• 18 Retour à la terre (Nathalie / Erica)

    Le portail s'était refermé il y a quelques jours. Les Douziens remarquaient, lors de sa ballade, les marques démoniaques qui avaient envahi les bras de Nathalie. Elles ressemblaient à des tatouages, sans en être réellement. Nathalie ressentait cette énergie en elle, elle avait changé ces derniers temps. Sacris, celle qui se promettait de punir les pécheurs... Au fond, qu'était-elle réellement ? Une femme corrompue par le seigneur démon ? Elle se dirigea dans les murailles d'Astrub, avant de s'arrêter devant la place marchande. Le mal semblait partout.

    Des personnes à terre dans Sufokia, prises dans un profond sommeil ou une profonde paresse. Des affamés à Brâkmar, des ressources qui s'y épuisaient. Des banques de Bonta volées, il ne restait plus le moindre kama. Une tyrannie et des complots dans Amakna. Sans compter Astrub elle-même, avec ses mystérieux meurtres près de la petite boutique de tailleur. Mais Rushu força Nathalie à ne pas aller voir cette boutique, et l'invita plutôt à se rendre de nouveau vers Brâkmar... Mais loin de Mâcheville.

    Les gardes tentèrent d'arrêter Nathalie, qui les prit par le col et les força à la laisser passer pour rentrer dans sa terre d'origine. Une fois rentrée, elle ne reconnaissait presque plus rien. Ses pieds foulaient un sol plus desséché que jamais, et non pas à cause des volcans, mais de la famine. Les ressources avaient toutes été prises par l'autre famille royale, les Gulia.

    Elle se rendit dans le village et regarda tout autour d'elle. Il n'y régnait plus que désolation. Nathalie ne comprenait pas. Sa nation, était-elle ainsi à cause de son départ de Mâcheville, pour s'exiler vers Bilbyza ? Elle décida de s'enfuir au plus vite. Elle prit un bateau vers Astrub, puis vers l'île de la foire du Trool.

    Nathalie finit par trouver des gens ayant commis l'avarice, l'envie et la gourmandise dans les recoins de la foire, et décida de les punir à l'aide des flammes infernales. Le feu de Rushu coulait dans ses veines, et ses marques commençaient à envahir son ventre. Les passants hurlèrent à sa vue, ils voyaient qu'elle était possédée. Certains tentèrent même de l'avertir.

    NATHALIE - Vous ne comprenez pas. Ces marques signifient que je suis sur la bonne voie, celle d'amener la justice dans ce monde. Bientôt il n'existera plus aucun péché dans ce monde ! Plus aucun ! Nous vivrons tous heureux, et nous n'aurons plus à craindre quoi que ce soit.

    Mais ses paroles ne convainquirent personne. Elle restait sous l'apparence d'une femme possédée par des démons.

    Une nuit, Nathalie eut un horrible cauchemar, où elle voyait les flammes l'engloutir. Elle pensa alors que les péchés allaient prendre le dessus sur elle. Elle se posa des questions, mais Rushu les fit toutes évanouir. Le complot avait déjà commencé depuis longtemps...

    NATHALIE - J'ignore si j'arriverai un jour à vaincre et à éradiquer tous les péchés de cette planète. J'ai l'impression que plus l'on avance et plus il y en a...
    RUSHU - Ce qui compte c'est de te débarrasser de ces crimes ! Ce que tu veux, c'est bien faire régner la justice oui ou non ?
    NATHALIE - Je ne sais plus. Je me demande si je ne fais pas une grosse bêtise...

    Rushu craignit que la petite ait compris le manège. Il n'en pouvait plus, il s'empara du corps de la Sacrieuse, la tortura intérieurement. Nathalie retomba sur son lit d'accueil à Astrub. Elle se réveilla plus tard, la tête engourdie. Elle ignorait ce qui se passait, et pourquoi elle avait eu subitement cette douleur qui lui transperçait la poitrine. Puis elle s'observa. Son corps était presque complètement couvert de marques, hormis son visage. Elle commença à comprendre pourquoi tout le monde la fuyait.

