• Histoire : Les 7 Infernales (-16)

    Les 7 Infernales sont 7 femmes possédées par 7 démons de la Shukrute différents, voulant les éloigner des divinités et les inviter dans leur royaume à jamais à leur désincarnation.

    (Légende :

    PECHE DEMON

    Personnage de la fiction (Personnage du MMO))

    Œuvre totalement fictive.

    Code couleur :

    Commun

    Luxure
    Avarice
    Paresse
    Colère
    Orgueil
    Gourmandise
    Envie

    Personnages

    Luxure OMBRAGE

    Maîtresse Tori Regina de Luxunia (Tokina Japona)
    Alexandra (Alkaia)
    Claire (Clymené)

    Paresse XI

    Carolina de Acedina (Carla la Jongleuse)

    Avarice MINUIT

    Erica de Avara (Eriobea)
    Gladys de Avara, née "Nira" (Glauké)

    Colère RUSHU

    Nathalie de Iria (Nina l'Acrobate)

    Orgueil IV

    Florie de Superbira (Flora la Magicienne)

    Gourmandise ANERICE

    Esmène de Gulia (Eskarina)
    Hugo (Hush)

    Envie DJAUL

    Priscilla Invitra (Prisca la Dompteuse)

    Autre

    Astérine (Asteria)

    Œuvre soumise à la licence Creative Commons Attribution Share-Alike 4.0.
    Idem pour les images.

    Pour toute demande sur cette œuvre, classée comme "linéaire mixte", merci de ne pas vous adresser via mes chans personnels.

  • Il était une fois...

    Il y a très longtemps, furent forgées dans le fer aux forges de la Shukrute par des démons qui voulaient sans cesse détruire tout ce qu'il y avait sur leur passage, 7 petits objets qui leur serviraient. Ils ont décidé de leur donner un nom, un pouvoir et une malédiction.

    Chaque objet serait attribué à un démon, au hasard.

    Le premier objet était une sorte de dague. La démone aux cinq éléments nommée Ombrage y fut liée. Ombrage était une dame d'honneur qui avait comme pouvoir d'absorber les âmes. Mais son pouvoir était bien plus immense, en séduisant la personne qui l'approcherait. Toute personne ayant cette dague serait pris d'envies incontrôlées à chasser chaque personne qui croiserait le regard de l'hôte.

    Le deuxième objet était une pièce. Mais pas n'importe laquelle. Une pièce liée à la démone Minuit. Elle aurait alors le pouvoir de rendre son hôte assoiffé de richesses, tout en lui transmettant la phobie de la perte de ses biens les plus précieux.

    Le troisième objet était une sorte de petite clé, comme pour remonter un mécanisme. Attribué à XI, la démone de la onzième heure, elle permettrait à son hôte de pouvoir dormir aisément et de ne plus respecter les marges que l'on donnait. Tout devait prendre son temps...

    Le quatrième objet était un couteau, plus long que la dague fabriquée auparavant, et donnant à son hôte une rage de vaincre, de détruire et de se venger. Elle fut liée au grand seigneur Rushu, furieux de constater que Sacrieur lui avait volé sa place de dieu qu'il convoitait tant.

    Le cinquième objet était un miroir avec un verre particulier, donnant l'image idéalisée à son hôte, et en augmentant son égoisme et son estime de soi, même un peu trop. Il fut lié à IV, et l'on ignore encore la raison. Le hasard fait-il bien les choses ?

    Le sixième objet est un calice, tout de fer forgé, avec des scènes de banquet gravées. La boisson que ce verre contiendrait rendrait son hôte envieux de toute gourmandise ou quelque repas et provoquerait une boulimie sévère chez les autres personnes qui s'abreuveraient de ce breuvage sans être pour autant possédés. On lia le calice à Anerice.

    Enfin le septième et dernier objet fut une paire de ciseaux, avec aussi de beaux motifs, lié à Djaul, envieux du mois de Javian protégé par Solar puis par Jiva. Les ciseaux provoqueraient chez l'hôte une jalousie maladive dérivant à une très forte envie, qu'importent les conséquences.

    Puis, ces objets tombèrent dans le monde des Douze, et furent ramassés chacun par sept femmes.

    Une jeune disciple de Sram ramassa la dague.
    Une vieille Enutrofette s'empara de la pièce de métal.
    Une petite Sadidette récupéra la clé.
    Une Sacrieuse s'empara du couteau.
    Une autre Sadidette, très jolie, prit le miroir.
    Une première Osamodette, mature, ramassa le calice.
    Et la seconde Osamodette, plus jeune, prit possession des ciseaux.

    Et c'est à partir de ce moment que les liens furent scellés. Ces sept femmes, qui ne se connaissent pourtant pas, vont avoir un point commun.

    La condamnation éternelle du péché à la Shukrute.


  • Chaque démon allait contacter sa nouvelle "hôte" qui avait ramassé son objet de damnation. Encore fallait-il un moyen...

    La première démone (car c'était une démone, oui) à contacter son hôte était Anerice. Son calice fut entre les mains d'une noble native de Mâcheville, Esmène de Gulia. Esmène s'était trouvée un homme, dont elle a fait aussi son serviteur, Hugo. Tous deux ne vouaient pas les mêmes cultes. Esmène avait une petite manie néanmoins, assez particulière, qui allait dans le sens du péché nommé "numéro 6", et qui allait être déformé. Depuis les deux personnes continuent à résider dans Mâcheville. Esmène avait des yeux bleus comme les saphirs que l'on pouvait trouver à Katrepat par exemple. Comme dit précédemment, elle était un peu maniaque sur les bords et ne demandait que de la nourriture de première qualité, notamment quelques plats et couverts du village d'Emelka, situé sur le continent d'Amakna, pour être importé à celui de Brâkmar par le port de Mâcheville. Elle dévorait tout jusqu'à la dernière miette et s'assurait de la fraîcheur du produit. Sinon on pouvait entendre ses cris de dégoût.

    ESMÈNE - Jetez-moi donc tout ça, c'est infect ! Même les rats du village rechigneraient à se délecter de telle pourriture !

    Et à son cher majordome (qui lui servait de mari) de débarrasser le couvert.

    ESMÈNE - Ce repas peut arriver à sa conclusion maintenant. Vous ne croyez quand même pas que j'allais me salir les mains en relavant les assiettes ?

    Ainsi c'était son mari qui était de corvée de vaisselle. Mais en ce jour, Esmène avait trouvé ce calice avec les scènes de banquet gravées dessus. Qui aurait pu lui offrir une telle merveille ? Elle se le demandait encore. Elle le regarda avec attention, le posa sur la table, observa les détails... Puis, elle sentit une vibration provenant de la table. Elle remarqua que c'était le calice qui bougeait. Elle entendit une voix, suave et élégante, sortir du calice.

    ANERICE - Je sais maintenant pourquoi je suis tombée sur toi... Oui, je sais, ces plats sont un délice. Mais tu la joues petit jeu à mon goût.
    ESMÈNE - Comment...
    ANERICE - Tu pourrais avaler bien plus que cela. Combien de banquets servis, de plats cuisinés avec délicate attention tu pourrais manger. Aller au-delà des limites des simples mortels. Ne penses-tu pas mériter mieux que le simple sort de mortalité ?
    ESMÈNE - Je... Que voulez-vous exactement ?
    ANERICE - Te sortir de ton pétrin.

    Esmène réfléchit : ne plus être une simple mortelle et dépasser ses limites... Tous ces plats si appétissants, qu'elle s'en gaverait jusqu'à la moelle de l'os, mais qu'elle ne pouvait pas tout avaler de peur d'une crevaison d'estomac. Une faim insatiable. Finalement, Esmène accepta la proposition et conclut ainsi le premier pacte infernal : celui de la gourmandise.

    Ainsi au repas suivant, son majordome lui servant de mari lui annonça les nouvelles cargaisons arrivant au port de Mâcheville pour 19h30.

    HUGO - Ils ramènent quelques anchois à l'huile, des Shushus à la crème, des Coques de Smare, des soupes de poisson et des bières artisanales. Ainsi que quelques pots d'eau.
    ESMÈNE - Parfait, tout sera pour ce soir !
    HUGO - Vous ne pensez pas que...
    ESMÈNE - Je dis bien, tout ! Amenez des cargaisons de quatre centaines de litres de bière s'il le faut pour faire digérer ce que je dois avaler, mais je dévorerai tout ce que l'on m'amènera !

    Le pauvre Hugo ne sut même pas s'il devait craindre ou être rassuré. L'appétit que possédait Esmène semblait s'être considérablement augmenté, et il espérait que la maladie ne l'atteigne pas.

    Plus au Nord, régnait le bourg des Katrepat. Le château était gardé par une certaine Tori, noble elle aussi, mais sans mari. On l'appelait son altesse "maîtresse Tori Regina de Luxunia". C'est elle qui avait ramassé la dague.

    Dans son enfance, Tori avait été insultée, rabaissée sans cesse par tout le monde. Elle ne pouvait même pas se venger. Se sentant délaissée, elle décida de s'isoler. Ses pires rivales étaient une disciple de Crâ, Alexandra, et une autre disciple d'Osamodas, Claire. Les deux pestes de l'école.

    Tout allait changer avec la dague d'Ombrage. Elle récupéra la bague, laissée dans un coffre de Katrepat, en attendant d'être reprise par son maître.

    Une nuit, la dague lévita, entourée d'un léger halo pourpré. Tori fut éveillée et attirée par la ténébreuse lumière qui émanait de son trésor. Une voix résonna dans toute la chambre. La pauvre Tori qui était alors dans une petite nuisette de basse noblesse, allait devenir habillée d'une robe les plus séduisantes en accord avec le péché auquel elle allait être liée.

    Ombrage lui demanda alors ce qu'il se passait et pourquoi depuis tant de temps elle restait isolée. Tori lui raconta tout depuis le début. Elle confia tous ses maux d'enfance, jusqu'à ce qu'Ombrage lui proposa de tout recommencer de néant.

    S'il était possible de revenir en arrière, et de venger son honneur... Quelle opportunité pour Tori ! Directement, Tori lia son pacte avec Ombrage et forma alors le second pacte infernal : la luxure.

    Tori fut prise d'une envie de vengeance. Tout le monde, qui la haïssait, qui la délaissait, allait finir dans son château, jusqu'au rapport final, et même au-delà. Car pour faire grandir le pouvoir de la luxure, il fallait bien en abuser encore et encore, autant de fois qu'il serait possible.

    Et les premières victimes seraient Alexandra et Claire, qui étaient au centre de l'île, contrairement à la damnée Sramette qui logeait au Nord. La luxure permettait à Tori de pouvoir changer sa forme et de lui donner les ailes du désir, deux grandes ailes noires comme celles d'une chauffe-souris pour aller chercher ses victimes et les ramener au logis. Aussitôt fait alors que Tori arriva au logement des deux pestes d'antan. Tori leur déposa une fleur, rouge sombre, virant même au violet, avec un mot indiqué dessus :

    "Vous êtes cordialement l'invitée de mon château. Rendez-vous à 23h50 devant la porte du château de Wagnar pour un bal privé commençant à minuit. Venez seule, vous ne le regretterez point."

    Le tout avec une gorgée de parfum destinée à faire tourner la tête aux simples mortels, dont Tori ne faisait désormais plus partie. Les deux pestes furent alors attirées et lurent le mot, s'évanouissant à moitié dans les ailes de la noble dame de la luxure. Cette dernière s'envola avec ses deux petites protégées... Qui allaient rester bien plus qu'une nuit dans ce château hôte d'un des péchés nommés par les Shushus.


  • Ce miroir ferait des envieux, mais pourtant il n'en provoque pas le péché. La fille l'ayant ramassé était assez jeune et devait se charger d'Emelka. C'était le royaume que la gourmande Esmène convoitait pour sa nourriture. Peu importe pour Florie, la nouvelle propriétaire du miroir. Seule depuis quelques années à devoir gouverner son peuple, elle pensa alors qu'elle devait soumettre tout le monde et asseoir définitivement son autorité.

    La démone IV, cachée dans le miroir, avait bien compris les desseins de la jeune fille, et commença à lui parler le soir même de sa trouvaille. Voyant envers les pouvoirs du miroir une opportunité de devenir la plus puissante souveraine d'Emelka, et, pourquoi pas, de tout Amakna, Florie accepta directement le troisième pacte infernal, l'orgueil.

    Il y eut alors une sorte de déclic dans la tête de la jeune disciple de Sadida. Vêtue de sa plus superbe robe jaune, elle apparut au balcon de son château d'honneur pour s'adresser au peuple.

    FLORIE - Mon cher peuple, dès aujourd'hui, les choses vont changer de façon irréversible ! Si vous souhaitez que nous devenions la plus parfaite des nations, il va falloir se battre ! Nous ne laisserons aucun obstacle obstruer notre route, nul ne mettra en échec nos planifications ! En ce jour, le royaume d'Emelka que je conduis avec grâce, deviendra le suprême ! Le colossal ! Le majestueux ! Le plus puissant royaume du monde des Douze !

    Malheur arriva à ceux qui souhaitaient s'opposer à Florie, qui tapa alors du pied à la moindre remarque.

    FLORIE - Gardes ! Emmenez-les donc dans la tour de pénitence, le temps de leur trouver une sentence ! Pire que les impôts, il y a le bûcher et le tranchage de tête !

    Florie aimait se vanter, et son miroir le lui donnait encore plus envie, lui donnait plus confiance en elle. Aucun doute, elle allait asseoir son pouvoir sur tout son royaume, une bonne fois pour toutes. Les gardes lui obéissaient comme des petits chienchiens et la grande partie du peuple la craignait et n'osait pas la défier, ni la regarder de trop haut, sous peine de voir leur tête découpée par les lames des bourreaux.

    Une fois son discours terminé, la jeune adolescente rentra dans ses appartements et en un claquement de doigts, fit parvenir à elle nombres de femmes de chambre prêtes à la recoiffer et à la rendre plus sublime que jamais. Aucun doute sur le fait qu'être une jeune noble signifiait de même être présentable.

    FLORIE - De toute façon, il y aura toujours des gens qui ne comprendront rien à rien. Et bien tant pis pour eux. Qu'importe mon sort s'ils se font le retrait d'une pauvre tête, cela leur évitera de sortir quelconque bêtise !

    Elle éclata de rire. La pendule sonna et Florie comprit qu'il était l'heure de souper.

    Alors que chez d'autres il était l'heure de dormir. La plus jeune des futures infernales, Carolina, noble de la nation de Sufokia, possédait dès à présent une petite clé. On pourrait la rentrer dans un jouet, la remonter, et regarder la beauté du mouvement, peut-être pourquoi pas avec une petite musique... Mais oui, et si c'était une clé d'une boîte à musique ? Ce qu'ignorait la petite Carolina, c'était que cette clé était aussi responsable d'un autre péché, et encore moins qu'elle était liée à une démone. Une démone des heures, plutôt d'attitude tranquille voire à la limite de la fainéantise : la démone XI. Elle était avec IV et Minuit une des trois démones des heures à avoir un péché associé. C'est alors à une nuit de sommeil que XI se manifesta. Et tant pis s'il était onze heures... Du soir !

    Carolina dormait plus que la normale. Pour elle, le sommeil était la chose la plus sacrée qu'il pouvait exister, aussi bien que l'amour pour Tori ou la nourriture pour Esmène, ou bien encore la justice pour Nathalie. XI eut alors une idée pour appâter l'adorable petit angelot qu'elle était : s'intégrer dans ses songes et lui faire signer le quatrième pacte infernal.

    Aussitôt pensé aussitôt fait, Carolina était dans un rêve sucré, son petit jardin secret qu'elle aimait tant retrouver et se réfugier. Car même si Sufokia était une cité calme, il arrivait quelques disputes... Pour les fuir, il lui fallait dormir le plus longtemps que possible jusqu'à ce que tout soit passé. Cette fois, ce jardin secret allait être pénétré par XI qui l'interpella.

    XI - Viens petite, n'aie pas peur.
    CAROLINA - Qui êtes-vous ?
    XI - Tu me connais sans doute sous le nom de la onzième heure.
    CAROLINA - C'est... C'est impossible !

    Alors la démone XI lui expliqua l'histoire de la petite clé. Et elle proposa un marché à Carolina. En l'échange de pouvoir faire partager le sommeil et la paresse à tous ses ennemis, tous ceux qui osaient rompre la tranquillité de Sufokia, elle la laisserait prendre son contrôle. Carolina accepta, lassée de constater la colère de plusieurs gens.

