• 24 Histoires de maléfices (Esmène / Priscilla / Carolina) (-14)

    C'en était de trop pour Esmène, qui arrivait de moins en moins à se cacher à son mari et à son entourage. Les marques atteignaient son visage et étaient sur tout le reste de son corps. Les gens allaient découvrir qui elle était devenue, et la raison de cette boulimie insatiable.

    Anerice faisait tout pour la calmer, mais cela revenait à faire un cercle vicieux. Aussitôt Anerice contrôlait Esmène, que cette dernière faisait comme si de rien n'était avant de se lamenter de nouveau et de tenter de se cacher. Une boucle infernale, qui tournait sans arrêt, et dont l'issue semblait hors d'atteinte.

    Cette faim allait-elle provoquer sa fin ? Voilà la question que se posait Esmène. Si elle pouvait manger tout ce qui existait dans ce monde, elle devait néanmoins se justifier sans arrêt, sans pouvoir forcément y parvenir. L'histoire du démon dans le village de Brâkmar... Qu'allaient penser tous ces gens ?

    La démone revint dans le village semer la panique et dévaliser les marchés de toute leur nourriture, qu'elle avala d'un seul coup. De son côté, Hugo cherchait une solution pour se débarrasser du démon et pour que sa femme revienne à lui. Puis il réfléchit. Et si Esmène et la démone n'étaient qu'une seule et même personne ? Non, c'était impossible...

    HUGO - Ce n'est quand même pas elle qui pourrait faire du mal au peuple... Je veux dire, ça ne lui ressemble pas !

    Et pourtant, il était loin de se douter que c'était la vérité. Il décida de blesser cette créature du mal pour pouvoir savoir ce qui se passait réellement. Il regarda ses masques, fièrement exposés sur le mur de sa chambre, et en prit un, un masque de pleutre avec des dards en argent.

    La milice Brâkmarienne, finalement atteinte de ce mal de la gourmandise, finit par avertir le noble Zobal pour qu'il puisse atteindre la créature. Il se rendit donc sur les terres de Sidimote, où Esmène sous sa forme démoniaque tentait de tyranniser des aventuriers pour leur voler toute la nourriture. Elle se nourrissait même des nourritures les plus infâmes, n'hésitant pas à croquer dans le carbone des landes pour assouvir son immense appétit.

    Il arriva finalement sur le terrain hostile de Sidimote. La créature de la gourmandise, assise sur une grille, dévorait la chair de plusieurs Patapoutres. Hugo dévisagea la créature, enfila son masque, puis, effrayé aux hurlements d'Esmène, se réfugia vers une muraille. Finalement, il lança quelques dards contre la démone, qui cria de douleur. Avant de retomber sur le sol et de reprendre une forme moins menaçante...

    Celle d'Esmène, sa femme.

    Hugo avait blessé sa propre épouse. Il retira son masque et courut vers elle. C'était trop tard. Les dards d'argent, pleins de poison, avaient déjà atteint le cœur de la disciple d'Osamodas. Il remarqua alors toutes ses marques, y compris sur le visage. Tout était clair maintenant. Et il n'allait plus l'oublier. Il retira les dards du corps d'Esmène, mais en vain, elle ne se réveilla pas. Finalement, un objet lui tomba des mains...

    Le calice de la gourmandise, duquel sortit Anerice.

    HUGO - Qu'est-ce que c'est que cette mascarade ?
    ANERICE - Je n'aurais jamais osé tuer mes propres amants si j'en avais. Voilà comment ton épouse vient de finir. Décédée pour avoir mangé tout ce qu'elle pouvait. Tu sais maintenant que tu as un crime sur la conscience ?

    Le Zobal ne répondit pas. Anerice ouvrit un portail et transporta l'âme d'Esmène qu'elle arracha à son corps. Elle partit avec cet esprit tourmenté, laissant une dépouille à terre. Il avait compris le complot... Mais à quel prix ?

    Celui d'une disciple d'Osamodas.

    Elle n'allait pas être la seule. Priscilla regarda tout ce qu'elle avait amassé. Elle ne semblait pas fière. Quelque chose lui manquait. Timothée, tombé sous un violent coup de paire de ciseaux. Et c'était sa faute à elle, bien sûr. Sa paranoïa l'avait entraînée très loin, elle ne savait plus ce qu'elle faisait, elle avait agi dans la peur.

    PRISCILLA - J'ai été tellement stupide...

    Elle sortit, les larmes aux yeux. Elle avait toujours sa paire de ciseaux entre les mains. Elle les avait nettoyés mais elle avait de nouveau plongé son arme dans le sang de Timothée. Un des seuls souvenirs qui allait lui rester. Le peuple la regarda, puis vit les ciseaux entachés de ce liquide rouge sombre et dont des gouttes se déposaient sur le sol, sur une ligne presque parfaite.

    Ils étaient au courant des assassinats ces derniers jours. Mais ils ignoraient qui était le ou la responsable. Ils avaient peut-être finalement trouvé.

    Priscilla se dirigea vers la boutique de Tati Hacheum afin de racheter du tissu, sans pour autant avoir ce beau sourire qu'elle tenait toujours à chaque fois qu'elle venait ici. Tati ne remarqua que trop tard le sang sur les ciseaux de la tailleuse, puis lorsque le peuple vint la voir, ils se mirent à comploter toute la nuit. Il en ressortit que Priscilla serait finalement punie.

    Cette envieuse allait enfin recevoir une leçon... Qui lui serait fatale.

    Le lendemain matin, Priscilla ressortit, non sans avoir oublié le jeune Timothée. Des aiguilles furent lancées contre elle, elle les esquiva et courut jusqu'au cimetière. Elle fut finalement emmenée jusque dans une cave où elle allait être jugée par le peuple.

