• 22 Paranoïa (Priscilla / Erica) (-14)

    Astrub avait été perturbée par cette dispute entre Jiva et les sept démons. Djaul avait regagné la demeure de Priscilla pour la surveiller de nouveau. Elle avait pâli et semblait toujours souffrir de ses faiblesses. À quoi étaient-elles dues réellement ? Djaul y était-il pour quelque chose ?

    Timothée venait à passer près de cette maison, il était seul. Priscilla regardait derrière les rideaux. Elle avait caché son cou couvert de marques démoniaques. Il n'y verrait que du feu. Il repartit, on aurait dit que quelqu'un l'avait appelé. Priscilla sortit alors déguisée afin d'observer la scène. Une autre Xélorette l'attendait.

    TIMOTHÉE - Désolé Hyacinthe, il y a quelque chose qui me perturbe. Le fait de voir toutes mes amies se faire assassiner... Après avoir été dans une boutique. C'est bizarre.
    HYACINTHE - Il ne faut pas t'inquiéter. Les meurtres vont bien s'arrêter à un moment.

    Priscilla savait exactement de quoi ils parlaient. Mais les deux disciples du dieu temporel n'allaient pas s'en tirer de cette façon. Elle fonça droit sur eux et les bouscula violemment. Ils tombèrent. Elle revint vers Hyacinthe et l'emmène vers le mur. Elle réussit alors à libérer une énergie colossale. Djaul allait la rejoindre. Des ailes lui poussèrent dans le dos et déchirèrent sa cape d'assassine. Elle avait des cornes supplémentaires sur le front et ses yeux étaient devenus rouges vifs. Priscilla était devenue une démone. La créature de l'envie. Timothée tenta d'invoquer ses dieux, mais Priscilla l'envoya valser vers le mur opposé, histoire de le sonner suffisamment longtemps pour s'occuper du cas de Hyacinthe.

    La Xélorette peinait à respirer, Priscilla vit alors quelque chose briller à son doigt... Un bel anneau. Mais qu'était-ce exactement ? C'était... Mais oui ! Une réplique presque parfaite de l'anneau d'Ombrage ! Cette démone de la luxure qui possédait Tori de Luxunia à Katrepat ! Bien évidemment, Ombrage n'était pas dans cette bague. Un autre anneau attira son attention, dans les mêmes tons, une sorte d'anneau démoniaque, un Makabrano. Avec deux petites cornes. De chaque côté.

    PRISCILLA / DJAUL - Tu as l'air bien riche pour une pauvre petite habitante d'Astrub...

    Priscilla sortit ses ciseaux et la poignarda, devant les yeux de Timothée. Puis elle se retourna vers lui, laissant Hyacinthe pour morte, retira sa cape, ce qui laissait voir le reste de son corps démoniaque, pour bâillonner le jeune Xélor et l'emmena ensuite dans sa boutique, où elle l'assomma.

    Lorsque Timothée se réveilla, il était dans la boutique, sur un lit, une tasse de chocolat chaud fumante à côté de lui. Et à terre... Priscilla, évanouie, avec ses ciseaux nettoyés à côté d'elle. Il pensa savoir qui avait tué Hyacinthe. C'était bien elle ! Mais pourquoi ?

    De toute façon, l'Osamodette ne pouvait pas répondre tant qu'elle n'était pas revenue à elle. Il sortit de sa poche une potion Eniripsa et la fit boire à la mercière. Priscilla se réveilla. Elle semblait être dans un rêve, avec son amoureux qu'elle aimait tant.

    PRISCILLA - Je ne me souviens plus de ce qui s'est passé...
    TIMOTHÉE - Ma sœur a été tuée et j'ignore comment je suis arrivé ici.
    PRISCILLA - Désolée...

    Timothée prit les ciseaux et les observa.

    TIMOTHÉE - C'est bizarre... On dirait ceux qui l'ont tuée.

    Priscilla reprit alors conscience de ses actes. Il l'avait vue. Mais elle ne se souvenait qu'à moitié de ce meurtre où elle a été possédée. Elle s'empressa de lui reprendre la paire des mains.

    PRISCILLA - Vous... Désolée, disons qu'ils coupent très fort, je ne voudrais pas que quelqu'un se blesse avec.
    TIMOTHÉE - Pourquoi vous l'avez tuée ? Et les autres amies qui étaient avec moi ?
    PRISCILLA - Quelles amies ?
    TIMOTHÉE - Ne faites pas l'innocente !

    Priscilla, très inquiète au début, finit par se fâcher et par approcher les ciseaux doucement du cou du Xélor. Son visage avait changé.

    PRISCILLA - Dommage, je t'aimais beaucoup mon ange... Je pensais qu'on serait faits l'un pour l'autre... Mais j'ai pas le choix. Je peux pas laisser les autres savoir ce que je fais...

    Ses amulettes tombèrent et Timothée vit avec horreur que Priscilla avait des marques démoniaques sur toute sa poitrine. Les marques continuaient d'envahir ses épaules. Il recula. Priscilla asséna un coup au Xélor avant de le poignarder dans la nuque. Elle se mit à pleurer et tomba à genoux.