    Soudain, le rêve prit fin. Carolina se souvenait de tout. Était-ce bien réel ? Ou bien juste un rêve ? Rien n'en était moins sûr. Aussitôt elle reprit sa petite clé et la regarda. Pouvait-elle vraiment étendre sa paresse à tout le monde ? Le quatrième pacte infernal ? En revanche, Carolina ne se souvenait pas de la boîte à musique au pied de son lit. Curieuse, elle la ramassa et l'ouvrit. Elle y trouva alors des flacons d'encens et un pipeau. La voix de la démone XI résonna dans sa tête et lui expliqua tout.

    XI - Tu seras bien entendue immunisée de par notre marché. Grâce ce pipeau tu pourras diriger les fumées d'encens sur ceux que tu considèreras comme trop énervés et ils iront dormir que plutôt aller se disputer. L'encens agit sur leur corps, le son du pipeau sur leur esprit. C'est à toi de jouer, maîtresse de l'acédie.

    Carolina sourit. Pouvoir gouverner tout Sufokia juste à l'aide d'encens et d'un son d'instrument... Quel bonheur. Mais la petite fut trop fatiguée pour commencer et reposa son pipeau et son attirail dans la boîte, la ferma avec sa clé et garda son trésor sous son oreiller, pour s'assurer de passer une excellente nuit...


  • Cette nuit n'allait pas être de tout repos pour Tori. Ni pour les petites Alexandra et Claire qu'elles a capturées. Le pouvoir de la luxure commençait à s'éveiller en Tori, qui alla voir ses deux protégées.

    TORI - Mes pauvres petites, finir dans un malheureux logis de Katrepat à votre âge. Moi, j'ai un château où je vous hébergerai. Prenez juste soin de moi et de mon corps et vos souhaits seront exaucés.

    Tori emmena Alexandra et Claire dans une chambre spéciale pour leur enfiler des habits d’apparat extrêmement légers. Il était l'heure de réveiller encore plus le pouvoir de la dague du premier pacte.

    TORI - Nous allons enfin commencer, obéissez à mon âme...

    Tori n'avait presque plus rien d'humain. Elle emmena alors Alexandra, la première à être prête, dans sa chambre pour enfin commencer ce qui allait être une sorte d'acte de luxure.

    TORI - Plus de retour à ta vie d'avant ma petite. Maintenant tu es dans mes bras, tout contre moi, chaude...

    Elle la dévora de baisers et commença à se repaître de cette petite Crâtte regorgeant d'énergie.

    Autre nuit agitée, par le son de quelques pièces trébuchant sur le sol. Une vieille femme avec sa petite fille qui ramassait les sacs. Erica de Avara tendait devant elle la pièce de métal qu'elle avait ramassée, sous les yeux émerveillés de sa petite-fille Gladys.

    GLADYS - Mémé, où as-tu trouvé telle merveille ?
    ERICA - Dans le jardin. Elle est tombée du ciel. C'est un cadeau divin !

    Erica aimait amasser et surtout garder les trésors, comme toute bonne disciple d'Enutrof qui se respecte. Gladys était quant à elle disciple d'Eniripsa, notamment pour soigner les maux de dos et d'articulations de son aînée. C'était une petite fille sucrée, blonde, adorable.

    GLADYS - Besoin d'un petit sirop ?
    ERICA - Je veux bien, merci.

    Gladys était une véritable Bontarienne de bon cœur. Erica en avant un d'or, sauf lorsqu'il s'agissait de quelqu'un qui voulait voler ses richesses. Et ce qu'elle ignorait, c'était que Minuit était dans cette pièce qu'elle tenait avec fierté. Cette dernière profita de l'absence de la petite Eniripsa pour parler alors à l'Enutrofette.

    MINUIT - Disciple d'Enutrof, attirée par les richesses, l'argent et le pouvoir...
    ERICA - Qui êtes-vous ? Êtes-vous venue pour me voler ? Sinon, passez votre chemin !
    MINUIT - Pas du tout, je te propose même d'augmenter tes richesses encore et encore...

    Erica accepta directement et signa le cinquième pacte infernal : l'avarice. En étant avaricieuse, elle aurait encore plus d'or, beaucoup plus que l'on ne pourrait l'imaginer, et pourquoi pas, le pouvoir qui allait avec. Car comme on le savait bien : "le riche est le puissant ; le pauvre est l'esclave".

    Gladys revint, et dès lors, Erica lui apparut plus mielleuse que d'habitude. Elle lui donna son sirop, et Erica se dirigea vers la chambre de la petite Gladys, pour y prendre tous ses bijoux.

    GLADYS - Mémé, que faites-vous ?
    ERICA - Je veux tout protéger des éventuels voleurs, on ne sait jamais ce qui arrive. Un accident est si vite arrivé...

    Le doute s'infiltra dans l'esprit de la petite Gladys, sa grand-mère semblait avoir changé. Mais elle ne savait pas qui était derrière. Minuit. C'était elle qui manipulait sa grand-mère. Et elle allait être victime et témoin d'un des pires péchés, si ce n'est pas le pire...


  • Autre péché qui s'était réveillé : celui de l'envie. Pire que la jalousie. Le niveau supérieur. Les ciseaux étaient tombés dans l'eau et ramassés par une jeune couturière Astrubéenne, la seule infernale du peuple, bourgeoise mais pas noble. Priscilla voyait ces ciseaux comme un cadeau à son bon travail. Couper des rubans, emballer, coudre, et encore découper quelques petites choses, elle prenait son travail à cœur. Mais Priscilla était légèrement "colère" (et moins que d'autres), elle rêvait de tellement de choses, qu'elle ne pourrait malheureusement jamais avoir !

    Le démon dans les ciseaux était bien au courant de ces malheurs. Et il allait la réveiller un peu. Déclencher ses instincts et pouvoir se protéger. Ce fut lors d'une séance de travail avec un gros ouvrage que Priscilla fit connaissance de Djaul, le démon caché dans les ciseaux. Il lui raconta son histoire et lui proposa d'assouvir sa vengeance avec lui. Priscilla fut prise de quelques doutes mais finit par accepter.

    Le lendemain, l'ouvrage n'était pas encore terminé et Priscilla s'était rendue compte qu'elle n'avait plus assez de certaines fournitures, aussi décida-t-elle de les acheter dans les différentes échoppes d'Astrub. Elle se rendit notamment chez Tati Hacheum, une Ecaflipette au pelage blanc pour se procurer son tissu.

    Ce à quoi ne s'attendait pas l'Osamodette c'était ce jeune Xélor en train de travailler sur des fils, au métal bleuté et aux bandelettes brunes. Elle tomba immédiatement sous le charme, mais dut se résoudre à rentrer à son logis pour terminer ce qu'elle avait commencé hier.

    Dans l'après-midi, à quinze heures tapantes, Priscilla ressortir de nouveau pour aller redonner son travail enfin fini. Elle revit alors le jeune Xélor... Mais cette fois, il n'était pas seul. Une jolie Eniripsa habillée d'orange et aux cheveux roux comme le bronze l'accompagnait.

    PRISCILLA - Si tu penses pouvoir me tromper... Tu te trompes... Le jour où elle viendra me voir, je te ferai mien ! Tu ne mérites que moi ! Qu'est-ce que tu lui trouves ?

    La jeune fille sortit une cape Tofu, bien fine, bien moelleuse, bien plumée... Priscilla resserra ses poings. Comment une telle petite pouvait avoir de si beaux vêtements ?

    Cela en était de trop. Le soir, la jeune Eniripsa (qui se nommait Prospérine) vint à la boutique de Priscilla, ramenant sa cape Tofu déchirée par les griffes d'un phorreur. C'était peut-être une chance pour celle qui avait signé le sixième pacte infernal de se venger.

    PRISCILLA - Si vous le souhaitez, je peux vous montrer mon atelier.
    PROSPERINE - Je ne voudrais pas vous déranger pendant votre travail...
    PRISCILLA - Si, si, j'insiste !

    Priscilla entraîna la jeune fille jusqu'à son atelier et lui annonça qu'elle allait s'absenter pour aller chercher son matériel. Elle reparut derrière le dos de Prospérine et lui asséna un très violent coup de ciseaux. L'envie venait de faire sa première victime.

    En sortant très loin de la ville pour s'échapper vers les îles, se trouve la dernière jeune femme qui eut l'honneur de rencontrer Rushu, qui était caché dans le couteau de colère. C'était une Sacrieuse du nom de Nathalie qui l'avait ramassé. Elle était plutôt distante, regardait le comportement des gens, l'analysait et en tirait des conclusions qui l'obligeaient à prendre encore du recul. Au point même de finir dégoûtée.

    Car s'il y avait bien une chose dont elle avait horreur, c'était que les gens obéissent aux péchés et ne respectent plus les règles données par les dieux. Nathalie n'était tout de même pas une nonne dédiée à aller au Bibliotemple chaque matin, mais elle prenait pitié pour les divinités.

    Pour elle, Rushu était aussi une divinité, au même titre que Djaul, Brumaire ou Jiva. Native de Brâkmar, elle s'était réfugiée à Bilbyza, navrée des comportements "puérils" de certaines personnes.

    Cette fois, c'en était de trop pour Nathalie qui hurla à la vengeance et à la punition. Rushu se réveilla à ce moment-là. Lui aussi il voulait une vengeance contre Sacrieur. Pourquoi ne pas emmener une de ses disciples à la Shukrute à sa mort en la corrompant ?

    Rushu était moins diplomate que d'autres démons, comme Anerice ou bien encore Ombrage.

    RUSHU - Prends ce couteau et venge-toi sur les autres. Ta mission : te débarrasser des péchés des autres personnes. Et te venger !

    Nathalie accepta cette mission et commença à être possédée par l'énergie du couteau, une énergie qui allait décupler sa rage et son envie de vengeance.

    Toute personne qui commettrait un péché visible serait tué par cette lame imbibée du pouvoir de la colère, possédée par une disciple de Sacrieur prête à tout pour venger son honneur.

    C'est ainsi qu'elle signa le dernier pacte infernal. Elle allait être la femme finale, celle qui était possédée par le maître et le seigneur des démons en personne, presque aussi important qu'un autre dieu.

    Pour commencer, certains Bilbyboys et de Bilbygirls qui s'étaient adonnés à une fête complètement démesurée. La gourmandise sans doute des sucres et des glucides très fréquents sur l'île de Bilbyza. Nathalie fut consumée par la colère et s'infiltra dans la fête, qui finit en véritable massacre.

    NATHALIE - Je suis celle qui sanctionne. Celle qui renvoie en enfer les péchés afin qu'ils n'apparaissent plus sur le monde des Douze. Je suis la vengeresse, l'avide de vengeance et de justice.

    Elle s'instaura un nom de code, "Sacris", contraction de "hybris" (démesure) et du nom de sa déesse.

    Mais les pactes étaient tous scellés désormais, et le monde des Douze allait être frappé par les sept péchés. La gourmandise à Brâkmar, l'orgueil à Amakna, la paresse à Sufokia, l'avarice à Bonta, l'envie à Astrub, la luxure à Katrepat et la colère dans Bilbyza. Et peut-être même au-delà...


  • Les pactes signés, il devait tout de même rester quelqu'un prêt à tout affronter. Une personne qui allait arrêter tous les pactes de tous les démons.

    Une jeune disciple d'Ecaflip, originaire de Bonta, apprit ce qu'il se passait. Des jeunes filles enlevées à Katrepat, des cadavres à Sufokia, une jeune femme assassinée à Astrub, une mystérieuse épidémie de boulimie à Brâkmar, de l'or qui disparaissait comme par hasard à Bonta, sans compter la tyrannie naissante d'Amakna et les meurtres isolés de criminels de Bilbyza.

    Il se tramait quelque chose de flou dans ce monde. Une seule fille pourrait peut-être tout arrêter... À condition d'y parvenir car six des sept mauvaises nouvelles étaient provoquées... Par des nobles !

    La petite Astérine se précipita vers le chevalier Justice qui était assis sur son rocher à Cania, gardant Anathar comme cape, un dangereux Shushu. C'est lui qui lui expliqua à quoi étaient dus les péchés : à des décisions démoniaques pour piéger les habitants dans leur Shukrute pour l'éternité. Hélas, s'étant avoué trop fatigué, il décida alors de céder la mission à Astérine, qui accepta.

    À première vue, la chose la plus facile serait d'attaquer celle qui n'était pas noble... Mais si elle se faisait tuer ?

    Il fallait autant agir dans la discrétion...

    Ce que fit également Tori d'ailleurs. La jeune femme se languissait de ses petites otages qu'étaient Alexandra et Claire et elle alternait les coups à chaque ensemble de minuit. Son pouvoir grandissait, de même pour ses ailes.

    Puis à un moment elle se rendit compte que deux filles une fois sur deux, ce n'était pas encore assez puissant. Il lui fallait encore d'autres filles. Mais où les trouver ?

    TORI - C'est bien d'avoir ses deux petites pour soi toute seule... Mais je commence à m'ennuyer.

    Une idée démoniaque naquit dans sa tête : aller enlever chaque fille qu'elle croiserait dans le bourg, et plus tard dans Amakna, le continent le plus proche, ainsi que Brâkmar qui n'était pas aussi éloignée non plus.

    Aussitôt dit, aussitôt fait, Tori délaissa Alexandra et Claire, sous prétexte qu'elle allait leur chercher des "amies", et se précipita vers Amakna, la terre menée par l'orgueil.

    Elle y enleva une autre disciple de Crâ, puis à Brâkmar une disciple de Sadida.

    De retour au château, elle réfléchit avec Ombrage, la démone qui la contrôlait. Tori regarda sa chevelure dans le miroir et se rendit compte qu'elle était encore plus belle qu'avant.

    OMBRAGE - Si tu continues, ils seront encore plus beaux... Aspire encore plus leurs âmes...
    TORI - Mais oui, les âmes, ce sont elles...

    Le destin se dessinait comme une nuit de folie pour l'assoiffée de la luxure.

    De même pour l'autre "assoiffée", de nourriture cette fois.

    Sans pour autant perdre ou gagner un seul gramme, Esmène continuait de tout dévorer sur son passage, on ne compta même plus le nombre de plats importés ou cuisinés sur place qui sortaient pour ne jamais revenir dans les fourneaux.

    Les esmarlopes, mangées. Les foies gras, mangés. Les kokosodas, bus. Les boissons d'épouvante, bues. Les Tristepains, mangés aussi. Les soupes de chardon, malgré leur goût infect, dévorées en une seule cuillerée à soupe !

    ESMÈNE - Mais c'est tout ? Que ça ? Allez aux fourneaux, fainéants ! Je sais qu'il y a encore plus de nourriture à dévorer !

    Bien évidemment, les chefs et les navires n'en pouvaient plus, et avaient beau présenter comme excuses la famine dans d'autres villages, cela était égal pour cet estomac contrôlé par une démone.

    ESMÈNE - Ne poussons pas mémé Enutrofette dans les orties ! Ou sinon...

    Sans compter que cette famine n'en était pas vraiment une. Un jour de balade, Esmène avait renversé quelques gouttes de bière de son calice sur plusieurs Brâkmariens. Ces derniers se sont transformés en des espèces de vampyres zombies qui réclamaient à manger et suivaient sans arrêt celle que l'on nommait "l'estomac du mal".

    Quelques disciples d'Otomaï commencèrent à analyser ce mystérieux mal, qui n'était pas contagieux entre les Brâkmariens et dont la maladie venait d'Esmène elle-même ainsi que le liquide que contenait son calice. Aussi ils nommèrent ce mal "la malédiction d'Esmène".


  • À Sufokia, on pourrait presque croire que tout le monde est rentré dans une colère noire. Pour une histoire de guerre contre la nation d'Amakna, dirigée par l'orgueilleuse Florie. Carolina avait donc décidé d'aller voir ce qui se tramait. Quelle ne fut pas la surprise de cette pauvre petite lorsqu'elle se rendit compte du conflit. Ainsi que des dégâts provoqués. Comment allait-elle y remédier, en tant que noble de Sufokia ? Une idée lui vint alors en tête. Le pipeau que lui avait donné XI.

    CAROLINA - Si j'en jouais, je pourrais calmer tout ce monde... Pourvu que cela marche !

    La petite Sadidette sortit alors son instrument, outil lui servant à répandre la paresse et le calme à la seule écoute de ces notes aussi singulières qu'enjôleuses. Elle commença à souffler quelques notes. Tout le monde se retourna. Cette musique semblait les attirer, les apaiser... Que se passait-il donc ? Que faisait donc cette enfant, à l'air perdue, à jouer de ce pipeau d'apparence divine ? Était-ce une divinité qui invitait le peuple à calmer leur rage ? Personne ne le sut. Cette mélodie fredonnait.

    "Calmez-vous donc, cher peuple de Sufokia, venez donc avec moi dans le pays des rêves, celui où tous vos souhaits se réalisent... À quoi bon travailler si ce n'est que pour se battre ? Laissez donc ces craintes de côté, je vous emmène..."

