• 21 Fantômes (Carolina / Astérine)

    Endormies, ces personnes qui longeaient sur le sable chaud, brillant sous les rayons du soleil... Lorsqu'il se coucha, il se tint alors d'une pâle lueur bleutée, et les étoiles seules ne suffisaient pas pour faire ressortir ces éclats comme en plein jour. Il en restait une, qui nageait dans le bonheur, Carolina, assise à sa fenêtre de château, qui contemplait d'un air rêveur tout ce beau travail. Plein de personnes avaient acheté sa potion somnifère qu'elle vendait avec l'aide de la démone XI... Désormais, ils plongeaient vers un sommeil éternel.

    Au petit matin, la jeune souveraine de Sufokia découvrit des marques noires dans le dos, mais XI l'incita à se calmer. L'heure de la réunion des derniers gardes venait de sonner, aussi Carolina les rassembla tous dans la grande salle. Certains commencèrent à se plaindre du médicament vendu qui endormait le peuple. Elle leur servit des coupes d'eau, puis leur révéla bien après de nombreuses gorgées, qu'elle avait empoisonné leur eau avec ce médicament, et qu'ils allaient tous dormir avec les autres.

    CAROLINA - Vous allez bien rire, votre eau est mélangée avec cette médecine miracle. Mais croyez-moi, fini les guerres à Sufokia, vous pourrez enfin vous reposer... Éternellement !

    Ils hurlèrent tous à l'assassine, mais c'était trop tard, ils s'écroulèrent les uns après les autres sur le sol. Carolina éclata d'un petit rire, comme si elle venait d'accomplir sa vengeance.

    Et il ne lui fallut pas plus que quelques jours pour plonger Sufokia dans cet état. L'archipel entier était... Hanté par cette maladie du sommeil, provoquée par une malheureuse petite potion... Puis, elle se rendit compte que des bateaux venus d'autres contrées venaient à Sufokia... Des bateaux Riktus.

    CAROLINA - La guerre est finie, mes chéris.

    Elle se rendit sur la plage du rivage Steamulant et commença à jouer de son pipeau. Sa poitrine palpitait, elle ressentit comme un coup. XI sonnait en elle, l'incitant à la laisser faire. Ce que Carolina fit. Elle fut cependant violemment secouée, devant un chef Riktus Osamodas pour enfin se transformer en une sorte de démon spectral. Une femme habillée de turquoise, avec des cornes discrètes dans sa chevelure, son bas flottant et à fin translucide, comme pour XI, et enfin, ces grandes ailes de même carrure que les anges, mais dont les plumes tombaient. La démone de la paresse s'était bien réveillée.

    CAROLINA / XI - Ne troublez pas le sommeil sacré de ces lieux.

    Les Riktus tentèrent de se jeter sur cette créature, mais le pipeau résonna, et chaque être qui s'approchait trop près tomba sur le sable, éclaboussant de quelques grains l'air diaphane, jusqu'au gouverneur des Riktus. Un Osamodas nommé Nicolas, qui voulait venger les siens.

    NICOLAS - Reviens d'où tu viens, démon !
    CAROLINA / XI - Je suis chez moi déjà. Toi, en revanche, tu vas rester pour la vie, dans les bras du sommeil... La paix est bien meilleure que la guerre, pourquoi se bagarrer alors que l'on peut se reposer ? Mon pauvre petit, regarde-toi, tu es bien las, tes paupières sont lourdes, lourdes, elles tombent, tu t'endors, tu n'écoutes plus que ma voix...

    Le pipeau continua le reste et XI s'éleva du corps de Carolina pour chanter elle-même.

    NICOLAS - C'est donc... La démone de la onzième heure...
    XI - Dors bien, mon petit Osamodas, tes paupières se ferment, tu vas dormir bien paisiblement... Cède à cette acédie, qui te mènera au couloir de l'éternelle vie...

    Il tomba. Et dormit. Qu'allaient faire les Riktus maintenant ?