    PRISCILLA - Qu'est-ce que je viens de faire moi...

    Elle tomba à la renverse sur le dos. Djaul l'avait faite s'évanouir le temps qu'elle oublie ce qu'elle venait de faire, et ainsi lui faire oublier même la notion de son péché.

    À Bonta aussi les têtes tombaient les unes après les autres. Beaucoup de personnes se présentèrent au rôle de trésorier, afin d'espérer d'abaisser les taxes, mais il n'en fut rien, car à chaque fois, on raconta qu'une démone les assassinait chez eux avant de présenter leur candidature finale.

    Erica finit par prendre le poste de trésorière et rejeta toute candidature pour un autre poste du gouvernement. Cette fois, Minuit la tenait. Elle allait provoquer un massacre dans la ville de Bonta. Les Bontariens refusèrent même, de par une grève, d'effectuer les moindres paiements. Minuit semblait très satisfaite. Pour semer la destruction dans le monde des Douze... Rien ne semblait meilleur que cette grève, qui provoqua l'avarice de toute la population, puis leur désarroi lorsqu'ils se rendirent compte qu'Erica avait tout dérobé, toutes les richesses de la nation lui appartenaient. Et il était hors de question qu'elle partage la moindre pièce d'un kama.

    ERICA - Ce n'est pas en provoquant une grève stupide que votre argent n'ira pas avec moi !

    Chaque nuit, la démone de l'avarice revenait, et la population de Bonta commença à décroître. Les meurtres nocturnes s'accumulaient au fil des jours, on dénombra au bout d'une semaine de mandat dictatorial une centaine de morts, soit près de trois meurtres par nuit. Ce qui était énorme. Et cela n'était que le commencement...

    Les marques envahissaient le corps de l'Enutrofette, qui les cachait sous ordre de Minuit afin de ne pas mettre le complot démoniaque à découvert. Enfin, Erica décida d'instaurer une loi qui allait renforcer son pouvoir et ses richesses personnelles.

    ERICA - À partir d'aujourd'hui, chaque jour, vous devrez verser un dixième de vos richesses en kamas purs au château du gouverneur, c'est-à-dire mon château ! Le démon rode, il faut apaiser sa colère, et c'est en donnant cet argent que j'offrirai moi-même à cette créature que Bonta sera sauvée !

    Les Bontariens se mirent alors à la traiter de "grippe-sou", mais Minuit surgit, et effraya tout le peuple.

    MINUIT - Craignez alors ce démon, qui vous dépècera chez vous, femmes et enfants ! Cette nation est sous sa terreur !

    Puis elle lança un sort sur le peuple de Bonta. Et ainsi elle pouvait posséder Erica et lui faire commettre ces meurtres nocturnes, une fois de plus, signés par la démone de l'avarice, et ainsi voler toutes les richesses. Le peuple continua de se plaindre mais continua de garder tout son argent, et à chaque fois, on le lui dérobait. Minuit réfléchit alors : et lorsque Bonta serait devenue pauvre, sans un sou ?

    Erica n'était jamais complètement satisfaite de ses richesses, déjà considérablement nombreuses. Finalement, Minuit la posséda et alla dérober les derniers sous des banques de la nation. Tout était dévalisé, absolument tout.

    ERICA / MINUIT - D'abord les richesses de Bonta, et enfin, celles de tout le Monde des Douze ! Et j'aurai enfin le contrôle absolu !

    Quelques enquêteurs secrets de Bonta réussirent à s'introduire dans la maison d'Erica, où ils découvrirent le corps sans vie de la petite Gladys, antérieurement assassinée par la démone Minuit. Une fois de retour chez elle, Erica trouva la trappe de la cave ouverte. Elle revit le corps de sa petite-fille. Elle ne semblait pas au courant que Minuit l'avait assassinée.

    MINUIT - Cette petite allait tout révéler si on ne se débarrassait pas d'elle tout de suite.

    Erica se retourna. Tuer sa petite-fille à elle, qui avait pris besoin d'elle... Elle ressentit un grand vide.

    ERICA - Attendez quelques jours. Je ne suis pas certaine de tenir encore...
    MINUIT - Ne t'inquiète pas pour ça. Je pourrai amener les remèdes à sa place. Tu n'as pas besoin d'un éventuel obstacle à ta fortune.

    Erica se sentit très mal à l'aise, sa vie sans Gladys, tout allait être différent maintenant... Comment faire sans ses précieux conseils ?

    Elle s'effondra elle aussi, prise à la poitrine. Son cœur semblait fragile. Minuit alla chercher une potion qu'elle fit avaler de force à Erica, puis cette dernière parvint enfin à se redresser sur ses pieds.

    ERICA - Je ne laisserai personne toucher à mes biens les plus précieux... Personne !

    Et sur ce, elle retourna vers son trône, tout en imaginant sa vengeance sur le peuple de Bonta.