    On aurait dit qu'un esprit s'était emparé de l'instrument. En effet, c'était la démone XI, affiliée à la paresse, qui parlait à travers la musique, depuis l'esprit de Carolina. Le peuple de Sufokia s'écroula, comme endormi. Ou bien... Temporairement... Ou définitivement ?

    Le lendemain, ils étaient encore là. Ils n'étaient pas morts. Ils répondaient aux paroles d'autres habitants. Ils refusaient de bouger et voulaient continuer de dormir. Personne ne sut expliquer cette étrange maladie qui les avait atteints la veille. Le pipeau les avait-ils envoûtés, jeté un sort ? Personne ne le sut non plus !

    Seule une jeune fille le savait, Carolina. La petite était remontée dans son château pour dormir et parler avec XI de ses actes. Bientôt, tout Sufokia allait être endormi et possédé par la paresse. Chaque personne à terre équivalait à une nouvelle once de pouvoir pour Carolina.

    CAROLINA - Bientôt la colère et les chahuts ne seront plus de ce monde. Je les endormirai tous, jusqu'au dernier ! Jusqu'à ce que le calme et la paix puissent régner en Sufokia... Elle aura enfin la réputation qu'elle mérite, celle d'une ville calme !

    Une petite lueur bleue scintilla dans les yeux de Carolina. Une lueur à la fois douce et méchante. La paresse n'était pas un péché violent.

    XI - N'oublie pas, plus tu feras tomber de personnes et plus ton pouvoir se renforcera...

    En était-il de même pour Nathalie et le péché de la colère, qu'elle traînait avec elle à cause de Rushu ? La jeune femme a quitté Bilbyza pour Kelba. Là-bas, elle savait qu'il y aurait des gens à punir. Beaucoup de gens...

    NATHALIE - J'en connais plusieurs qui feraient mieux de se calmer tout de suite sur ces terres marchandes... Sans compter les avaricieux qui doivent y traîner !

    "Sacris" (son nom de code), la Sacrieuse infernale, décida de se rendre vers l'hôtel des ventes de l'île, lorsqu'elle vit soudain un énorme volatile tourner autour d'elle, tel un vautour... Ou bien... Un Corbac ? Pire... Un corbeau noir.

    Celui dont on n'avait jamais vu le vrai visage, laissa tomber quelques plumes avant de se précipiter sur Nathalie, qui sortit son couteau et lui infligea un coup.

    NATHALIE - Arrière, qu'as-tu donc ?

    Le corbeau noir atterrit. Celui que l'on devait craindre autant que les ténèbres s'arrêta. Nathalie pointa toujours son arme contre lui.

    NATHALIE - Je tuerai tous les gens qui commettront des péchés dans ce monde.
    CORBEAU NOIR - Tu n'en auras donc pas fini. (Il éclata d'un rire sinistre.)
    NATHALIE - À commencer par les avaricieux qui doivent se cacher en ces terres...

    Le corbeau noir vit tout à coup l'aura du Seigneur démon Rushu entourer Nathalie. Il recula d'un coup, comme paniqué. Assez étrange... Le corbeau noir avait bel et bien peur de Rushu ! Peut-être n'était-il pas aussi monstrueux qu'il le prétendait...

    CORBEAU NOIR - Petite, regarde derrière toi !
    NATHALIE - Quoi donc ? Voudrais-tu me tromper ?
    CORBEAU NOIR - Le seigneur démon...
    NATHALIE - Je suis lui et il est moi. Je suis Sacris, celle qui sanctionne les fautes. Je ne pardonnerai jamais. Je te laisse, tu ne sembles rien n'avoir fait qui puisse troubler l'équilibre... En revanche, tes victimes, sont souillées par un mal dont je vais me débarrasser.

    Nathalie repartit vers les échoppes. On y trouva notamment des Enutrofs. Au premier visu, ils en voulaient vraiment pour leur argent. Ils rechignaient à baisser les prix malgré les troubles causés par le corbeau noir. Nathalie leva sa main. Elle ne semblait plus elle-même. La colère en elle s'était réveillée. L'avarice, un des pires péchés qui pouvaient exister ! Il fallait le punir.

    Comment les marchands allaient-ils réagir... En voyant leur butin partir dans les flammes de l'enfer ?

    Nathalie le comprit assez vite et mit feu, possédée par Rushu, à toutes les échoppes des avaricieux. Ces derniers tentaient d'implorer celle que l'on devait nommer "Sacris".

    NATHALIE - On se reverra dans la Shukrute, pécheur rongé de l'avarice. Ta peur de la perte aura causé la tienne.

    Et elle partit, laissant derrière elle un corbeau noir confus et des flammes brûlant de leurs cendres derrière elle. Le paysage de l'enfer.


  • L'enfer pour Florie, c'était l'ennui. Il fallait que cela s'active dans son royaume. Et elle ne savait plus quoi faire de la paresse de son peuple. Elle décida d'aller consulter ses ministres (tous Sadidas).

    FLORIE - Ce monde doit changer. Ce n'est pas en restant dans la paresse que ce royaume deviendra le plus grand !

    Un des ministres se leva alors et exprima son mécontentement, pensant que Florie abusait de la faiblesse de son peuple. Elle saisit son miroir et l'invita à se regarder dedans.

    FLORIE - Te vois-tu, immonde petit Crapaud Mufle ? Tu es un être insignifiant face à ma grandeur...

    Mais ce que vit le ministre... C'était le reflet de la démone IV. Affolé, il recula, puis une lueur envahit son regard. Une lueur malfaisante. IV l'avait-il possédé ? Florie rangea son miroir après s'être regardée une dernière fois.

    FLORIE - S'il continue, il finira à la pénitence avec tous les autres. Imbécile.

    Tous sortirent, une fois la réunion terminée. Le ministre à la lueur démoniaque se dirigea vers son unité et commença lui aussi à vanter le pays comme le faisait si bien Florie. Il n'hésita pas à se paraître supérieur à son unité, qu'il méprisa. Certains soldats allèrent se plaindre à Florie, qui daigna les regarder.

    FLORIE - Mais il a raison mes petits. Ce pays deviendra le plus grand si vous nous obéissez. Vous êtes bien là pour servir votre patrie, n'est-ce pas ? Alors dépêchez-vous de rejoindre vos postes !

    Les soldats partirent sans oser dire quoi que ce soit. Florie sourit. Elle avait réussi sans aucun mal à les rendre dociles comme des bouftons, et un de ses ministres était lui aussi contaminé par la maladie de l'orgueil, la malédiction de Florie d'après les autres.

    Le jour où elle devait reparaître au peuple, Florie devait se préparer au pire de leur part. Aussi vint-elle avec son miroir et les invita à se regarder dedans. Toutes les personnes du milieu de la foule commencèrent à se vanter et à mépriser autrui. Florie n'osa pas les regarder mais était heureuse de son œuvre.

    FLORIE - Si tout le peuple était comme vous, nous y arriverions enfin... Au travail, insignifiants !

    Alors que certains partirent sans demander leur reste, d'autres pestèrent. Florie tapa du pied comme à son habitude et ordonna aux gardes d'emmener les récalcitrants à la pénitence.

    FLORIE - Je veux une nation d'or.

    De l'or. Toujours de l'or. Encore plus. Pourquoi pas des diamants. Et d'autres bijoux. Erica s'était enfuie de son domicile, à la grande surprise de la petite Gladys, qui ne comprit plus rien. Sa grand-mère, autrefois banquière et bijoutière serait-elle passée du côté obscur ?

    Elle décida d'aller quérir le chevalier Justice pour lui demander d'éventuelles explications sur le comportement d'Erica. Ce dernier lui répondit que les chances qu'elle ait été possédée par un démon était probable, mais qu'il ne pouvait plus rien y faire. Gladys repartit, déçue, mais déterminée. Elle savait enfin ce qui se tramait dans sa famille. Cacher les richesses... Une bonne excuse pour dissimuler l'avarice !

    Que se passait-il avec Erica ? La vieille femme, possédée par Minuit, la démone de la vingt-quatrième heure, s'était introduite dans son vieux lieu de travail pour récupérer tout l'argent et les richesses possibles à amasser. Encore, encore, une boulimie de l'or. Telle pouvait être décrite la maladie dont Erica était atteinte. Et pourquoi pas ne pas contaminer d'autres gens ?

    Le lendemain, Erica rentra chez elle, en cachant soigneusement ses trésors. Gladys lui demanda alors ce qui se passait, Erica la rassurait, mais la jeune Eniripsa savait qu'il y avait quelque chose qui clochait.

    GLADYS - J'ignore pourquoi, mais j'ai la drôle sensation que vous n'êtes plus vous-même.
    ERICA - Qu'est-ce qui te prend de t'imaginer des horreurs pareilles, ma petite ? Je vais très bien, ne t'en fais pas. Prépare-moi un peu de sirop je te prie, ma voix recommence à s'enrouer.

    Gladys n'était pas du tout rassurée. Elle savait qu'elle parlait à un démon. Mais qui ? Rushu, Djaul, Uk'Not'Allag ? Elle l'ignorait. Elle ne savait pas que c'était de la faute de la redoutable Minuit. Cette impitoyable démone qui menait d'une main de fer les autres divinités des heures.

    GLADYS - Mémé, rassurez-moi. Par pitié. Mais soyez sincère. Y'aurait-il un démon dans Bonta ?

    Erica éclata de rire.

    ERICA - Ma petite, bien sûr que non ! Si c'était le cas, on le saurait ! Et les vols, tu sais, il y a le clan des Roublards qui est redevenu actif. Cela ne m'étonnerait pas que ces filous soient revenus pour tous nous dépouiller !

    Une rage commença à envahir Erica, qui leva sa canne et la fit claquer au sol violemment, dans un bruit sec qui fit trembler la petite Eniripsa.

    ERICA - Si j'en vois un, je le réduirai en poussière ! Que l'on ne sous-estime pas les vieux lenalds comme moi !

    Gladys ne put qu'approuver sa grand-mère, malgré encore quelques craintes.

    GLADYS - Oui, vous avez bien raison mémé. Les Roublards ne passeront plus à Bonta. Nous les attraperons avec les milices et les gardes de la garnison de la ville...

    Erica sourit. Mais Minuit souriait et riait par derrière, sans que personne d'autre à part la disciple d'Enutrof ne puisse l'entendre.


  • Que devait faire Tori avec ses deux anciennes "protégées" ? Alexandra et Claire attendaient dans le couloir, avant que Tori n'arrive avec sa dague dans sa main. Elle la cacha pour dissimuler ses idées aux deux jeunes filles.

    TORI - Je vous emmène au dernier ciel. Toutes les deux !

    Que voulait-elle dire par cette expression ? Le dernier ciel, celui du plaisir, ou de la mort ? La réponse vint assez vite, lorsque Tori les emmena... À ces deux-là. À trois. Puis la dague. Et dissimulation des corps.

    Il restait alors dans une chambre sombre, luxueuse, une jeune Crâtte qui n'attendait plus qu'une chose : les baisers. Tori passa devant la porte et lui envoya un bisou de loin, lui disant que sa nuit n'était pas encore venue.

    22h57. Encore trois minutes et l'horloge allait sonner ténébreusement. Tori arriva dans une autre chambre, avant de reprendre le chemin vers un couloir et vit alors de loin le petit cagibi au recoin de l'escalier torsadé. Elle coupa court et regarda alors les caisses.

    De vieux cahiers, qui avaient au moins dix ans. Tori les regarda avec mépris, avant de les ouvrir et de les refermer subitement, l'horreur se lisait dans son regard.

    TORI - Je dois détruire tout ça ! Je ne veux plus souffrir ! Je me sens tellement bien, je ne veux pas replonger...

    Impossible d'aller près du feu pour détruire ces cahiers. Tori les jeta alors à une horde de goules enragées, retenues par des chaînes de métal et de saphirs (les pierres trouvées à Katrepat), qui déchiqueta alors ces vieux souvenirs.

    23h14. Tori retourna dans ses appartements. Il lui manquait quelque chose pour être heureuse... C'est alors qu'une jolie Sadidette, très jeune, se dirigea vers la maîtresse de la luxure. Elle ne portait qu'une simple nuisette... Tori craqua immédiatement et la plaqua au lit.

    TORI - Je vais te dévorer toute crue ma mignonne... Qu'est-ce que Brâkmar peut avoir de jolies filles comme toi !

    Elle éclata d'un rire démoniaque, on pouvait aussi à peine entendre les rires d'Ombrage. Ambre (le nom de la Sadidette) se retourna, et fit ses yeux doux, comme pour tenter d'amadouer Tori. Le charme allait marcher, c'était certain.

    Et les charmes de l'amour n'avaient pas quitté le domaine du mystère. De loin, Priscilla Invitra regardait le monde s'animer auprès de l'hôtel de vente d'Astrub, tout en recousant une pauvre cape lunaire.

    PRISCILLA - Je ne crée pas pour l'argent, mais aussi pour plaire... À quoi bon qu'ils achètent si c'est pour tout jeter aussitôt ?

    Elle écrasa une larme, inquiète. Son regard s'arrêta net sur ce jeune Timothée Tempus, ce Xélor dont elle était tombée sous le charme. Il se dirigea alors vers l'ébéniste et lui demanda un tiroir pour aiguille, qu'il prit aussitôt. Puis il repartit et revint sous les yeux de l'envieuse Priscilla avec une jeune Sramette, Alice.

    À ce moment précis, la main de Priscilla se crispa. Le Xélor serait-il tombé sous le charme de cette disciple de Sram ? Elle tourna le dos à la fenêtre et repartit à son atelier, prit une grande cape d'assassine avec sa capuche pour pouvoir sortir sans être reconnue, et sortit avec ces ciseaux cachés dans une sacoche.

    Elle alla alors espionner Timothée et Alice et attendit que les deux "amants" soient séparés. Timothée finit par embrasser Alice. Priscilla pensa alors que le moment était parfait pour tendre un piège à la demoiselle. Cette Sramette qui semblait si adorable avec ce plastron Mangelâme, qu'est-ce qu'elle pouvait donner envie ! C'en était de trop pour Priscilla, qui se jeta sur la pauvre malheureuse en éclatant plusieurs perles de son plastron Mangelâme et qui partit sans demander son reste. Alice eut alors le réflexe d'aller chez Priscilla, à son échoppe et à demander la réparation de sa très précieuse relique.

    PRISCILLA - On dirait qu'on vous a saboté le plastron... Ou que des perles ont été arrachées. Mais je peux réparer cela, ne vous en faites pas.
    ALICE - Comment vous le savez ? C'est exactement ce qui m'est arrivé !
    PRISCILLA - L'attache gauche a été coupée. La personne qui vous a agressé vous a manqué de peu, vous avez eu Ecaflip au-dessus de vous, même si ce n'est pas votre dieu de référence. Sacrée petite veinarde.

    Bien évidemment, ces paroles étaient ironiques, car elle était en même temps la mercière qui allait réparer ce Mangelâme et l'agresseuse de cette pauvre petite Alice.

    ALICE - Combien de temps durera la réparation ?
    PRISCILLA - Quelques heures, le temps que je refasse les perles manquantes et que je raccommode tout cela.
    ALICE - Et combien cela me coûtera ?

    Priscilla sourit et partit chercher ses ciseaux, comme si elle allait commencer son travail. En même temps, Alice regarda derrière une porte, où se trouve un cadavre d'Eniripsa avec des blessures de ciseaux profondes dans le dos. La Sramette hurla d'horreur, avant de se retourner et de voir Priscilla avec ses ciseaux de l'envie.

    ALICE - Dieux, mais que s'est-il passé ?
    PRISCILLA - Tu vas le découvrir...

    Sur ce, Priscilla lui asséna un violent coup de ciseau dans la poitrine d'Alice et l'ouvrit, ce qui la tua sur le coup. Ce joli Mangelâme allait être qu'à elle seule, ainsi que ce jeune Xélor...


  • D'une relique qui mangeait les âmes, comme son nom le précisait, il y avait aussi toujours cette étrange maladie qui se répandait dans Brâkmar comme la peste. Mais ce n'en était pas vraiment une, c'était plutôt une sorte de boulimie. Là encore, on trouvait des gens dans les champs de Brâkmar, qui s'étaient mis à tuer tous les oiseaux qu'ils trouvaient, pour en tirer leur viande. Heureusement, les animaux ne pouvaient pas être atteints par cette maladie. Pourquoi ? Osamodas les aurait-il protégés ? En tout cas, il y a une de ses disciples qui était à l'abri de cette maladie, c'était Esmène.

    Un jour les autorités de Brâkmar tentèrent d'élucider le mystère traînant autour d'Esmène depuis quelques jours. Un appétit des plus féroces, cependant sans dépérir, cela leur semblait louche. Très louche... D'autres habitants disaient même avoir vu Esmène avec des dents anormalement allongées et des ailes démoniaques.