    Le mois de descendre s'accompagna de ses neiges, provoquées par Djaul et ses alliés. Djaul, le démon de l'envie. Astérine sortit de sa maison d'accueil et décida, à l'aide de Jiva, de voir plus clair dans le jeu du protecteur du dernier mois de l'année. Elles toquèrent à toutes les portes, mais personne ne sut où Djaul se dissimulait. Finalement, il se montra de lui-même. Et il n'était pas tout seul. Ce n'était pas sa petite possédée qu'il amenait... Mais tous les démons des péchés réunis ! IV, XI, Anerice, Ombrage, Minuit et Rushu, tous l'accompagnaient. Et ils semblaient heureux. Jiva ne comprit pas ce qu'ils complotaient, et Astérine encore moins... Puis elle se souvint des paroles du Chevalier Justice. Sept démons, sept péchés. Chacun correspondait à un péché précis. Mais qui allait avec qui ?

    Jiva se mit à réfléchir, elle ressentit les auras et sut alors ce qui s'était tramé. Elle réussit à déterminer quel démon était affilié à quoi. Et se rendit compte que son pire rival était associé à l'envie. Et qu'il était en effet bien ici, dans Astrub !

    DJAUL - Alors, mademoiselle qui se déplace à la vitesse de la pensée d'un Iop ?
    ANERICE - C'est trop tard, ma chérie, ces filles sont à nous !
    IV - Tu nous amènes une mortelle ? Pauvre Jiva, c'est pathétique !

    Rushu interrompit toutes les conversations par un cri rauque et sourd. C'était lui le roi des démons, le chef des chefs, même au-dessus de Minuit, la chef des démons des heures.

    RUSHU - Ah Jiva, la protectrice du mois de Javian... Tu penses donc nous mettre des bâtons dans les roues ?
    JIVA - J'ignore ce que vous complotez tous les sept, mais cela ne se passera pas comme ça ! Depuis des semaines, ce monde des Douze est devenu un terrain de jeu pour des corrompus !

    Tous les démons éclatèrent de rire.

    OMBRAGE - Ce sont tous des fantômes maintenant ! Ils nous appartiennent !
    MINUIT - Dites donc, si on se débarrassait de ces deux minables ?
    DJAUL - J'en ferais une affaire personnelle...
    XI - Pas par la bagarre ?
    DJAUL - Silence, XI. Cela fait des années que je veux botter les fesses de cette Jiva de malheur... Et cette fois, je ne la louperai pas !

    Jiva ressentit comme une attaque. Astérine commença aussi à se mettre sur la défensive, mais Jiva la retint en arrière, l'assurant qu'elle veut la protéger.

    JIVA - Ces démons sont très dangereux. Je préfère que tu surveilles nos arrières.

    Astérine acquiesça. Mais un pouvoir se fit ressentir dans tout son corps, une vague d'énergie positive bleutée. Jiva se mit alors à asséner des coups aux démons. Ces derniers l'attaquèrent au retour. Finalement, Astérine réussit à envoyer un rayon sur les démons, qui ne parvinrent pas à l'esquiver. C'était ce rayon de la justice, que Jiva venait juste de voir devant ses propres yeux, et jamais elle n'avait réussi à en faire un de telle puissance. La petite Ecaflipette la regarda d'un air pitié. Les démons repartirent vers leurs victimes, et Jiva s'approcha d'Astérine.

    JIVA - Comment tu as pu sortir un sort aussi... Puissant ?
    ASTÉRINE - Je ne sais pas. Il est sorti en moi. Comme ça.

    Jiva en perdit ses mots. Désormais elle savait ce que les démons complotaient. Cette histoire de "fantômes"... Ils allaient dévaster le monde des Douze en se servant de sept jeunes femmes innocentes sur cette planète ! Et comme dans la Shukrute il n'y avait presque plus rien à détruire, il ne leur restait plus qu'une solution : trouver un moyen de s'infiltrer dans le monde des Douze, posséder des personnes au hasard et les faire commettre les actes les plus affreux.

    JIVA - Ils le paieront...

    Elle empoigna Astérine et l'entraîna dans une course effrénée pour tenter de rattraper les démons. Mais allait-elle y parvenir ?