    NATHALIE - Plus personne ne le saura... Je continuerai la vengeance que mérite ce monde des Douze !

    Sur ce, elle enfila son large manteau, le ferma, enfila sa cape et partit en laissant quelques kamas pour remercier ses hôtes de l'avoir hébergée quelques temps, avant de disparaître dans la brume Astrubéenne.

    Erica retourna chez elle également. Revenue d'Enutrosor, qui ressemblait plus à un faux coffre-fort, elle se sentait déçue et trahie. Mais Minuit reprit son contrôle et la rassura.

    MINUIT - Il y en a d'autres. J'aurais dû m'en douter pour Enutrof ! Toujours aussi radin !

    Gladys retourna voir sa grand-mère, très inquiète et suspicieuse. Elle lui demanda si elle avait contacté un démon ces derniers temps. De son côté, Minuit se sentit en danger. Il fallait se débarrasser de cette petite fouine, mais comment ?

    GLADYS - Je sais que vous avez discuté avec un démon, j'ignore lequel. Regardez donc vos mains !

    Erica les observa attentivement. Les paumes étaient noires comme les ombres. Les marques l'avaient envahie elle aussi, comme les autres femmes infernales. Mais elle sourit.

    ERICA - Ce n'est que de la cendre, mon enfant. Cela partira.

    Gladys sortit un pot et étala de la mixture sur les mains de sa grand-mère. Les marques restaient intactes.

    GLADYS - Mensonge. Les cendres que vous prétendez sont fausses.
    ERICA - Des tatouages, d'accord.
    GLADYS - Impossible. Pas de cette forme. Ce sont des marques démoniaques.

    Erica eut comme une sorte de malaise. Minuit, folle de rage, s'empara du corps de l'avaricieuse et lui fit prendre une nouvelle forme démoniaque, dont Gladys tentait de s'en cacher. Mais Minuit allait lui donner une leçon qu'elle ne serait pas prête d'oublier.

    ERICA / MINUIT - Petite insolente, petite curieuse ! Sais-tu que tu fais affaire à un très vilain défaut ? Pourquoi penses-tu que j'amasse toutes ces richesses ? Je souhaite tout l'or de ce monde ! Personne ne le prendra, même pas toi, insignifiante petite mortelle !

    Gladys hurla. Jamais elle n'avait entendu Erica parler ainsi, d'autant plus que cette dernière était maintenant possédée. Elle eut une sorte de noir.

    Lorsqu'elle se réveilla, elle était face à la vraie Minuit. La véritable démone des heures. Elle était attachée. Impossible pour la petite Eniripsa de s'enfuir, ni même de bouger. Minuit s'approcha. Un pas. Deux, puis trois, quatre, et cinq, et prit le menton de la petite fée. Elle la défigura.

    MINUIT - Dans quel pétrin tu t'es fourrée... Tu es tombée dans la gueule du Mulou, il paraît. Dommage, car ses mâchoires vont se refermer !

    Elle éclata d'un rire sadique et délaissa la petite morte, sans vie, qui avait été aspirée par Minuit.

    MINUIT - Quelle étrange sensation... Si je faisais cela avec mes gladiateurs au temps de l'Hormonde... J'aurais la jeunesse éternelle pour moi seule !

    Pendant ce temps, Erica admirait ses richesses. Elle n'adressait plus la parole aux voisins. Et il lui fallait beaucoup plus pour soutirer tout l'or du monde. Les impôts. Les taxes. Être le gouverneur de Bonta !

    Elle se présenta aux élections. Peu de gens votèrent pour elle, mais Minuit assassina tous les autres rivaux pour laisser Erica gagner. Cette dernière instaura alors des taxes astronomiques.

    La tyrannie de l'avarice allait commencer...