    Parmi les dames des autorités, se trouvait une jeune femme Ecaflip, Zoé, aussi ancienne amie d'Esmène. Connaissant bien cette dernière, elle pensa que la tâche allait être aisée. Et pourtant... Elle ne se doutait pas des dégâts que pouvait faire la malédiction de cette Osamodette infernale !

    Ce fut un vendredi soir, Esmène allait une fois de plus s'attarder à sa table fournie tel un énorme buffet, infiniment grand... Zoé toqua à la porte. Hugo le lui ouvrit et l'amena à sa femme.

    ZOÉ - Dame Esmène... Vous vous souvenez de moi, Zoé Fallen ? Votre amie d'enfance...

    Esmène se retourna et sourit paisiblement.

    ESMÈNE - Ah tiens mais ça faisait longtemps... Allez, viens, je ne vais pas te manger !

    Ironie du sort ? Non, Esmène n'allait pas être non plus une cannibale. Les repas furent tous servis, Zoé fut assez surprise de la quantité de nourriture que son amie ingurgitait sans aucune peine. Comme Hugo au début du péché, elle ne savait que penser en voyant Esmène avec un tel appétit. Ce n'était pas ça qui la choqua le plus. À un moment, elle vit les yeux de la jeune femme devenir rouges, et ses dents s'allonger, comme celles d'une démone. Zoé prit alors le calice sur la table et le regarda. Cet objet, si joliment décoré, n'était rempli que d'eau. Zoé en but quelques gorgées avant de le reposer sur la table.

    ESMÈNE - C'est en quelque sorte mon porte-bonheur.

    Le souper se termina très tard, aux alentours de minuit. Zoé repartit chez elle, laissant Esmène seule avec son mari. L'Ecaflipette décida de revenir une semaine plus tard, mais son délai de visite fut plus court que prévu. En effet, le lendemain on la retrouva à la porte de la femme infernale, mendiant pour de la nourriture.

    Esmène eut une drôle de sensation. Autant le cas des autres personnes ne l'avait que peu touchée, que le cas de Zoé la concernait directement. Qu'avait-elle fait ? Elle fut prise de pitié, mais très vite, Anerice reprit le dessus. Zoé ne reconnaissait plus l'Esmène qu'elle avait connue et se retrouva face à une démone qui lui tendait la main pour ses derniers jours. Zoé rentra chez elle douze jours plus tard.

    Au treizième jour depuis le début de la maladie, on retrouva Zoé décédée chez elle. Hugo essayait de comprendre ce que sa femme avait fait lors de ce fameux dîner, et se souvint alors du calice. Il décida alors de le retirer de la portée d'Esmène.

    Le soir où il commença à agir, il se dirigea vers la chambre, mais ce qu'il aperçut à travers la serrure de la porte l'avait horrifié : Esmène était sous une forme démoniaque, embrassant son calice et en murmurant des mots dans une langue ancienne, presque inconnue des mortels. Maintenant, il en était sûr : Esmène avait bien été possédée par un démon. Mais qui ?

    Pendant ce temps-là, Astérine décida de se diriger vers Bilbyza, mais ne trouva personne. Une terre désolée avec juste quelques créatures de la plage. Les Bilbyboys et les Bilbygirls ne faisaient même plus la fête, en deuil à leurs camarades et par peur de recevoir eux aussi la visite de celle qui se faisait nommer "Sacris", qui n'est autre que la fille infernale de la colère possédée par Rushu.

    C'était à ne plus rien y comprendre. Elle devait trouver des indices, mais rien. Tout avait été effacé, même les tâches sur le sable. C'est comme si une tornade était passée entre temps.

    Vers où aller maintenant ?

    Astérine prit le prochain bateau pour Brâkmar. Cette cité démoniaque contrôlée par une vampyre et sa pauvre victime ancienne mortelle. Elle dut passer à travers un rideau de Riktus qui l'attendaient au tourment. Astérine réussit à s'en débarrasser et les renvoyer au Triangle des Bermudas, la base des bandits. Elle n'avait plus le choix de toute façon. Elle se déplaça à travers Mâcheville et vit arriver les cargaisons de nourriture provenant du port. Et elle vit aussi les personnes atteintes de cette mystérieuse maladie de boulimie. Astérine demanda alors à toute personne qu'elle croisait ce qui leur était arrivé. Ils lui répondirent tous qu'ils avaient bu dans un calice en argent (d'apparence), ou touchés par un liquide qui venait de ce calice.

    Avec ces pistes, Astérine se dirigea vers le château des Gulia, mais fut arrêtée par des gardes qui lui disaient qu'elle ne devait pas entrer en zone de quarantaine. Ils la renvoyèrent à Astrub, où ils pensaient qu'elle serait en sécurité. Et pourtant...

    Astérine fut ainsi au courant du second crime commis. Une Sramette avec un plastron Mangelâme. Elle alla directement chez elle à Bonta pour rassembler toutes les infos qu'elle avait récupérées.

    Certaines choses ne collaient pas. Ces crimes, ceux de Bilbyza, ceux dans Brâkmar, et les deux autres d'Astrub, n'étaient pas de la même personne, mais de trois assassines différentes. Et cette histoire de quarantaine autour du château des Gulia, c'était étrange.

    Astérine ne savait pas que quelqu'un l'observait. Cette personne, d'apparence divine, s'approcha d'Astérine et lui expliqua que sept démons s'étaient échappés des dimensions démoniaques. Il s'agissait de la puissante Jiva, protectrice du mois de Javian, et éternelle ennemie du démon Djaul, qui était affilié au péché de l'envie. Jiva le savait très bien par ailleurs...

    Les deux femmes conclurent un pacte. Astérine offrit des artefacts de glace contre la protection par les pouvoirs de la vaillante Jiva. Maintenant, le combat allait être d'égal à égal.


  • Bien évidemment, Nathalie n'allait pas rester à Kelba longtemps. Cette femme voyageait énormément... Elle alla jusqu'au royaume de Sadida. Non pas parce qu'elle savait que deux disciples du dieu végétal étaient possédées elles aussi par des péchés (l'orgueil et la paresse), mais surtout pour aller voir les autres pécheurs. Peut-être y'en avait-il ?

    La première chose que la jeune Sacrieuse vit, c'était ce duo de Mulous qui se disputaient un morceau de viande. Un bout de quoi ? Personne ne le savait, même pas les Mulous. À vrai dire, pour un animal, ce qui comptait, c'était de trouver à manger. Et ils avaient de quoi se faire un repas. Le morceau étant cependant insuffisant pour deux bêtes de leur carrure, il leur fallait se battre pour savoir lequel se régalerait.

    Nathalie ne bougea même pas. Elle les regarda en train de combattre. On ne pouvait pas punir des animaux comme cela. Un animal ne pense pas exactement comme une personne. Ils ont aussi des sentiments, mais il y avait quelque chose qui changeait. Et elle le ressentait. Puis, elle partit et laissa les deux animaux. Le Mulou le plus gros réussit à avaler le morceau de viande, dès lors, le second se jeta sur lui, comme pour se venger.

    Elle se dirigea en direction de la forêt maudite garou. La Reine n'était pas là. Les deux gardes restaient à côté de l'accès, sans broncher. D'autres dormaient carrément à terre. Nathalie les fixa. Ils devaient forcément être de service, et pourtant, ils ronflaient tranquillement sur l'herbe, sans aucune gêne ! Quelque chose ne tournait pas rond !

    NATHALIE - Ils se reposent tranquillement alors que le danger est juste derrière eux...

    Elle serra les poings, puis entra dans la forêt garou. Une Muloune enragée se précipita sur elle, mais la Sacrieuse la brûla, possédée par Rushu. Elle prit alors la fourrure de l'animal et se recouvrit de la tête jusqu'aux pieds. Elle ressortit finalement.

    Des ailes géantes s'étaient dégagées de la fourrure brune de la Muloune assassinée. Nathalie se dirigea vers les gardes qui somnolaient. Elle se mit alors à agir tel un Mulou enragé et tua avec son couteau chaque garde endormi, en faisant semblant de les griffer. Dès que les gardes éveillés virent le massacre en train de se produire, ils sortirent leurs lances. Nathalie les regarda. Les gardes virent alors le regard possédé de la jeune Sacrieuse et reculèrent. Car ils étaient face à Rushu en personne, qui profitait du corps d'une pauvre disciple du monde des Douze !

    NATHALIE / RUSHU - Que se passe-t-il ? Bande de mauviettes, auriez-vous peur de moi ?

    La Reine Sheram Sharm était toujours absente... Qu'allaient dire les gardes à son retour ? Nathalie finit par partir, avant de se débarrasser de sa peau de Muloune près du bateau et de la jeter dans la mer.

    NATHALIE - Justice soit faite. Repentez-vous, misérables mortels.

    ESMÈNE - Misérables mortels. À devoir réclamer à manger sans arrêt !

    Cette parole était bien entendu ironique. À chaque décès de cette malédiction, Esmène gagnait davantage de puissance. Et ce n'était pas Anerice qui allait l'arrêter, bien au contraire.

    Esmène était aussi au courant de la visite d'Astérine, la petite Ecaflipette qui a voulu aller vers son château. Ce dernier était pourtant déclaré en "zone de quarantaine" par les autorités Brâkmariennes. Esmène ne voulut même pas le reconnaître et disait qu'un jour, tout le monde finirait bien par tomber malade un jour ou l'autre. Ce n'était plus qu'une question de temps.

    ESMÈNE - Quarantaine, c'est un bien grand mot tiens. Et vaut mieux que cette gamine arrête de fouiner son nez dans les affaires privées des gens. Un peu de respect et de dignité quand même !

    La cloche se mit à sonner, et l'heure du repas aussi. Encore d'énormes quantités de nourriture qui allaient être englouties par une seule femme contrôlée par une démone.

    Alors qu'il y avait une femme heureuse et comblée, il en demeurait un très inquiet, c'était Hugo. Il avait vu sa femme dans une forme monstrueuse l'autre jour, et cette image était restée ancrée dans sa tête, telle une marque au fer rouge sur la peau d'un mortel.

    Impossible pour lui de parler de manière crue de cette histoire à sa femme. Mais cette dernière remarquait tout de suite son manque d'entrain.

    ESMÈNE - On dirait que tu as vu un Gostof ces derniers temps toi... Qu'est-ce qui t'arrive ?
    HUGO - Je ne peux pas vraiment en parler... J'ai tellement peur...

    Esmène éclata de rire.

    ESMÈNE - Allons allons chéri. Toi, peur ? Tu n'avais quand même pas de masque du pleutre sur toi ces derniers jours ! Même si je sais que tu le portes assez souvent.
    HUGO - J'ai vu un monstre dans ta chambre hier soir, voilà.

    Esmène lâcha sa fourchette. Elle savait que le monstre dont il parlait, c'était elle ! Elle fut tout de suite gênée. Anerice savait maintenant qu'elle n'était pas vraiment toute seule ce soir-là.

    ESMÈNE - Chéri, tu as certainement fait un mauvais rêve. Il n'y a pas de monstre ici, tu le sais bien ! Peut-être juste mon Gobgob un peu excité mais c'est tout. Et puis, ce n'est pas un monstre en lui-même, mais un symbiote.

    Hugo ne savait pas vraiment comme le lui dire. Il savait que ce n'était pas le Gobgob. Il pensait que sa femme était devenue différente depuis cette histoire de malédictions. Tant de secrets alors qu'ils sont mariés l'un à l'autre, c'était plutôt louche.

    HUGO - Et puis toi, tu ne me parles que très peu. Je m'inquiète.
    ESMÈNE - Ne t'en fais pas pour ça, va.
    HUGO - Tu comprendras au moins qu'avec cette espèce de monstre que j'ai vu, je nous sens menacés. Sans compter cette rumeur de maladie de boulimie qui court sur notre dos.
    ESMÈNE - Pas le tien. (Elle avala une autre bouchée.)
    HUGO - Oui mais même, cela n'empêche que tu es différente ces derniers jours.
    ESMÈNE - Calme-toi un peu. Tu t'inquiètes pour rien je te dis, il faut arrêter...

    Esmène sortit de table très tard comparé à tous les autres habitants du château. Elle finit par rentrer dans sa chambre. Hugo alla encore une fois voir ce qui se passait. Quant il revit la forme démoniaque de sa femme. Il réussit aussi à entendre quelques mots, comme si Esmène parlait à quelqu'un, sauf qu'il n'entendait pas l'autre interlocuteur. S'il y en avait un, bien entendu. Il finit par ouvrir la porte.

    Esmène avait disparu.

    À la place, se tenait Anerice, assise sur le lit.

    ANERICE - Tu n'as rien vu ni entendu...

    Elle se dirigea vers lui et le plaqua au mur, et se lécha les babines.

    ANERICE - Je te laisserai la vie sauve, vu que je sais ce que tu es pour elle, mais ce serait dommage de ne pas faire un petit souper de dernière minute...

    Telle "mortelle", telle démone. Anerice mordit Hugo avant de repartir. Le jeune homme tomba à terre, légèrement affaibli, avant qu'Esmène ne revienne et reprenne une forme plus humanoïde. Anerice lui avait tout raconté et l'avait rassurée. Esmène rallongea son mari sur son lit et décida de dormir à ses côtés, sachant qu'il ne se souviendrait plus de rien à son réveil... À part un petit mordillement de sa femme ?


  • Des chachas miaulaient vers minuit dans les quartiers de Bonta. Il faisait noir, hormis quelques torches allumées par-ci par-là par quelques aventuriers de passage. Ils étaient tout jeunes. En revanche, une doyenne s'approcha d'eux, éteignit les lumières, et possédée plus que tout par la cupidité, déroba bourses, or, pièces, objets de valeur jusqu'à dépouiller ces pauvres citoyens qui n'avaient rien demandé. La démone de la vingt-quatrième heure riait, c'était son instant préféré, la nuit noire au moment du pont entre deux jours du calendrier de Xélor. Erica s'avançait doucement jusqu'à la bijouterie à côté des ateliers de tailleur de Nina Riccha, et réussit à prendre tout ce qui lui semblait de valeur. Elle devait tout amasser, et ne rien laisser, jusqu'au moindre centime de kama (s'il existait...).

    ERICA - Bonta, la cité de la lumière, la plus riche du monde des Douze... Qu'il est bon de garder et de chouchouter de tels petits trésors ! Mes enfants...

    Puis elle se dirigea vers les banques. Mais sa santé fragile l'empêchait de passer à travers tous les systèmes de sécurité, dignes de ceux d'Enutrosor. Cependant, elle n'était pas seule ! Oui, Minuit pouvait lui être utile...

    Aussitôt pensé, aussitôt dit, Minuit désactiva avec habileté toutes les alarmes. Il ne restait plus qu'à servir... Erica emporta tout ce qu'elle pouvait, et tant pis si le peuple se plaignait.

    ERICA - Quelle aubaine, mais quelle aubaine !

    Une fois son cambriolage terminé, il ne restait plus qu'à Erica de rentrer. Mais malheur, certains gardes l'avaient repérée. C'était sans compter sur Minuit. Le peuple en avait même oublié l'existence, de ces démons des heures autrefois enfermés par Xélor lui-même dans une autre dimension. Mais ce temps était révolu, l'arène avait été détruite par une explosion et Minuit s'était réfugiée dans la Shukrute avec tous les autres, jusqu'à se retrouver dans une petite pièce, symbole du pouvoir de l'avarice.

    MINUIT - Comment feraient-ils... S'ils se battaient avec moi, la souveraine des démons des heures ?

    Son arrogance semblait ne pas avoir de limites, et pourtant, ce fut bien elle qui flanqua une raclée aux gardes de Bonta. Pour vaincre son ennemi, il fallait le connaître, et c'était bien loin d'être leur cas.

    MINUIT - C'est tellement pathétique... Et dire que vous êtes censés être des gardes... Mais nom de nom, où est-ce qu'ils sont, les guerriers d'antan que je faisais combattre dans l'arène ? Hein ?

    Mais elle se calma très vite pour être dégoûtée. Erica et sa démone quittèrent le faubourg pour rejoindre le domicile. Gladys dormait à poings fermés, même si l'on devinait à son visage qu'elle était en plein cauchemar. Erica décida de ne pas intervenir, de peur d'éveiller les soupçons, et cacha ses trésors dans sa cave. Cave d'ailleurs fermée à quadruple tour. Et protégée par tous les moyens inimaginables. Mais au moins, pour le moment, elle pouvait dormir sur ses deux oreilles.

    Pareil pour Carolina, qui réussit à prendre un exemplaire du journal quotidien de Sufokia. Le gros titre parlait d'une maladie inconnue... "Pire qu'une procrastination, une paresse contagieuse sortie de nulle part". Carolina ne riait pas, elle se contentait juste de sourire et de s'allonger sur son lit, son pipeau juste à côté d'elle. La bagarre comme dans Brâkmar contre la boulimie ou dans Amakna à cause de son régime tyrannique, non merci. Rien ne valait que la paix et le repos éternel de Sufokia. Et la petite allait encore frapper...