    Ceci était comme une sorte de prison où elle devait attendre pour tout ce qu'elle avait commis. Elle regarda ses ciseaux, et les serra tout contre elle. Son visage se tachait de rouge, les ciseaux détinrent. Puis elle eut une idée. Comment se rapprocher de Timothée ? Elle, qui était si envieuse, allait-elle le rejoindre ? Elle grava dans la pierre un message, puis s'asséna plusieurs coups de ciseaux.

    Le lendemain, les mercenaires décidèrent d'aller la chercher pour la juger, sans s'imaginer la surprise à laquelle ils devaient s'attendre... Lorsqu'ils arrivèrent, le sol de la cave était rouge de partout, et un corps gisait à terre, tout taché de rouge, et surtout, cette paire de ciseaux dans la main. Ils tentèrent de la réveiller, sans succès. Puis ils lurent le message sur le mur :

    "Nous vivrons ensemble, au-delà de la mort..."

    Priscilla s'était donc volontairement donnée la mort. Les Eniripsas observèrent sa dépouille, et y décelèrent non pas moins de 13 coups de ciseaux comme un poignard, dont un au cœur. Et impossible de rappeler son âme, dont Djaul s'était déjà emparée.

    Priscilla était donc dans un sommeil éternel... Tout du moins... Son colère.

    Un sommeil éternel qui plongeait aussi sur Sufokia. Carolina n'avait plus rien à craindre, ni personne. XI veillait sur elle, le médicament commençait même à se vendre au-delà du territoire pour des brigands qui avaient trouvé le moyen de voler toutes les richesses du monde, notamment à Bonta. Cela ne dérangeait point la paresseuse Carolina, qui observait juste sa nation, rêveuse, en train de dormir, sans pouvoir se réveiller.

    Puis elle commença à s'ennuyer. Dormir ne semblait plus suffire. Ses rêves devaient apporter quelque chose qui lui était spécial. Elle décida de voyager en dehors de sa nation pour distribuer sa potion miracle. Elle se rendit à Brâkmar, dont les rumeurs commençaient petit à petit à se taire. Les portes du château lui furent ouvertes.

    Depuis la mort d'Esmène, c'était Hugo qui se chargeait de la nation de Brâkmar, et les Eniripsas avaient supplié à ce que Carolina vienne le voir pour l'endormir, sans se douter que ce qu'elle amenait était un poison aussi violent que celui des dards d'argent.

    CAROLINA - J'ai cru comprendre ce qui s'était passé, un démon s'est emparé de votre femme et en voulant le blesser, vous n'avez pas pu la louper ?
    HUGO - On va dire ça, mais je n'en dors plus depuis. Son fantôme vient me hanter chaque nuit.
    CAROLINA - Mon pauvre seigneur... Vous devriez essayer cette potion, ainsi, ce fantôme ne vous fera plus jamais de mal et vous pourrez dormir en paix.

    Alors que le Zobal s'apprêtait à boire la première gorgée de ce poison, les gardes intervinrent.

    Une jeune fille, habillée de blanc, aux cheveux bleus clairs et avec une aura lumineuse apparut. C'était Astérine, la petite protégée de Jiva, la protectrice de Javian, qui s'étaient conclues un pacte pour éradiquer les péchés capitaux. Au départ Astérine venait pour Esmène, mais Jiva reconnut Carolina, la pécheuse de la paresse.

    Jiva prit possession de la jeune Ecaflipette, qui commença à léviter, et s'empara alors de la lance de glace de la protectrice.

    ASTERINE / JIVA - Ne buvez pas ce poison ! Cette fille est elle aussi, une démone ! Regardez son âme dans ses yeux ! Elle n'est qu'une paresseuse, elle a empoisonné toute sa nation pour assouvir sa faim de paix !

    Carolina se retourna. Elle ne se débattit pas. La paresse n'était pas cela. XI prit possession du corps de Carolina, qui révèle sa forme démoniaque, comme cette fois sur la plage devant le gouverneur des Riktus.

    HUGO - Que se passe-t-il à la fin ? D'abord Esmène, maintenant, cette fillette ?

    Carolina le visa de haut.

    CAROLINA / XI - Tu sais que tu t'adresses à la souveraine de Sufokia en personne. Si tu veux vraiment te débarrasser de ta conscience, bois cette potion. Tu rejoindras sans aucun mal, sans aucune goutte de sang qui coulera, ta femme. Quoique...

    Jiva contrôla alors Astérine, qui leva sa lance de glace, et en toucha le dos de Carolina. Le pouvoir de purification et de la glace de Javian affecta profondément la fille infernale, qui revint alors sous sa forme humanoïde, avant de tomber sur le sol. Blessée, elle se releva, mais Jiva sortit et toucha de son index le cœur de Carolina, en le congelant.

    JIVA - Paresseuse, la glace te fera dormir tout le temps que tu voudras. Mais personne ne saura te le décongeler.

    XI sortit alors, elle semblait indignée, mais se calma. Elle n'était pas du genre à se battre.

    XI - Jiva, arrête donc de semer la zizanie chez nous. Tu cherches à te débarrasser de nous sans savoir nos véritables intentions. Tu viens de battre cette pauvre petite fille qui ne désirait que la paix dans le monde. Je n'en dirai pas plus.

    Sur ce, elle emmena l'âme de Carolina et s'évapora avec elle, dans le temps filant...

    Hugo ne comprenait rien. Il lâcha le flacon de potion qui se brisa en mille morceaux. Plus jamais on n'allait parler de ce remède empoisonné. Quant à Astérine, elle s'était déjà enfuie, en s'excusant. Jiva partit elle aussi.

    Ainsi se termina le chapitre de 5 des filles infernales. Pour Florie et Erica, qu'allait-il se passer ?