure permettait à Tori de pouvoir changer sa forme et de lui donner les ailes du désir, deux grandes ailes noires comme celles d'une chauffe-souris pour aller chercher ses victimes et les ramener au logis. Aussitôt fait alors que Tori arriva au logement des deux pestes d'antan. Tori leur déposa une fleur, rouge sombre, virant même au violet, avec un mot indiqué dessus :

    "Vous êtes cordialement l'invitée de mon château. Rendez-vous à 23h50 devant la porte du château de Wagnar pour un bal privé commençant à minuit. Venez seule, vous ne le regretterez point."

    Le tout avec une gorgée de parfum destinée à faire tourner la tête aux simples mortels, dont Tori ne faisait désormais plus partie. Les deux pestes furent alors attirées et lurent le mot, s'évanouissant à moitié dans les ailes de la noble dame de la luxure. Cette dernière s'envola avec ses deux petites protégées... Qui allaient rester bien plus qu'une nuit dans ce château hôte d'un des péchés nommés par les Shushus.