    En se baladant près du rivage Steamulant, Carolina aperçut des Steamers au loin, tenter de se battre contre des bandits. L'un envoya un tir de Stasis aussi gros qu'un chef de guerre Bouftou, un autre posa un bloc et sortit une lourde chaîne pour frapper l'ennemi, et le dernier transforma son pistolet en lance-flammes, prêt à tout immoler sur son passage.

    CAROLINA - Mais quelle violence...

    Et c'était bien connu, Carolina n'aimait pas la violence. Sufokia avait une réputation à respecter, celle d'une nation où tous les jours de l'année, c'était les vacances. Elle sortit son pipeau, regarda une dernière fois le champ de bataille (où les Riktus commençaient à prendre l'avantage hélas) puis joua sa mélodie. Les Riktus se sentirent alors comme engourdis, envoûtés par cette troublante musique de l'acédie, et les Steamers se calmèrent, telles les vagues du rivage. Les guerriers et la nature semblaient s'apaiser à ces particulières sonorités, à s'endormir... Les paupières étaient lourdes, si lourdes, elles devaient retomber... Les corps s'évanouirent, et s'étalèrent sur le sable chaud des rives.

    Et puis un jour... Le journal reparut. "Six nouvelles victimes au rivage : la mystérieuse paresse prend de l'ampleur". Puis, plus bas et en plus petit, on pouvait lire : "La paresse mystérieuse : premiers cas de décès". Carolina se plongea sur ce dernier article et y apprit que la maladie qu'elle répandait de par sa musique de pipeau laissait dépérir de faim et de soif les gens et qu'ils se dépérissaient. XI la rassura en disant que plus il y aurait de décès, plus son pouvoir grandirait et donc plus elle pourrait amener la paix.

    XI : Ne te sens pas perturbée. Leur sort était déjà jeté depuis longtemps. Voilà ce qui arrive à ces pauvres mortels dont nous ne faisons pas partie lorsqu'ils se laissent trop aller... Mais la guerre tue tout autant !

    Carolina se sentait réconfortée. La violence, combien de décès recensés à cause d'elle ? Des dizaines, des centaines, des milliers, des millions, des milliards ?

    Tout cela n'avait plus d'importance maintenant...


  • Rien. Rien ni personne ne savait ce qu'il se tramait dans Astrub. Les meurtres étaient très espacés et personne ne savait ce qu'il était advenu des corps d'Alice et de Prospérine. Peut-être avaient-ils été jetés dans un fleuve ? Quelques mercenaires étaient allés fouiller les rivières de toute la ville et de sa prairie environnante, sans réel succès.

    Car en effet, les deux cadavres étaient encore dans cette sombre cave que Priscilla gardait en-dessous de son échoppe. Mais personne n'irait les chercher là...

    Priscilla reprit un masque de Srambad et refit quelques points manquants. Il irait bien avec le Mangelâme, c'était vrai. Priscilla fut prise d'une telle jalousie qu'elle en lâcha ses ciseaux. Ils avaient été nettoyés depuis le temps. Les ciseaux de l'envie, que Djaul surveillait de très près. Le démon regarda à la fenêtre discrètement, et aperçut alors le jeune Timothée en compagnie d'une autre femme, une jeune Crâtte. Il avertit alors la jeune couturière.

    DJAUL - Dis donc, c'est pas ton Xélor que je vois avec une autre fille ?
    PRISCILLA - Quoi ? Comment...

    Priscilla se rua à la fenêtre et assista à la même scène que Djaul. Folle de rage, elle demanda à Djaul de retourner dans les ciseaux pour le moment, et elle alla chercher son accoutrement d'assassine pour traîner dans la ville. Elle ne quitta pas du regard la jeune Crâtte, qui se dirigea vers les égouts. C'était une aubaine pour Priscilla qui sortit de l'échoppe, se déguisa et pénétra dans les nauséabonds souterrains astrubéens.

    La jeune archère, du nom de Hélène Calgierri, mit alors sur sa tête un magnifique masque de Srambad. Tiens tiens... Mais c'était le même modèle que celui que Priscilla réparait ! Déterminée à posséder ce masque et le cœur du Xélor, Priscilla bouscula Hélène et en profita pour couper une partie du masque, avant de disparaître.

    Au crépuscule, Priscilla reprenait son travail à son échoppe, jusqu'à ce que Hélène vint lui rendre visite. Elle semblait soulagée par le fait que l'échoppe n'avait pas encore fermé à une telle heure. Priscilla l'accueillit avec un air chaleureux et lui proposa, comme d'habitude, la visite de son atelier. Contrairement aux deux autres, Hélène accepta. Priscilla lui montra alors la salle où elle travaillait, une énorme penderie, une autre chambre obscure avec divers papiers de commandes et de notes de réparation, ainsi que la réserve. Djaul s'échappa temporairement des ciseaux pour éteindre la lumière derrière Hélène, puis revint posséder complètement Priscilla, qui s'arma alors et se ficha derrière la Crâtte.

    PRISCILLA - Cette réserve, si sombre et si mystérieuse, ressemble un peu comme un tombeau... Et vous savez quoi ? Hé bien c'est un tombeau !

    Hystérique, l'envieuse mercière frappa la tête de Hélène avant de la poignarder et d'ouvrir son ciseau.

    Le corps retomba alors à terre, avec une grâce singulière... Celle de la mort.

    Combien de têtes tombées au royaume d'Amakna ? Florie se fichait du nombre. Tout ce qui comptait, c'était d'être la grande chef de sa nation, et qu'elle soit la plus forte de toutes.

    De même pour le nombre impressionnant de prisonniers capturés par des gardes touchés par la maladie de l'orgueil. Notamment le premier ministre de la jeune noble.

    Mais cette fois, Florie prévoyait quelque chose de bien plus grand. La conquête des îles. Et celle de Poup semblait parfaite !

    FLORIE - Peuple d'Amakna, vous aviez toujours rêvé d'une ville où réunir tous les habitants du Monde des Douze ? Hé bien, armez-vous, on part à la conquête de l'île de Poup. Prévoyez de quoi vous abriter des coups de soleil qui y sont traitres, et des potions Eniripsa pour éviter leurs maladies tropicales. En avant !

    Si certains l'applaudissaient fièrement, d'autres la traitèrent de folle. Florie leur ordonna de les regarder, puis elle brandit son miroir. Les personnes l'ayant vu de face s'évanouirent. Les gens sains devinrent alors touchés par la malédiction, et les autres, bizarrement, s'écroulèrent sans vie. L'orgueil les avait-il tués ?

    Plusieurs gardes rebelles de la nation décidèrent d'enquêter sur cette affaire. Mais il était hors de question pour Florie de les laisser faire. Aussitôt qu'elle sentit les premiers soupçons, elle envoya ses propres gardes se débarrasser d'eux.

    FLORIE - Obéissez-moi ! Je suis votre souveraine !

    De son côté, la coquette démone IV regarda son miroir auquel elle avait été affiliée dès la création des péchés dans la Shukrute. Elle se dirigea vers Florie et lui murmura quelques mots dans l'oreille. La jeune Sadidette sourit et lui chuchota en échange.

    Le lendemain Amakna se préparait pour aller à l'île de Poup. Florie menait toute la flotte et finit par poser son pied sur la plage de l'île, avant de se déplacer d'un pas décidé jusqu'au maître des lieux. Il restait encore un problème : les pirates de l'île, qui pouvaient se mutiner à tout moment et décider de mettre des bâtons dans les roues des plans de l'orgueilleuse Florie. Cette dernière n'avait nullement peur d'eux. Lorsque ces derniers virent la démone IV entourer Florie, comme pour les effrayer, qu'eux et eux seuls, ils prirent peur.

    FLORIE / IV - Revenez, bande de lâches !

    Les gardes réussirent à retenir quelques pirates. Le sang allait peut-être couler sur ce sable brûlant... Et Florie savait qu'elle pouvait compter sur l'impitoyable démone de la quatrième heure.

    FLORIE / IV - Retour au bon vieux temps, enfin... Façon de parler ! La guerre est déclarée, non seulement à cette pauvre petite Sufokia qui sera littéralement écrasée, mais aussi à toutes les autres nations !

    Et IV eut une dernière petite pensée.

    IV - Vivement le jour où tous ces pauvres mortels viendront à jamais dans la Shukrute, puis dans l'Externam, pour y rester à l'éternité !

    La troupe Amaknéenne attaqua alors, le soleil au zénith, et Florie ressentait alors les pleins pouvoirs de la démone qui la possédait...


  • Dans le bourg des Katrepat, certaines personnes commençaient à s'interroger sur les enlèvements et les disparitions de Claire et d'Alexandra. Personne ne pouvait vraiment expliquer l'affaire, ni parler du fait qu'Ombrage était derrière tous ces mystères. Pendant ce temps-là, Tori s'occupait de ses deux nouvelles filles adorées, Ambre et Aéna, une jeune Crâtte Amaknéenne qui avait connu Alexandra. Ce fut elle que Tori entraîna avec elle, jusqu'au sommet de sa tour.

    Puis Tori eut un déclic : cette fille ne lui était-elle pas familière ? Prise d'un doute, elle l'allongea sur le lit et l'examina sur tous ses angles. À un moment elle réussit à voir dans le regard de la Crâtte une lueur qui ne lui était pas étrangère. Elle était similaire à celle d'Alexandra. Tori parut alors légèrement troublée. Jusqu'au moment où Ombrage décida de s'en mêler et prit en aparté Tori pour la raisonner.

    OMBRAGE - Mais qu'est-ce que tu attends bon sang ? Qu'est-ce qu'elle a de si particulier ? Souviens-toi de ce que je t'ai dit !
    TORI - Désolée... Mais elle me rappelait encore mon en...
    OMBRAGE - Trêve de plaisanteries ! C'est pareil, comme avec toutes les autres, surtout les deux premières !

    En effet, Tori haïssait plus que quiconque ces maudites Alexandra et Claire. Pourquoi ne pas faire de même pour Aéna ? Le temps n'était déjà plus aux questions. Tori sentit que quelque chose la dévorait de l'intérieur. Une sorte d'envie qui allait tout de suite surgir. Et surtout, un moyen d'oublier une nouvelle fois son adolescence et son enfance, dont elle avait tenté d'en effacer toutes les traces qu'elle trouvait sur son chemin.

    TORI - Tu as quand même bien de la chance d'être tombée sur moi. L'autre était légèrement plus jeune, mais toi, tu as bien muri ces dernières années. Voyons voir quels fruits tu as donnés...

    Aéna la regardait d'un petit air plaintif, que Tori dénigra très vite. Cette dernière la planqua contre le lit et commença à la faire se livrer. Mais à un moment, Tori sentait que cela était insuffisant et qu'Aéna ne pouvait pas tant donner. Aussi prit-elle sa dague et regarda la Crâtte dans les yeux, prise alors d'une bouffée de folie meurtrière.

    TORI - J'ai horreur de la déception, tu devrais le savoir. Tant pis, tu rejoindras les autres !

    Elle planta la dague dans les profondeurs des entrailles d'Aéna, la laissant morte sur le lit. Il ne lui restait plus qu'à nettoyer les draps ensanglantés par ce crime soudain. Tori regarda Ombrage, et demanda ce qu'elle pouvait faire, avant de finalement appeler un vampyre du château pour qu'il se nourrisse puis lave les draps.

    TORI - Il en faut plus, beaucoup plus...

    ERICA - Encore et encore plus de richesses !

    Erica ne se contentait même plus de se servir dans les banques de Bonta. Elle indiqua à Gladys un mot pour couvrir ses actes, lui disant notamment qu'elle partait pour des affaires. La vérité était bien tout autre : on signala des vols d'argent à plusieurs autres endroits du monde des Douze, à Brâkmar, où le magot de guerre s'était volatilisé, ou à Amakna où les gardes avaient été agressés et volés.

    Minuit lui guidait le chemin. Et même pourquoi pas chez le dieu Enutrof lui-même, où les cultures, les arbres et même les eaux et poissons étaient d'or ? Tant pis si Enutrof se fâchait, Minuit saurait de toute façon, en accord avec les règles de péchés, capable de s'en occuper. Déjà elle considérait même le dieu dragon comme le maître des avaricieux. Tels sont les Enutrofs.

    MINUIT - Enutrof lui-même possède tout l'or des dimensions de l'Ingloriom. Il a ses propres banques, ses ambassades qui invitent des gens à des fêtes luxueuses... Quel gâchis ! Mais c'est comme on dit, l'argent fait le bonheur et la puissance de celui qui le possède !

    Puis elle déclara en aparté :

    MINUIT - Et s'il venait à Enutrof de déclarer "peste soit de l'avarice et des avaricieux", qu'il observe déjà son propre cas, ensuite on en reparlera !

    Minuit éclata d'un rire démentiel à faire retentir et trembler les couvercles des tombeaux des cimetières de tout le monde des Douze, si ce n'était que jusqu'à là. Restait donc pour Erica à trouver le moyen de pouvoir pénétrer la dimension divine de son dieu. La clé d'Enutrosor. Voilà ce qu'elle devait trouver. Et elle pensait que Minuit ne pouvait rien y faire.

    À moins qu'elle ne puisse l'aider indirectement...

    ERICA - Je ne pense pas que vous puissiez atteindre la dimension d'Enutrof...
    MINUIT - Je sais comment faire... Je suis quand même une des démones des heures, et pas n'importe laquelle, attention ! Celle de la vingt-quatrième heure ! Nommée par le dieu Xélor lui-même !

    Elle ouvrit alors un portail inter-dimensionnel jusqu'au Xélorium, seule dimension qu'elle savait ouvrir.

    MINUIT - À l'heure actuelle, personne ne peut y pénétrer. Ensuite, on aura accès à n'importe quelle dimension divine depuis le Xélorium... Dont Enutrosor !

    Elle éclata de nouveau de rire. Un ricanement qui résonna dans tout le monde des Douze, une nouvelle fois. Erica entra alors dans le portail, suivie de l'impitoyable démone des heures.


  • Nathalie avait quitté l'île du royaume de Sadida, pour se diriger vers Enutrosor. Et pour cela, elle devait retourner dans le village d'Astrub. Elle sortit du bourg, et trouva le portail vers la dimension divine du dieu dragon. Elle pénétra et posa ses pieds. Le dieu Enutrof allait être fou de rage. Pensait-il qu'elle allait voler tout ce précieux or ? Mais Nathalie n'en avait que faire des richesses. Enutrof n'était rien d'autre qu'un dieu avare, qui refuserait même de prêter son or !

    NATHALIE - Encore prêter, on pourrait le comprendre. Mais le connaissant, il ne donne pas et ne prête pas non plus. À quoi bon... Le jour où il sera jugé si cela arrive, il rejoindra les enfers directement.

    La dimension était recouverte d'or. Seulement des kamas. Nathalie en regarda un de près, puis se rendit compte qu'il était faux. Sans doute un autre Douzien qui l'avait laissé pour tromper le dieu dragon. Même les eaux étaient de l'or fondu resté liquide malgré la température. Les monstres en forme de coffres se réunirent près d'un bâtiment richement décoré. Intriguée, Nathalie décida d'y jeter un œil. Peut-être était-ce dans cette maison qu'elle allait trouver ce qu'elle cherchait ?

    Elle entra finalement. Mais personne. Elle ressortit. Où pouvait-elle trouver Enutrof ? C'était très étrange... Elle tomba finalement sur deux Enutrofs en pleine dispute pour leur butin. Nathalie s'approcha doucement et perçut alors une conversation qui ne lui plut alors pas du tout.

    NATHALIE - Ce ne sont que des kamas, et encore, sont-ils vrais ? Cette dimension n'est que tromperie !

    Rushu trouva alors une opportunité pour se venger des dieux qui l'avaient précédemment condamné à la Shukrute. Désormais, c'était lui qui était là ! Dans les dimensions divines ! Nathalie lui semblait un peu trop concentrée pour qu'il puisse la contrôler aisément. Il devait donc ruser. Et tant que roi des démons, il lui lança un ordre.

    RUSHU - Tue-les.

    Pendant que Nathalie sortait son couteau, Rushu prit possession de la jeune fille, comme pour la faire tirer à sa place. Les Enutrofs arrêtèrent leur querelle et se retournèrent, voyant la Sacrieuse entourée du halo du seigneur démon et s'enfuirent... Ou tout du moins, ils tentèrent, car Rushu les rattrapa immédiatement.

    Les deux Enutrofs tombèrent au sol.

    NATHALIE/RUSHU - Avarice, colère, envie... On pourrait presque y retrouver les trois à la fois !

