• Magie et enfants illégitimes

    Les trois textes intégraux étudiés ici datent d'entre les années 1980 et 1990, d'auteurs contemporains britanniques. Ils traitent tous de la sorcellerie et de la magie de générations en générations. Bien que ces idées ne soient pas exactement les mêmes, elles renvoient toutes sur le même fond.
    Deux des textes du corpus se suivent l'un l'autre, il s'agit de L'Île du Crâne et de Maudit Graal d'Anthony Horowitz, présentant les aventures d'un sorcier du nom de David Eliot. L'autre livre, La Huitième Fille, de Terry Pratchett traite d'une jeune mage qui a été un peu initiée à l'art de la sorcellerie qui se nomme Eskarina Lefèvre.

    Quels sont les différents types de la magie, leurs points communs, leurs différences? Comment est représentée la légende des générations dans ces trois sujets d'étude? Donnez des exemples précis à partir des sujets entiers.

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    I - Les différents types de magie
    a) La magie de mage
    b) La sorcellerie
    II - La légende des générations illégitimes
    a) Des chiffres spécifiques
    b) Spécificités de la légende

    I - Les différents types de magie

    Il existe différents types de magie que l'on peut voir dans les livres. Ils se représentent d'abord en classes, puis en sous-classes selon le type de magie utilisé. Le plus communément, on distingue deux types de magie : la magie blanche et la magie noire. Il n'est pas vraiment question de cette distinction dans aucun des textes : chez ceux d'Horowitz, la magie est plus de la magie noire (ex : vaudou, une question de comment redéclencher la Grande Peste avec des ingrédients de supermarché...) et chez Pratchett, la magie semble plus neutre que vraiment dans le but du bien ou du mal, de plus, elle est menacée par les Choses. Il existe bien entendu la "magie des charlatans", que de nos jours nous appellerions "l'illusionnisme" que l'on voit dans les cirques ou lors des spectacles de prestidigitation.

    a) La magie de mage

    Cette magie n'apparaît que dans l’œuvre de Pratchett. Il n'en est pas question chez Horowitz. Elle est décrite comme "une magie du ciel" (à l'opposition de la sorcellerie qui est elle "une magie de la terre", opposition monde terrestre et cosmos de l'espace). Elle se transmet aussi à l'aide d'un bourdon qui a sa magie liée au mage qui le détient. Aussi la magie ne se transmet pas par hasard. Les croyances au départ du livre sont cependant connues qu'à la moitié de la réalité.
    Selon la croyance des gens du Disque-Monde, les huitièmes fils de huitièmes fils devenaient des mages et les filles qui maîtrisaient la magie devenaient des sorcières. Il apparaît donc un cliché de la société, encore exploitable dans les pays actuels de nos jours, où les femmes sont méprisées sur le rôle de mage (dans le livre, dans les pays de nos jours, il serait plus tendancieux de dire que les femmes sont vraiment mises sous la tutelle des hommes). Seulement, il s'avère que grâce à un cas particulier, les huitièmes filles de huitièmes fils peuvent aussi devenir des mages. Au sujet du cliché, les filles sont prises à la limite pour des imbéciles ("Elle comprendra jamais.").
    La magie de mage peut être dangereuse et puissante : mais elle est plus constituée de mathématiques que de biologie comme dans la sorcellerie. ("la magie de mage, ce n'est que livres, étoiles et jométrie." [jométrie serait un terme vieilli pour "géométrie"] Dans la magie de mage, on peut ranger la transformation d'un être en animal ("Ce cochon, dit Mémé Ciredutemps, c'est ton fils."). Les mages savent faire des Emprunts s'ils apprennent la sorcellerie. (à ne pas confondre avec l'hypnose de l'esprit) Pour étudier la magie de mage, il faut aller à l'Université Invisible. Il n'est pas dit dans le livre combien de temps y restent les élèves, mais ils y vont assez tôt. On ne peut y accéder qu'en trouvant les portes à certains endroits et il faut être capable d'en percevoir les entrées.

    b) La sorcellerie

    La sorcellerie est présente dans les trois sujets, aussi bien les textes de Pratchett que d'Horowitz. Chez Pratchett, la sorcellerie est "une magie de la terre" où il faut tout d'abord apprendre aussi le nom des plantes. On revient à une ancienne idée, celle des potions, que concoctent les sorcières. Seulement, à la différence des idéologies occidentales, ces potions sont plutôt d'effets bénéfiques comme guérir des maux des intestins que plutôt de changer en crapaud les gens qui la boivent. Les sorcières peuvent aussi faire des Emprunts, emprunter donc le corps d'un animal (une chouette avec Esméralda, un aigle avec Eskarina (Emprunt qui se passe mal au final, au point où la fillette ne se souvenait plus de son nom à un moment)).
    Chez Horowitz, la sorcellerie prend un visage plus sombre. Elle est plus désignée comme de la magie noire, et serait alors le seul type de magie ensorcelante qui existe. Pour la maîtriser, les élèves portent "un anneau d'or avec une pierre noire sertie sur le dessus". La couleur de la pierre fait référence à ce sombre côté de la magie des sorciers. D'ailleurs, chez Pratchett, il est notable que dans l'idéologie des gens il n'existe que des sorcières femmes et jamais des sorciers hommes (sauf charlatans) alors que chez Horowitz, les sorciers n'ont pas de sexe déterministe particulier. Seulement le nom des sorciers dans leur école, Groosham Grange, est en fait une reprise de sorciers connus : on y apprend ainsi que William Rufus, Bessie Dunlop ou Roger Bacon (noms qu'ont pris trois élèves) étaient en réalité de puissants sorciers. Cette reprise est vue comme une marque de respect.
    Dans Pratchett, il ne semble pas exister d'école de sorcellerie. Ici, c'est Esméralda qui apprend à Eskarina l'art de la sorcellerie, ou tout du moins ses rudiments.


