• 09 Dévorer jusqu'à la justice (Esmène / Astérine)

    D'une relique qui mangeait les âmes, comme son nom le précisait, il y avait aussi toujours cette étrange maladie qui se répandait dans Brâkmar comme la peste. Mais ce n'en était pas vraiment une, c'était plutôt une sorte de boulimie. Là encore, on trouvait des gens dans les champs de Brâkmar, qui s'étaient mis à tuer tous les oiseaux qu'ils trouvaient, pour en tirer leur viande. Heureusement, les animaux ne pouvaient pas être atteints par cette maladie. Pourquoi ? Osamodas les aurait-il protégés ? En tout cas, il y a une de ses disciples qui était à l'abri de cette maladie, c'était Esmène.

    Un jour les autorités de Brâkmar tentèrent d'élucider le mystère traînant autour d'Esmène depuis quelques jours. Un appétit des plus féroces, cependant sans dépérir, cela leur semblait louche. Très louche... D'autres habitants disaient même avoir vu Esmène avec des dents anormalement allongées et des ailes démoniaques.

    Parmi les dames des autorités, se trouvait une jeune femme Ecaflip, Zoé, aussi ancienne amie d'Esmène. Connaissant bien cette dernière, elle pensa que la tâche allait être aisée. Et pourtant... Elle ne se doutait pas des dégâts que pouvait faire la malédiction de cette Osamodette infernale !

    Ce fut un vendredi soir, Esmène allait une fois de plus s'attarder à sa table fournie tel un énorme buffet, infiniment grand... Zoé toqua à la porte. Hugo le lui ouvrit et l'amena à sa femme.

    ZOÉ - Dame Esmène... Vous vous souvenez de moi, Zoé Fallen ? Votre amie d'enfance...

    Esmène se retourna et sourit paisiblement.

    ESMÈNE - Ah tiens mais ça faisait longtemps... Allez, viens, je ne vais pas te manger !

    Ironie du sort ? Non, Esmène n'allait pas être non plus une cannibale. Les repas furent tous servis, Zoé fut assez surprise de la quantité de nourriture que son amie ingurgitait sans aucune peine. Comme Hugo au début du péché, elle ne savait que penser en voyant Esmène avec un tel appétit. Ce n'était pas ça qui la choqua le plus. À un moment, elle vit les yeux de la jeune femme devenir rouges, et ses dents s'allonger, comme celles d'une démone. Zoé prit alors le calice sur la table et le regarda. Cet objet, si joliment décoré, n'était rempli que d'eau. Zoé en but quelques gorgées avant de le reposer sur la table.

    ESMÈNE - C'est en quelque sorte mon porte-bonheur.

    Le souper se termina très tard, aux alentours de minuit. Zoé repartit chez elle, laissant Esmène seule avec son mari. L'Ecaflipette décida de revenir une semaine plus tard, mais son délai de visite fut plus court que prévu. En effet, le lendemain on la retrouva à la porte de la femme infernale, mendiant pour de la nourriture.

    Esmène eut une drôle de sensation. Autant le cas des autres personnes ne l'avait que peu touchée, que le cas de Zoé la concernait directement. Qu'avait-elle fait ? Elle fut prise de pitié, mais très vite, Anerice reprit le dessus. Zoé ne reconnaissait plus l'Esmène qu'elle avait connue et se retrouva face à une démone qui lui tendait la main pour ses derniers jours. Zoé rentra chez elle douze jours plus tard.

    Au treizième jour depuis le début de la maladie, on retrouva Zoé décédée chez elle. Hugo essayait de comprendre ce que sa femme avait fait lors de ce fameux dîner, et se souvint alors du calice. Il décida alors de le retirer de la portée d'Esmène.

    Le soir où il commença à agir, il se dirigea vers la chambre, mais ce qu'il aperçut à travers la serrure de la porte l'avait horrifié : Esmène était sous une forme démoniaque, embrassant son calice et en murmurant des mots dans une langue ancienne, presque inconnue des mortels. Maintenant, il en était sûr : Esmène avait bien été possédée par un démon. Mais qui ?

    Pendant ce temps-là, Astérine décida de se diriger vers Bilbyza, mais ne trouva personne. Une terre désolée avec juste quelques créatures de la plage. Les Bilbyboys et les Bilbygirls ne faisaient même plus la fête, en deuil à leurs camarades et par peur de recevoir eux aussi la visite de celle qui se faisait nommer "Sacris", qui n'est autre que la fille infernale de la colère possédée par Rushu.

    C'était à ne plus rien y comprendre. Elle devait trouver des indices, mais rien. Tout avait été effacé, même les tâches sur le sable. C'est comme si une tornade était passée entre temps.

    Vers où aller maintenant ?

    Astérine prit le prochain bateau pour Brâkmar. Cette cité démoniaque contrôlée par une vampyre et sa pauvre victime ancienne mortelle. Elle dut passer à travers un rideau de Riktus qui l'attendaient au tourment. Astérine réussit à s'en débarrasser et les renvoyer au Triangle des Bermudas, la base des bandits. Elle n'avait plus le choix de toute façon. Elle se déplaça à travers Mâcheville et vit arriver les cargaisons de nourriture provenant du port. Et elle vit aussi les personnes atteintes de cette mystérieuse maladie de boulimie. Astérine demanda alors à toute personne qu'elle croisait ce qui leur était arrivé. Ils lui répondirent tous qu'ils avaient bu dans un calice en argent (d'apparence), ou touchés par un liquide qui venait de ce calice.

    Avec ces pistes, Astérine se dirigea vers le château des Gulia, mais fut arrêtée par des gardes qui lui disaient qu'elle ne devait pas entrer en zone de quarantaine. Ils la renvoyèrent à Astrub, où ils pensaient qu'elle serait en sécurité. Et pourtant...

    Astérine fut ainsi au courant du second crime commis. Une Sramette avec un plastron Mangelâme. Elle alla directement chez elle à Bonta pour rassembler toutes les infos qu'elle avait récupérées.

    Certaines choses ne collaient pas. Ces crimes, ceux de Bilbyza, ceux dans Brâkmar, et les deux autres d'Astrub, n'étaient pas de la même personne, mais de trois assassines différentes. Et cette histoire de quarantaine autour du château des Gulia, c'était étrange.

    Astérine ne savait pas que quelqu'un l'observait. Cette personne, d'apparence divine, s'approcha d'Astérine et lui expliqua que sept démons s'étaient échappés des dimensions démoniaques. Il s'agissait de la puissante Jiva, protectrice du mois de Javian, et éternelle ennemie du démon Djaul, qui était affilié au péché de l'envie. Jiva le savait très bien par ailleurs...

    Les deux femmes conclurent un pacte. Astérine offrit des artefacts de glace contre la protection par les pouvoirs de la vaillante Jiva. Maintenant, le combat allait être d'égal à égal.