    Elle sortit de la dimension, tout en ronchonnant derrière elle.

    NATHALIE/RUSHU - Ton jugement viendra, Enutrof. Un jour... Et crois-moi, tu es plus proche de mes flammes que tu ne le penses !

    Le portail se referma sur ces dernières paroles.

    Astérine ne savait plus quoi faire. On tentait de l'arrêter par tous les moyens, même dans Bonta, rien ne l'aidait à retrouver les filles possédées. Brâkmar était hors d'atteinte à cause de la quarantaine, Amakna était très risquée à cause de la tyrannie, Sufokia devenait petit à petit une ville fantôme... Et Bonta... La femme infernale n'était plus dans la ville. Et à Astrub, les crimes recommençaient. Cette Crâtte, tuée apparemment pour un masque. Personne ne comprenait plus rien. Mais Astérine et Jiva savaient très bien que c'étaient les démons.

    Astérine se devait de trouver une solution à ses problèmes. Mais comment ? Elle décida de se rendre de nouveau à Astrub et d'aller interroger les habitants. Tous étaient au courant des crimes qui étaient commis. Même Tati Hacheum ne savait que faire devant de telles horreurs. Astérine regroupa les données sur les crimes commis.

    Les trois filles assassinées étaient chacune des amies d'un jeune disciple de Xélor.

    Chacune avait un habit que convoitait la personne.

    L'assassin était sans doute une femme... Qui aimait les vêtements... Mais qui pourrait commettre des crimes pareils ?

    Certainement pas Tati Hacheum... Quoique...

    Qui croirait qu'elle serait responsable des meurtres ? Le Xélor la fréquentait bien, peut-être Tati était tombée amoureuse du jeune douzien (cela poserait-il problème ?). Et qu'elle refusait de le voir avec une autre fille. N'était-elle pas trop vieille pour s'intéresser à un aventurier si peu âgé ?

    L'enquête allait peut-être commencer avec les crimes d'Astrub. Il ne restait plus que pour Astérine à se faire héberger. Et Jiva était prête à l'aider. Aussi c'était elle qui se présenta à une des plus grandes maisons de la ville. Par chance, c'était une Eniripsa pro-Bontarienne qui habitait la cité mercenaire qui accueillit Astérine et sa protectrice.

    La jeune femme accepta même de se confier. En réalité, c'était la sœur de Prospérine, la première victime d'Astrub. Elle ne savait pas ce qui lui était arrivé dès son attaque par des créatures qui lui ont déchiré sa cape. La femme se nommait Espérance. Depuis ce mystérieux meurtre qu'on ne lui avait appris qu'au matin du lendemain de l'assassinat, elle avait commencé à sombrer dans des idées noires et n'arrivait même plus à se soigner elle-même, confondant les anti-dépresseurs et les anti-douleurs. L'un de ses patients était même trépassé car elle s'était trompée dans son diagnostic. Elle n'arrivait même plus à travailler.

    ESPÉRANCE - Ma pauvre petite Prospérine... Je n'en ferme même plus l’œil de la nuit ! C'est comme si son Gostof revenait me hanter à chaque fois ! Pour me rappeler à chaque fois qu'elle est encore là...

    Elle éclata finalement en larmes, Astérine en prit pitié et lui sécha les larmes, la serrant tout contre elle pour la réconforter.

    ASTÉRINE - Les crimes ne resteront jamais impunis, croyez-moi.

    On pouvait lire dans ses yeux la détermination d'accomplir la tâche à laquelle s'était attelé le chevalier Justice il y a quelques années de cela.


  • Un bateau arriva au port d'Emelka. Florie descendit victorieuse. Elle avait réussi à s'emparer de l'île de Poup. Désormais, il ne lui restait plus qu'à l'annoncer à son peuple. Elle jeta aussi beaucoup d’indépendantistes au cachot.

    Dans la foule, se trouvait encore un jeune homme. Il s'agissait apparemment d'un jeune Crâ. Florie le regarda. Il lui semblait si craquant... Elle tomba sous le charme du jeune homme. Le soir, elle convoqua alors plusieurs de ses gardes pour aller le chercher chez lui et l'emmener la voir. Aussitôt dit aussitôt fait, au souper de vingt-deux heures, le Crâ fut convoqué chez l’orgueilleuse princesse.

    FLORIE - Au moins quelqu'un de sage, de doux et d'attentionné surtout ! C'est inouï, j'ai envie de dire !

    Tenterait-elle de le séduire ? C'est la question que se posa la démone IV, qui résidait encore dans l'esprit de la jeune Sadidette. Un seul moyen de le savoir : la laisser faire jusqu'au moment opportun.

    Florie emmena son invité dans sa salle royale et commença à discuter. Il lui parla alors de sa famille, puis lorsque Florie se mit à aborder la question du mariage, il s'excusa platement en disant qu'il était déjà pris par une autre femme qui était au royaume de Chuchoku, habillée d'une longue robe de Chuchoteur à ce que la princesse comprenait.

    Finalement, elle finit par le raccompagner chez lui et le rendre à sa famille, avant de rentrer dans son palais, folle de rage. Chuchoku était une terre d'Amakna pour elle, et il était hors de question qu'un de ses sujets ne la contrarie sur ses plans personnels ou amoureux.

    FLORIE - Mettez cette île à sang pour trouver cette femme. Je la sanctionnerai moi-même. On ne dispute pas mon autorité ainsi !

    La semaine qui vint se résuma alors à une gigantesque boucherie à Chuchoku. Personne ne savait ce qui avait pris à l'odieuse princesse qui les gouvernait et qui ne se souciait que d'un seul sort, le sien. Elle était certaine que personne n'irait à l'encontre de son amour pour ce jeune Crâ.

    Le peuple commença alors à établir des théories sur l'origine de cette attaque aussi brusque que sans pitié. Certains parlèrent alors du jeune Crâ invité ce fameux soir de Novamaire par leur souveraine, redonné à sa famille quelques heures plus tard. Finalement, la guerre dans Chuchoku s'arrêta lorsque la rivale de Florie fut retrouvée par les gardes et emprisonnée dans la tour du donjon. Ce jour-là, Florie leur apparut.

    FLORIE - Une révolte a eu lieu sur l'île de Chuchoku, notre seconde terre d'Amakna. J'ai réussi à débusquer ces plans machiavéliques et à défaire leur principale maîtresse, qui sera exécutée dans les minutes qui viennent pour trahison ! Il est interdit de trahir sa reine ! Obéissez-moi, misérables !

    Elle leur montra son miroir, relançant une nouvelle vague de cas de malédictions. Les Eniripsas d'Amakna étaient tous débordés par cette épidémie psychologique et ne savaient quoi faire... Alors que Florie ne s'occupait point d'eux, préférant réfléchir à ses futurs plans avec IV...

    De son côté aussi Tori était occupée avec l'amour. Il lui fallait encore plus de nouvelles sensations pour satisfaire ses pouvoirs qui s'agrandissaient chaque nuit. Ambre finit par la fatiguer également, Tori décida d'aller se servir un peu partout et ramena une jolie Osamodette Bontarienne, Sabine.

    Elle passa des heures à l'observer dans tous ses états, aussi bien attachée sur une chaise, qu'allongée sur un lit, ou appuyée contre un pilier du château. Elle faisait des yeux doux que personne n'avait su faire auparavant. Fière de sa proie, Tori l'emmena. Elle la laissa se préparer pour aller à la recherche d'éventuelles "victimes" de remplacement si jamais cela ne lui suffisait pas. La princesse de la luxure devenait de plus en plus exigeante chaque soir, cherchant sans cesse l'éternel bonheur que ses actes pouvaient lui procurer.

    OMBRAGE - N'oublie pas que chaque fille qui a été avec toi te rapporte beaucoup d'énergie. Mais ça se recharge bien sûr.
    TORI - Je sais, et le problème c'est que je la ressens moins lorsque je suis plusieurs fois de suite avec la même. Si une femme mature n'est pas capable de me satisfaire, elle ne pourra jamais faire heureux son homme ou son amoureux... Enfin.

    Une fois la discussion achevée, Tori retourna voir sa proie et la rassura gentiment. Elle caressa les cheveux roux de Sabine, et regarda leur douce lueur flamboyante, qui allait raviver l'esprit de la femme infernale.

    TORI - J'aurais presque pensé à une avalanche de flammes jaillissant dans un ruisseau... Ou alors, à de délicates gouttes de sang ? Pourquoi pas les deux ?

    Le regard de Tori devint violacé luisant et hypnotisa la pauvre disciple d'Osamodas qui n'avait plus aucun contrôle sur elle-même. Encore un moyen pour Tori de faciliter la tâche. Cette fille était tout à elle désormais, à cet instant précis.

    Minuit sonna. Finalement Sabine était sur le lit, grelottant, suite à l'expérience qu'elle avait vécue sans pouvoir agir. Tori se regarda dans son miroir. Elle avait d'énormes ailes noires dans le dos, son regard était resté violacé, et elle avait de plus en plus de marques démoniaques sur le corps, créées par Ombrage, tout d'abord par son poignet droit, pour finalement envahir toute la main et un motif se dessinait sur le long de son bras. Bientôt, elle et Ombrage ne seraient plus qu'une seule personne. Un être démoniaque assoiffé d'énergie vitale de mortels.

    Tori se sentait beaucoup plus forte et pensait que rien ne pouvait l'arrêter. Elle n'était plus une simple mortelle, mais la détentrice du pouvoir de la luxure, qui la faisait éternellement rester jeune et pleine de vitalité.


  • Tous ces gens qui dormaient sur les plages Sufokiennes, frappées d'un mal inconnu, et pourtant, seules une jeune fille et sa démone en connaissaient les causes. L'envoûtant son du pipeau avait frappé encore une fois, et ce ne serait certainement pas sa dernière mélodie !

    Carolina se tenait seule, sa peluche dans ses bras, et regardait ce triste spectacle. Ces gens, si calmes lorsqu'ils s'endormaient... Sufokia devenait peu à peu une nation fantôme. Les nouveaux incarnés se dirigeaient davantage vers Bonta ou Amakna, Brâkmar en troisième position, sans savoir ceux qui les gouvernaient. Pourtant la jeune fille infernale savait qu'Amakna était devenue une monarchie tyrannique, Brâkmar une nation frappée par une malédiction de boulimie, apparemment due à cause d'une femme trop gourmande, et que Bonta était devenue ces derniers jours le siège de la corruption et des pires larcins que l'on ait pu recenser. Les vols de banque et d'objets précieux s'y multipliaient, et là aussi, tout le monde en ignorait la raison. Seule XI savait ce qui se passait. Ses camarades démones étaient déjà passées à l'action, et bientôt, tout le monde des Douze serait à leur merci. Et cette petite Carolina, qui ne se doutait d'absolument rien... Puisque la paresse faisait également oublier tous les soucis extérieurs en accordant un repos mérité à celui qui y succombait. Carolina tomba de nouveau dans la torpeur, probablement dû à son pouvoir de l'acédie.

    Le lendemain, des gardes rebelles allèrent sonner chez la jeune fille et décidèrent de l'interroger. Leur agressivité fit peur à la petite paresseuse, qui sortit d'assaut son pipeau et les endormit à leur musique. Puis, elle se mit à réfléchir. Il fallait quelque chose de plus puissant encore... Mais comment faire ?

    Elle décida de se déguiser et d'aller vers la boutique des médecines pour préparer une potion d'herboriste modifiée qui allait procurer le repos éternel. Quelques gouttes d'arôme poison pour l'assassinat, des graines de pollen de ronce pour la propagation, légère telle une brise marine, et enfin, des plantes médicinales dont raffolaient certains Eniripsas pour leurs calmants, et Carolina réussit à concocter le somnifère le plus efficace jamais produit.

    Il restait un seul problème : comment allait-elle le vendre ?

    XI décida de s'en charger et de prendre alors possession d'une vendeuse Eniripsa très réputée du quartier, en vantant les "bienfaits" de la potion. "Protégez-vous du mal, et cette potion vous le rendra bien !". Les poisons se vendirent comme des petits pains de Farle.

    Certains Douziens n'étaient cependant pas dupes et avaient analysé la potion, qui provoquait un sommeil létal chez le consommateur dès la première prise, aussi pour éviter le gâchis, XI fit recommander de boire tout le somnifère lors de la prise. Ce médicament qui allait plonger l'archipel de Sufokia dans la plus grande torpeur du monde. Mieux qu'un cataclysme d'Ogrest. Un repos éternel... Celui du guerrier. De la paresse.

    Carolina observa petit à petit sa ville s'endormir sous les effets de sa potion et décida d'aller dormir. Elle fit un rêve tout du moins étrange... Des gardes la poursuivaient avec son propre somnifère pour la faire dormir à jamais. La petite fille s'éveilla de stupeur dans son lit et convoqua tous les gardes à un concert près de la Dune Kane. Elle se cacha dans les brumes causées par la démone XI et joua son pipeau. Tous les gardes étaient plongés dans un repos dont ils ne se réveilleraient jamais. Et surtout, avec cette non volonté de faire quoi que ce soit.

    Plusieurs autres Douziens moururent des suites de cette malédiction que la paresse parsemait derrière elle, tels des petits cailloux. Bientôt, Sufokia serait tout à elle. À elle seule. Et elle allait enfin pouvoir gouverner sur un monde de paix. Quel bonheur cela pouvait être pour cette petite fille, qui ne désirait qu'une chose : que les guerres cessent... Tout du moins, à Sufokia.

    Car à Brâkmar, la guerre continuait de plus belle. Certains habitants se plaignirent d'affreux rêves, et Carolina n'en était pas la responsable. Anerice torturait quelques gens avant de revenir voir Esmène et de la posséder pour en faire une parfaite démone. Depuis quelques jours, Esmène refusait toute visite, avait remis ses serviteurs de bain à son mari Hugo, lui aussi très inquiet, et elle mangeait en se couvrant davantage le corps. Elle portait avant des robes longues mais avec les bras découverts, désormais, elle n'hésita pas à enfiler des mitaines, puis des gants, et enfin à se couvrir comme en temps d'hiver. Pour dissimuler son mal, elle faisait croire qu'elle avait attrapé froid en laissant la fenêtre du soir ouverte et en oubliant de la refermer... C'était faux.

    La véritable raison en était tout autre : un matin, lors de son réveil, Esmène remarqua sur son reflet qu'elle était recouverte de marques démoniaques près des poignets. Ils avaient ensuite envahi les doigts, avant de commencer à grignoter les bras, puis la poitrine, et bientôt, peut-être même le reste du corps. La première réaction qu'elle eut fut un sentiment de terreur. Anerice lui expliqua que chaque masse de décès la rendait plus forte lorsqu'elle était due à sa malédiction de la gourmandise, et que ses marques témoignaient de cette force qui s'accroissait. Voyant Esmène trop affolée, Anerice réussit à la contrôler un peu plus afin de lui faire disparaître toute émotion de peur liée à ces marques. Seulement, elle devait continuer de cacher son secret, aussi cette gloutonne du mal décida de se couvrir.

    Les repas s'ensuivirent, et Hugo tenta d'adresser la parole à sa femme devenue aussi mystérieuse. La discussion était souvent raccourcie.

    HUGO - Tu sais bien que l'hiver n'est pas encore là. Certes les temps se sont rafraîchis, mais de là à te couvrir jusqu'au col et à mettre des gants, tu y vas peut-être un peu fort, non ?
    ESMÈNE - C'est la mode qui veut cela. Je m'adapte en avance, voilà tout. Plus ce vilain coup de froid... (Elle fait guise de tousser.)
    HUGO - Généralement tu laisses ta fenêtre fermée le soir. Pourquoi l'aurais-tu ouverte ?
    ESMÈNE - Une bouffée de chaleur ce soir-là, rien de plus. Ces derniers temps tu te fais des illusions, tu t'en rends malade. Mange donc avant que je ne dévore ton repas aussi !

    Titillé par la curiosité, Hugo décida de nouveau d'espionner la chambre de sa femme, qui le lui avait pourtant interdit, et remarqua de nouveau cette démone qui semblait avoir pris la place de la dévoreuse du mal. Mais il perçut les cris d'Esmène, en train de se lamenter sur son propre sort, devant son miroir. Avant de se calmer d'un seul coup, comme si quelqu'un la contrôlait. Il décida d'entrer subitement afin de tenter de la sauver. Mais il recula d'un pas, puis de deux, avant d'être tétanisé à cause de la créature sous ses yeux.

    Une disciple d'Osamodas avec des dizaines de marques démoniaques sur les bras et sur le poitrail remontant jusqu'à son cou, les yeux devenus rouges au lieu de bleus, et de larges ailes noires dans le dos.

    Esmène se retourna, se releva puis alla chercher un flacon qu'elle fit boire de force à son mari, qui retomba alors dans la torpeur.