    II - La légende des générations illégitimes

    La légende du septième enfant du septième enfant (pour généraliser) existe déjà dans les croyances mondiales, mais elle est vue péjorativement. Ainsi pour certains, si un enfant est le septième fils du septième fils, la septième fille de la septième fille, les parents devaient craindre qu'il ne se réincarne en âme déchue. Or, dans les textes du corpus, certes, on peut parler de ces vampires, mais pas dans le même sens. Ici, le sens du "septième enfant du septième enfant", ou "enfant illégitime" rime avec magie tout court, et ce dans les trois livres.

    a) Des chiffres spécifiques

    Il peut être bizarre de voir que dans Pratchett, c'est le chiffre "8" qui est utilisé mais qu'Horowitz utilise le chiffre "7". Pourquoi utiliser ces chiffres-là en particulier?
    En réalité, si l'on devait comparer entre les croyances mondiales et les œuvres, ce serait le chiffre "7" qui reviendrait. Il est, dans les coïncidences physiques, historiques et mathématiques, une espèce de chiffre magique. On retrouve aussi ce chiffre avec le nombre de têtes de l'Hydre de Lerne, ou bien encore les nains de Blanche Neige voire le nombre de têtes de la Bête l'Apocalypse dans les croyances populaires... Dans les livres d'Horowitz, le septième fils du septième fils ou la septième fille de la septième fille est un être pouvant utiliser la magie mais ce pouvoir n'est en aucun cas héréditaire. Il n'arrive que lors de ces coïncidences dans ces familles nombreuses. Mais surtout, le chiffre 7 désigne aussi le nombre de pêchés capitaux, mal vus par l’Église. Coïncidence de plus car l'on sait que dans Maudit Graal, Groosham Grange est mal vue (Les élèves y apprennent "la magie noire, la sorcellerie, les sortilèges", que c'est "illégal", on y enseigne "les sciences occultes", "Groosham Grange enseigne aux enfants à maîtriser leurs pouvoirs. Maîtriser le temps, faire apparaître des esprits malfaisants, ensorceler les gens, prédire l'avenir... et le changer. C'est une école du diable, un collège de l'horreur.") et maudite aussi par l'église car peut être détruite par l'ombre de la cathédrale de Canterbury ("Porte le Graal Maudit dans l'ombre de Saint Augustin (où quatre chevaliers occirent un saint homme) et Groosham Grange tombera en poussière."). Il y a donc un scission entre l'école et l’Église, qui considère aussi le chiffre "7" comme malfaisant.
    Cependant, ce n'est pas le "7" qui intéresse Pratchett, mais le "8". C'est lui aussi un chiffre magique, comme le "7". Pratchett a souvent utilisé ce nom dans le nom de ses trois premiers livres du Disque-Monde, dont La Huitième Fille (qui est le troisième opus, indépendant des deux autres). Il utilise aussi une couleur dont on fait mention une fois dans le sujet, l'octarine, une couleur que seuls les mages et les sorcières peuvent percevoir. Cependant, au niveau de ce nombre, la pensée de malfaisance n'est pas présente : pour certains, ce chiffre est celui de l'infini.


    b) Spécificités de la légende

    Il faut constater plusieurs différences entre les "septièmes fils de septième fils" et "septièmes filles de septième fille" d'Horowitz et "les huitièmes fils de huitième fils" et comme vu dans le livre, "huitième fille du huitième fils" de Pratchett. Pour commencer, Horowitz ne fait pas de mélange de sexe dans la légende. Il n'est spécifié que les sorciers ne sont que les septièmes fils du septième fils et les septièmes filles de la septième fille. On n'a pas de mélange du type "septième fille du septième fils" ou "septième fils de la septième fille". Cependant, au niveau de ces générations, il est possible que les membres fraternels du sorcier soient frères ou sœurs, voire les deux. Mais ils ne sont pas concernés par la magie de toute manière. Alors que chez Pratchett, même si Gordo, le père d'Eskarina, est assez surpris (et très déçu au départ) que son huitième enfant soit une fille, il s'avère donc que l'auteur fasse un mélange contrairement à Horowitz.
    Dans les deux cas, ces cas-types d'enfants sont donc bien liés à la magie, même s'ils ne sont pas vraiment vus de la même manière par les deux auteurs.

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    La magie est liée à deux nombres spécifiques : le "7" (chez Horowitz) et le "8" (chez Pratchett), tous deux "nombres magiques". Ils sont utilisés dans la légende des générations et plus particulièrement des enfants pratiquant la magie, qu'ils soient mages ou sorciers. Il y a cependant une confusion où le rôle de mage est absent des livres d'Horowitz et que les magies de la sorcellerie ne sont pas vues du même point de vue : chez Pratchett, la sorcellerie est exercée par des femmes à qui l'on doit un profond respect, et est vue comme une "magie de la terre" et est de caractère plus neutre voire bienfaisant, alors que chez Horowitz, elle a un côté plus ténébreux comme la "magie noire", contraire de la magie blanche. Ces chiffres sont donc très utilisés chez les auteurs respectifs les utilisant et la légende de ces "enfants illégitimes" possédant des pouvoirs existe aussi dans les croyances populaires, avec un côté aussi sombre que celui que désigne Horowitz.

    SOURCES

    1) Corpus
    La Huitième Fille, Terry Pratchett (1987)
    L'Île du Crâne, Anthony Horowitz (1991)
    Maudit Graal, Anthony Horowitz (1993)

    2) Aides
    Wikipédia (pour les chiffres)
    Vampires, le guide
    Et expériences personnelles