    Quelques heures passèrent... Hugo se réveilla dans la chambre, avec à ses côtés une Esmène affolée et habillée encore excessivement.

    HUGO - Qu'est-ce qui t'est arrivé à la fin ? Toutes ces marques noires, ces ailes...
    ESMÈNE - Tu as dû faire un cauchemar. Je vais te rallonger dans ta chambre.

    Hugo eut beau démentir ce qu'elle disait, mais Esmène maintenait cette dissimulation et cette idée du cauchemar, et demanda aux infirmiers de le laisser au repos, le temps qu'il oublie la scène. Finalement, Anerice vint lui rendre une seconde visite dans la nuit, avant de l'embrasser goulument et de lui faire oublier tous ces affreux souvenirs de cette scène à laquelle il n'aurait jamais dû assister.


  • La terreur continuait de se répandre à Astrub. Et ce n'était pas à cause de la morsure froide de ce mois de Novamaire que tout le monde s'affolait. Une seule femme échappait à cette foule de gens qui hurlaient et alertaient, se croyant maudits, c'était Priscilla. Armée de ses ciseaux de l'envie, elle regardait paisiblement le peuple demander du secours pour comprendre ce qui se passait.

    PRISCILLA - S'ils savaient...

    Djaul, de son côté, ruminait encore une fois sa vengeance contre la vaillante Jiva, comme ils avaient l'habitude tous les ans. Il n'allait pas se laisser impressionner cette année. Un jour Priscilla finirait bien par aller dans la Shukrute, avec tous les autres pécheurs.

    L'envieuse mercière du bourg Astrubéen se contempla dans son miroir, et enfila sur elle sa cape du Tofu, son Mangelâme et son masque de Srambad. Elle semblait ravissante. Mais elle n'avait pas encore regardé sa peau...

    Car en effet, autour de son cou, commençaient à se dessiner des marques démoniaques, provoquées par les péchés qu'elle commettait. Priscilla fut très inquiète et avait envie de plusieurs amulettes afin de dissimuler son secret.

    Une opportunité s'offrit à elle, lorsqu'elle vit Timothée avec une autre femme, une Fécatte, ornée de plusieurs amulettes aussi belles les unes que les autres. Prise d'un sentiment de jalousie inexpliqué, Priscilla attendit que sa future victime s'isola pour ensuite aller l'agresser dans une ruelle, déguisée en assassine.

    Cette fois, le plan ne se déroula pas tout à fait comme prévu. La tête tourna à l'envieuse disciple d'Osamodas, qu'elle tomba d'un malaise chez elle. Djaul se rendit compte de l'incident et décida de la contrôler pour l'aider à effectuer son travail. Priscilla semblait d'une toute autre apparence, plus démoniaque, à travers ses habits d'assassine. Djaul s'empara des amulettes tout de suite et les vola à la petite Fécatte, qui se nommait Opale. Il repartit vers la boutique.

    Ce ne fut que dans la soirée que Priscilla revint enfin à elle. Ses amulettes l'attendaient fièrement sur la table. Opale revint ici en demandant à Priscilla l'adresse d'un bijoutier.

    OPALE - On m'a volé mes amulettes, c'est un démon qui m'a agressée...
    PRISCILLA - Près de chez Tati Hacheum, vous avez bien regardé ?
    OPALE - Ah c'est vrai que je n'y avais pas pen... (Elle vit les amulettes sur la table.) Bizarre, ce sont les mêmes que j'avais...

    Priscilla commença à paniquer, et avant qu'Opale ne traite la mercière de voleuse, cette dernière lui enfonça ses ciseaux dans sa chair pour l'enfermer avec les autres.

    Malheureusement, l'histoire du démon s'était déjà répandue dans tout le bourg. Partout les journaux affichaient en gros titres "le démon d'Astrub". Les origines trouvées furent multiples : créature d'Ogrest, démon s'étant enfui de la Shukrute... Ils ne se doutaient même pas que c'était Djaul qui se cachait derrière cette agression.

    Priscilla s'enferma pendant plusieurs jours dans sa boutique et regardait le monde passer, inquiet. Chaque client qui venait la voir n'en ressortait jamais, possédant quelque chose qu'elle appréciait. On compta de nombreuses victimes :

    - Luna, une Fécatte tuée pour une ceinture polaire,
    - Bella, une Sramette tuée pour des Bas Roques,
    - Charlène, une Sadidette tuée pour une dague Nataraja...

    Et tant d'autres... Priscilla finit par devenir paranoïaque et commença même à espionner Timothée dès qu'il rentrait afin de voir s'il n'avait pas une maîtresse. La jalousie devenait une véritable maladie, un fléau qu'il aurait fallu éradiquer dès les premiers symptômes. Mais il était déjà trop tard.

    Du côté d'Esmène, les questions se posèrent en très grand nombre notamment sur la souveraine de Brâkmar, cet estomac du mal jamais rassasié. Esmène s'était même dirigée dans les égouts martiaux où l'on s'aperçut de plusieurs traces de dents (celles d'un démon d'après les scientifiques) dans les minerais. Le sel était plus croqué que les autres par ailleurs. Elle n'allait plus se servir sur sa table, c'était bien insuffisant, il lui en fallait beaucoup plus !

    Les marques étaient toujours présentes, et même, au lieu de s'effacer, elles envahissaient petit à petit le corps de la disciple au fil des actes. On ne dénombra plus les décès de la maladie de la gourmandise, hormis un très haut pic de mortalité recensé, qui n'allait rien arranger à l'attirance de la cité de Brâkmar vis à vis des autres. Pourquoi s'engager dans une nation où les gens mourraient immédiatement ?

    Un soir, où Esmène devait encore jouer à celle qui avait attrapé froid à cause d'une fenêtre ouverte pendant une nuit entière, le nombre de plats apportés baissait à cause de l'épuisement de quelques cuisiniers. Deux d'entre eux étaient même morts car ils avaient goûté à quelques gouttes de boisson contenues dans le calice de la gourmandise et ils avaient contracté la maladie. Lorsqu'Esmène l'apprit, sa rage redoubla et elle devint plus sèche, plus exigeante.

    ESMÈNE - Si besoin ramenez de force des chefs à la cuisine ! On va finir par tous crier à la famine si cela continue ! (Elle fait guise de tousser.) Le taux de nourriture ici est trop insuffisant, c'est inacceptable ! Alors vous allez me faire le plaisir de rapatrier toute la nourriture que l'on peut trouver dans ce royaume, et plus vite qu'un Tofu voyageur !

    Certains courtisans restaient traumatisés du brutal changement de comportement de la gourmande souveraine. Hugo fut davantage inquiet et n'arrivait pas à suivre ce qui arrivait dans son royaume. Esmène perdit de sa colère et renchérit son mari.

    ESMÈNE - Je fais tout pour que nous soyons heureux tu le sais. Je voudrais surtout éviter ce que l'on entend à propos d'Amakna et de la jeune fille qui gouverne tyranniquement sa nation. Bonta est devenue corrompue et Sufokia est en train de devenir une ville fantôme. Je veux montrer que Brâkmar est plus forte que tout cela.
    HUGO - En stigmatisant des gardes pour te ramener à manger ? Tu vas même jusqu'à mordre le sel en dehors des repas !
    ESMÈNE - J'ai juste très faim. (Elle fait encore semblant de tousser afin de rester crédible.) Puis je suis encore malade, et la faim justifie les moyens comme on dit !

    Bien évidemment, Hugo n'était pas très convaincu. Quelques heures plus tard, elle retrouvait enfin sa table et ses mets qu'elle dévora d'un coup. Bizarrement, elle se sentit prise d'une grosse fatigue et décida d'aller se reposer.

    Esmène ramena plusieurs restes (même des os) dans sa chambre sur une assiette pour les terminer. Elle les avala entièrement sans aucune peine. Elle se regarda une nouvelle fois dans la glace. Pour le moment, les marques restaient stables. Mais ses ailes avaient poussé et son apparence était devenue plus démoniaque, comme si elle se libérait la nuit. Anerice se tenait à côté d'elle. Elle la rassura et lui disait que tout ce qui lui arrivait était normal.

    Les semaines suivantes, Esmène invita une amie disciple de Sacrieur, celle qui cachait son visage, Xylène, à souper avec elle. La catastrophe fut inévitable. Xylène fut retrouvée décédée dans sa chambre d'hôte le lendemain matin, apparemment empoisonnée aux champignons. Esmène en avait aussi mangé, mais elle s'en était sortie indemne ! Hugo eut de la chance et fut juste malade pendant quelques temps. Personne dans le château n'avait compris ce qui était arrivé à Esmène avec cette histoire de champignons.

    ESMÈNE - J'ai de la chance d'être résistante contre les poisons de certains animaux, c'est tout. Juste de la chance. Y compris pour les Noirespores, les Araknes ou je ne sais quoi d'autre.

    Les victimes de la malédiction de la gourmandise commencèrent à se faire moins nombreuses. Quelquefois Esmène refusait carrément de sortir, pour s'occuper de son mari notamment et surtout pour surveiller que le plus de nourriture entrait dans son domaine pour ne jamais en ressortir. Elle ne montrait aucun signe de guérison de son "coup de froid", les marques étant restées sur elle.


  • Le portail s'était refermé il y a quelques jours. Les Douziens remarquaient, lors de sa ballade, les marques démoniaques qui avaient envahi les bras de Nathalie. Elles ressemblaient à des tatouages, sans en être réellement. Nathalie ressentait cette énergie en elle, elle avait changé ces derniers temps. Sacris, celle qui se promettait de punir les pécheurs... Au fond, qu'était-elle réellement ? Une femme corrompue par le seigneur démon ? Elle se dirigea dans les murailles d'Astrub, avant de s'arrêter devant la place marchande. Le mal semblait partout.

    Des personnes à terre dans Sufokia, prises dans un profond sommeil ou une profonde paresse. Des affamés à Brâkmar, des ressources qui s'y épuisaient. Des banques de Bonta volées, il ne restait plus le moindre kama. Une tyrannie et des complots dans Amakna. Sans compter Astrub elle-même, avec ses mystérieux meurtres près de la petite boutique de tailleur. Mais Rushu força Nathalie à ne pas aller voir cette boutique, et l'invita plutôt à se rendre de nouveau vers Brâkmar... Mais loin de Mâcheville.

    Les gardes tentèrent d'arrêter Nathalie, qui les prit par le col et les força à la laisser passer pour rentrer dans sa terre d'origine. Une fois rentrée, elle ne reconnaissait presque plus rien. Ses pieds foulaient un sol plus desséché que jamais, et non pas à cause des volcans, mais de la famine. Les ressources avaient toutes été prises par l'autre famille royale, les Gulia.

    Elle se rendit dans le village et regarda tout autour d'elle. Il n'y régnait plus que désolation. Nathalie ne comprenait pas. Sa nation, était-elle ainsi à cause de son départ de Mâcheville, pour s'exiler vers Bilbyza ? Elle décida de s'enfuir au plus vite. Elle prit un bateau vers Astrub, puis vers l'île de la foire du Trool.

    Nathalie finit par trouver des gens ayant commis l'avarice, l'envie et la gourmandise dans les recoins de la foire, et décida de les punir à l'aide des flammes infernales. Le feu de Rushu coulait dans ses veines, et ses marques commençaient à envahir son ventre. Les passants hurlèrent à sa vue, ils voyaient qu'elle était possédée. Certains tentèrent même de l'avertir.

    NATHALIE - Vous ne comprenez pas. Ces marques signifient que je suis sur la bonne voie, celle d'amener la justice dans ce monde. Bientôt il n'existera plus aucun péché dans ce monde ! Plus aucun ! Nous vivrons tous heureux, et nous n'aurons plus à craindre quoi que ce soit.

    Mais ses paroles ne convainquirent personne. Elle restait sous l'apparence d'une femme possédée par des démons.

    Une nuit, Nathalie eut un horrible cauchemar, où elle voyait les flammes l'engloutir. Elle pensa alors que les péchés allaient prendre le dessus sur elle. Elle se posa des questions, mais Rushu les fit toutes évanouir. Le complot avait déjà commencé depuis longtemps...

    NATHALIE - J'ignore si j'arriverai un jour à vaincre et à éradiquer tous les péchés de cette planète. J'ai l'impression que plus l'on avance et plus il y en a...
    RUSHU - Ce qui compte c'est de te débarrasser de ces crimes ! Ce que tu veux, c'est bien faire régner la justice oui ou non ?
    NATHALIE - Je ne sais plus. Je me demande si je ne fais pas une grosse bêtise...

    Rushu craignit que la petite ait compris le manège. Il n'en pouvait plus, il s'empara du corps de la Sacrieuse, la tortura intérieurement. Nathalie retomba sur son lit d'accueil à Astrub. Elle se réveilla plus tard, la tête engourdie. Elle ignorait ce qui se passait, et pourquoi elle avait eu subitement cette douleur qui lui transperçait la poitrine. Puis elle s'observa. Son corps était presque complètement couvert de marques, hormis son visage. Elle commença à comprendre pourquoi tout le monde la fuyait.

    NATHALIE - Plus personne ne le saura... Je continuerai la vengeance que mérite ce monde des Douze !

    Sur ce, elle enfila son large manteau, le ferma, enfila sa cape et partit en laissant quelques kamas pour remercier ses hôtes de l'avoir hébergée quelques temps, avant de disparaître dans la brume Astrubéenne.

    Erica retourna chez elle également. Revenue d'Enutrosor, qui ressemblait plus à un faux coffre-fort, elle se sentait déçue et trahie. Mais Minuit reprit son contrôle et la rassura.

    MINUIT - Il y en a d'autres. J'aurais dû m'en douter pour Enutrof ! Toujours aussi radin !

    Gladys retourna voir sa grand-mère, très inquiète et suspicieuse. Elle lui demanda si elle avait contacté un démon ces derniers temps. De son côté, Minuit se sentit en danger. Il fallait se débarrasser de cette petite fouine, mais comment ?

    GLADYS - Je sais que vous avez discuté avec un démon, j'ignore lequel. Regardez donc vos mains !

    Erica les observa attentivement. Les paumes étaient noires comme les ombres. Les marques l'avaient envahie elle aussi, comme les autres femmes infernales. Mais elle sourit.

    ERICA - Ce n'est que de la cendre, mon enfant. Cela partira.

    Gladys sortit un pot et étala de la mixture sur les mains de sa grand-mère. Les marques restaient intactes.

    GLADYS - Mensonge. Les cendres que vous prétendez sont fausses.
    ERICA - Des tatouages, d'accord.
    GLADYS - Impossible. Pas de cette forme. Ce sont des marques démoniaques.

    Erica eut comme une sorte de malaise. Minuit, folle de rage, s'empara du corps de l'avaricieuse et lui fit prendre une nouvelle forme démoniaque, dont Gladys tentait de s'en cacher. Mais Minuit allait lui donner une leçon qu'elle ne serait pas prête d'oublier.

    ERICA / MINUIT - Petite insolente, petite curieuse ! Sais-tu que tu fais affaire à un très vilain défaut ? Pourquoi penses-tu que j'amasse toutes ces richesses ? Je souhaite tout l'or de ce monde ! Personne ne le prendra, même pas toi, insignifiante petite mortelle !

    Gladys hurla. Jamais elle n'avait entendu Erica parler ainsi, d'autant plus que cette dernière était maintenant possédée. Elle eut une sorte de noir.

    Lorsqu'elle se réveilla, elle était face à la vraie Minuit. La véritable démone des heures. Elle était attachée. Impossible pour la petite Eniripsa de s'enfuir, ni même de bouger. Minuit s'approcha. Un pas. Deux, puis trois, quatre, et cinq, et prit le menton de la petite fée. Elle la défigura.

    MINUIT - Dans quel pétrin tu t'es fourrée... Tu es tombée dans la gueule du Mulou, il paraît. Dommage, car ses mâchoires vont se refermer !

    Elle éclata d'un rire sadique et délaissa la petite morte, sans vie, qui avait été aspirée par Minuit.

    MINUIT - Quelle étrange sensation... Si je faisais cela avec mes gladiateurs au temps de l'Hormonde... J'aurais la jeunesse éternelle pour moi seule !

    Pendant ce temps, Erica admirait ses richesses. Elle n'adressait plus la parole aux voisins. Et il lui fallait beaucoup plus pour soutirer tout l'or du monde. Les impôts. Les taxes. Être le gouverneur de Bonta !

    Elle se présenta aux élections. Peu de gens votèrent pour elle, mais Minuit assassina tous les autres rivaux pour laisser Erica gagner. Cette dernière instaura alors des taxes astronomiques.

    La tyrannie de l'avarice allait commencer...


  • Cette fille n'allait peut-être pas durer si longtemps que cela. La lassitude venait toujours par venir. Tori se débarrassa aussi de Sabine, mais au lieu de la tuer directement, elle la jeta aux goules. Ces dernières se chargèrent du sort final de la malheureuse. Tori finit même par regarder les nouvelles qui tombaient sur Katrepat. Quatre jours plus tard après le repas des goules, on pouvait lire sur les lignes principales :

    "Le cadavre d'une disciple d'Osamodas découverte, dévoré, aux abords du château du bourg."

    Ombrage riait. Tori ne pouvait plus s'occuper avec personne depuis ces trois jours d'attente. C'était l'ennui extrême. Elle n'avait plus qu'une solution à sa portée de main : aller chercher d'autres filles.

    Une fois arrivée chez elle, Tori rédiga une sorte de liste où elle recensa toutes les filles qu'elle avait eu à portée de main. Elle cacha ensuite le cahier et y jeta un sort : toute personne qui aurait la malchance d'y toucher ou de découvrir son secret serait irrésistiblement attiré par elle, jusqu'au jour où il mourra d'épuisement. Ombrage se sentit soulagée, elle savait déjà que les malédictions des autres péchés, hormis envie et colère avaient toutes été lancées.

    OMBRAGE - Tu en as mis du temps !

    Avait-elle bien fait ? Plusieurs enquêteurs avaient décidé de se mettre à la chasse de la maîtresse de la luxure après l'incident de Sabine. Ils s'étaient approchés du château et avaient réussi à trouver et ouvrir la liste.

    "Liste des charmeuses - 972

    Alexandra, 20 ans - daguée
    Claire, 20 ans - daguée
    Aéna, 21 ans - daguée
    Ambre Vampe, 17 ans - daguée
    Sabine, 34 ans - jetée aux goules
    Eleanor Blanchis, 19 ans"

    Ainsi Tori se serait trouvée une nouvelle victime, Eleanor. Cette petite originaire de Brâkmar avait été fraîchement enlevée par Tori pour assouvir ses désirs. La maîtresse du péché de la luxure voulait tester une nouvelle chose sur cette petite Eniripsa, qui semblait si innocente...

    TORI - On va te donner un bon coup de fouet, comme ça, tu seras vive et pleine d'énergie ! Crois-moi, crie encore plus, mais un jour tu n'auras plus mal...

    Une pensée lui traversa l'esprit.

    ... "Jusqu'à sa mort, son ultime douleur !"

    Les mêmes pensées se trouvaient dans la tête de Florie, qui avait emprisonné Kana, la fille amoureuse de Zéphir, dans un donjon en attendant son exécution. Il fallait donner une sanction qui allait dissuader tout le monde de tenir tête à l'orgueilleuse princesse d'Amakna.

    Kana attendait dans sa cellule étroite, une salle des tortures sombre et qui ne laissait passer que trois malheureux rayons solaires. Florie décida de lui faire revoir la lumière, la dernière qu'elle allait voir de sa vie. Elle l'emmena jusque sur le pont des tailleurs, et y aménagea la place pour pouvoir donner la dernière leçon à cette rivale, celle qui convoitait ce beau Zéphir, ce beau disciple de Crâ.

    Les yeux rouges de Florie lancèrent un regard noir à la pauvre Ecaflipette, cette réfugiée dans Chuchoku, attrapée par la jeune princesse et ses gardes, au prix du sang de bon nombre d'habitants de l'île. Kana baissa les yeux, apeurée, elle ne savait plus quoi penser. Elle savait que sa vie défilait beaucoup plus vite, sans pour autant comprendre la réelle raison.

    Florie invoqua ses ronces, elle restait malgré cela une disciple de Sadida et une adepte des plantes. Les monstres végétaux frappèrent la pauvre Kana, qui tomba au seul, jusqu'à hurler une ultime parole, et souffler un dernier brin.

    KANA - Pourquoi ? ...

    Les ronces se calmèrent, Florie les dompta et monta sur elles, qui la surélevèrent, telle la reine de la nation. Elle sortit son miroir, une aura ambrée émana de son corps. Le peuple recula, certains se mirent à fuir. Florie ne comprit pas ce comportement de lâcheté, puis regarda sa main gauche qui se couvrait de marques démoniaques. Son pouvoir grandissait et la démone IV allait enfin prendre son corps, pour ne faire plus qu'une seule et unique personne. Mais la Sadidette l'ignorait bien entendu, tel était le but.

    FLORIE - Revenez, ou sinon, vous finirez tous comme cette insignifiante petite mortelle !

    Mais elle n'était pas écoutée. IV prit possession de Florie, elle allait les punir, à sa manière. Florie se métamorphosa derrière les dos des Amaknéens effrayés. Elle avait gagné d'énormes ailes démoniaques, sa tenue était semblable à celle de la démone de la quatrième heure, et beaucoup plus de marques démoniaques avaient envahi son enveloppe charnelle. Et bien évidemment, le miroir avait disparu.

    FLORIE / IV - Je vous ai dit de revenir, maudits mortels !

    Les personnes se retournèrent et se rendirent compte de l'horreur. Désormais, ils savaient tous l'apparence de leur princesse. Celle d'une créature démoniaque, qui allait tous les foudroyer.

    Ce qu'elle fit immédiatement. Mais le peuple ne mourut pas. Ils furent juste atteints de la malédiction à leur tour.

    Quelques jours après, on recensait un très grand nombre de cas à cause de cette maladie, administrée en masse devant les hôtels de vente, qui ressemblaient désormais à un jardin en ruines ne disparaissant que plus tard. Florie ne s'occupait encore une fois pas des famines, des problèmes du peuple.

    FLORIE - Si vous n'avez plus de blé pour vous nourrir vous et vos Tofus... Et bien nourrissez-les avec du riz !

    Elle éclata de rire, d'une blague qui, aux yeux du peuple Amaknéen, n'était qu'une plaisanterie de très mauvais goût.


  • La douleur résonnait encore dans la poitrine de Nathalie, qui décida de s'enfuir, une fois de plus. Mais elle sentait que quelque chose la rattrapait... Pourquoi avait-elle eu si mal ce soir-là ?

    Le noir l'empêchait de voir où elle marchait et la direction qu'elle prenait, mais elle avait pris un bateau pour la foire et allait entrer dans une dimension aussi givrée que l'Île Sberg elle-même. Les gens s'y regroupaient en masse, et cachaient un vieil homme rabougri dans un tonneau. Il était sans vêtements, apparemment, des créatures les auraient volés. Nathalie décida de se mettre en chasse et réussit à rassembler toute la panoplie : bonnet, manteau, bottes et cape. Cet homme, le Père Nowel, la remercia et se précipita vers sa maison, lui demandant de vérifier son atelier.

    PÈRE NOWEL - Si tu pouvais vérifier l'atelier aussi... Quelque chose de louche doit s'y préparer. Fais bien attention.

    Elle partit en quête, réussit à mettre le feu aux fesses de quelques Rennes... Pour enfin arriver à cette ultime salle d'atelier. Un Eniripsa, tout de vert vêtu, l'attendait patiemment. Mais lorsqu'il vit le halo enflammé de Nathalie, il n'eut plus envie de se battre. Il se mit même à ses genoux et la supplia. Nathalie regardait ce personnage, le Grinch, de haut, puis il se mit à parler.

    GRINCH - Tu es d'une puissance... Attention gamine, il y a quelque chose en toi, c'est mauvais, très mauvais...

    Nathalie ne comprenait pas. Parlait-il de Rushu ? Pourquoi médire ? La craignait-il aussi, comme tous ces autres mortels ?

    NATHALIE - Pourquoi as-tu mis le bazar dans la distribution des cadeaux du Père Nowel ? Et pourquoi lui avoir volé ses vêtements ?
    GRINCH - Bon, écoute bien. Vois-tu, le Père Nowel, c'est un imposteur, un jaloux. Je suis d'abord aux ordres du Père Fwettar. J'aime emballer les cadeaux en vert, c'est ma couleur préférée... Bien évidemment, ce n'est pas au goût de tous ! Mais ce Père Nowel... C'est un homme qui concurrence surtout le Père Fwettar. Vu tes origines, tu dois le connaître, c’est lui qui met le charbon dans vos chaussettes. Le Père Nowel en a tellement assez, qu’il a décidé de créer des cadeaux piégés pour punir les enfants et empêcher Fwettar de faire son travail.
    NATHALIE - Envieux Père Nowel ! Il sera puni pour ses crimes !

    Toute cette vérité sur ce monsieur si gentil s'effondra dans la tête de Nathalie. La plaisanterie avait assez duré maintenant.

    Elle se mit en quête de la maison du Père Nowel.

    NATHALIE - Il le paiera. On ne se moque pas d’enfants innocents comme ça !

    Maintenant, elle était au sein de sa demeure. Et elle allait frapper très fort.

    La rage la prit d'assaut, Rushu la posséda, elle se transforma alors en démon de la colère, avec ces ailes noires dans le dos, et ce sentiment de vengeance décuplé comme jamais. Le Père Nowel la regarda, horrifié.

    NATHALIE/RUSHU - Envieux personnage, tu t’es bien moqué de ces pauvres mortels !

    Elle sortit son arme, la pointa en direction du Père Nowel qui ne comprenait plus ce qui se passait, et qui lui lançait des bombes empaquetées. Une fois arrivés dans le cercle autour de Nathalie, ils se mirent à brûler et incendièrent toute la maison qui s'écroula petit à petit dans les flammes. Nathalie tenait sa victime dans les flammes de l'enfer.

    NATHALIE/RUSHU - As-tu une dernière volonté, avant de rejoindre la cour de ton dernier jugement ?

    Le Père Nowel n'osa dire mot. Il brûla lui aussi avec la maison.

    NATHALIE/RUSHU - Adieu...

    Une larme coula de la joue de Nathalie, qui partit de la maison pour quitter ce monde glacé. Chaque pas faisait fondre la neige sous ses pieds. Lorsqu'elle ressortit, elle revint à son état normal. Mais quelque chose la tracassait. Elle ne se sentait plus elle-même. Et si cette Sacris... Était un monstre ?

    NATHALIE - Sacris a encore frappé.

    Les questions se multiplièrent. Tout son passé ne lui semblait que mensonges et tromperies. Elle avait vécu dans cet enfer, et maintenant, elle se sentait encore plus en colère. Lorsqu'elle se rendit compte de ses sentiments, elle entendit une drôle de voix. Rushu.

    RUSHU - Bien, encore un peu, et tu seras à nous.

    Qui était ce "nous", et de quoi il parlait ? Nathalie ne réussit pas à le savoir, ses marques démoniaques avaient encore gagné du terrain et elle se sentait vidée. Son corps ne la supportait plus, elle s'évanouit devant le phénix de la foire.

    Les démons faisaient souffrir chaque fille infernale. Si Carolina, Tori et Priscilla étaient devenues paranoïaques, Esmène faisait même des malaises physiques. Personne ne savait les expliquer. Elle mangeait de tout et n'importe quoi, ce qui lui tombait sous la main, et bien évidemment, personne ne pouvait la voir un peu déshabillée, puisqu'elle continuait de se dissimuler. Cette chute brutale de sociabilité effrayait Hugo, qui ne la reconnaissait plus. Il l'avait pourtant vue en démone, deux fois, mais à chaque fois Esmène et Anerice l'avaient plongé dans l'oubli.

    Mais la situation empirait. Le nombre de victimes de la malédiction augmentait chaque jour, donc plus les pouvoirs d'Esmène augmentaient, et plus elle avait de marques démoniaques sur le corps, plus elle devait redoubler d'efforts pour les cacher.

    Elle finit même par mettre une capuche, ses yeux changeaient quelquefois de couleur, lorsqu'elle se sentait tiraillée par la faim, et quelques marques étaient montées dans son cou et légèrement sur le visage. Plus tard, elle décida à chaque fois de manger seule dans sa chambre. Plus personne ne comprenait quoi que ce soit.

    Isolée dans sa chambre une nuit, elle reprit son calice, responsable de son péché, et y contempla son reflet. Elle se sentait désespérée. Elle rebaissa le calice, jusqu'à ce qu'Anerice en personne apparaisse.

    ANERICE - Ma pauvre chérie, t'es bien blanche. Tu sais, il faut manger pour prendre des forces...

    Esmène la regarda droit dans les yeux. Elle ne savait plus quoi penser, elle commençait à souffrir de ce qu'elle endurait. La faim allait-elle être... Sa fin, justement ?

    ESMÈNE - Est-ce que je dois être obligée de me cacher sans arrêt ?

    Anerice comprit très vite ce qu'il se passait, et il ne lui restait pas le choix... Elle devait calmer Esmène avant qu'elle ne fasse une crise. Et cela n'allait pas être tâche aisée.

    ANERICE - Ne t'inquiète pas, tu voulais bien une chose, manger tout ce que tu voulais, sans limites. Je t'en donne le pouvoir, c'est tout.

    Elle coinça Esmène jusqu'au mur de sa chambre et décida d'en prendre le contrôle. Encore une fois, cela ne fut pas si simple mais la démone gagna le combat. Cette disciple d'Osamodas était à elle, et elle allait continuer de la faire pécher jusqu'à ce qu'elle meure. Même si pour cela, elle devait la manipuler comme une marionnette.

    Le contrôle ne se passa pas comme prévu. Le corps d'Esmène ne résista pas bien à la violence d'Anerice et l'Osamodette tomba sans connaissance dans sa chambre, sans avoir changé d'apparence. La chambre s'ouvrit, c'était Hugo. Il se rendit compte du drame et décida d'emmener sa femme à un cabinet Eniripsa pour l'ausculter.

    Le diagnostic était chaotique, aussi bien pour l'état d'Esmène que pour les différentes théories trouvées. Selon les médecins, Esmène aurait fait soit un abus de nourriture (ce qui ne semblait pas étonnant avec tout ce qu'elle avalait), ou alors elle se serait faite battre (mais ils ne surent pas par qui) ou alors elle avait été endormie par un démon (au vu des marques démoniaques). Seule Esmène savait la vérité, ainsi qu'Anerice : en réalité, c'était cette dernière qui avait trop forcé.

    Hugo ne tenait même plus et avait perdu ses forces, davantage lorsqu'on lui apprit les théories sur le malaise d'Esmène dans sa chambre. Lorsqu'il voulut la revoir, surprise...

    Elle avait disparu. Elle s'était envolée.

    Dans la ville de Brâkmar, certains habitants hurlèrent à cause d'un démon qui pillait toutes ressources. Une femme à la peau rouge pâle, aux yeux rouges et avec de grandes ailes démoniaques, le corps recouvert de marques. Esmène possédée par Anerice. Hugo reçut l'appel d'alerte et se rendit sur place. Esmène le vit et courut se cacher dans la tête de dragon de la capitale.

    Plus tard, Hugo réussit à la retrouver... Elle était sous sa forme normale, encore plus marquée au visage et un sac rempli de provisions à côté d'elle. Aux premiers abords, elle ne semblait pas en forme.

    HUGO - Mais qu'est-ce que tu fais là ? Et ce monstre... Qui a attaqué tout le monde... Et c'est quoi ces marques ?
    ESMÈNE - J'avais besoin d'air, c'est tout... (Elle prit une pom dans le sac et la dévora.)
    HUGO - Mais as-tu vu comment tu te comportes ? Plus personne ne te reconnaît, tu fais des choses bizarres, j'ignore ce que tu trafiques dans ta chambre et ce qu'est que cette histoire de vêtements...

    La gorge d'Esmène se noua d'un coup. Malgré son grand appétit, elle n'arrivait plus à avaler un seul morceau. La peur la tétanisait. On l'entendait sangloter.

    HUGO - Si tu as un problème, tu dois m'en parler.
    ESMÈNE - Ce monstre que tu as vu tout à l'heure, c'est...

    Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Anerice n'allait pas laisser le secret s'échapper et provoqua un second malaise à Esmène, qui tomba... Dans les poms. Aussi bien au sens propre qu'au figuré.

    Hugo était désemparé. Il n'était pas un disciple d'Eniripsa. C'était juste un Zobal qui se cachait toujours derrière son masque. Et voir sa femme possédée par un démon le tétanisait de peur également. Il savait, pourtant, qu'elle n'était pas morte...

    Mais juste... Endormie ?

     


  • Endormies, ces personnes qui longeaient sur le sable chaud, brillant sous les rayons du soleil... Lorsqu'il se coucha, il se tint alors d'une pâle lueur bleutée, et les étoiles seules ne suffisaient pas pour faire ressortir ces éclats comme en plein jour. Il en restait une, qui nageait dans le bonheur, Carolina, assise à sa fenêtre de château, qui contemplait d'un air rêveur tout ce beau travail. Plein de personnes avaient acheté sa potion somnifère qu'elle vendait avec l'aide de la démone XI... Désormais, ils plongeaient vers un sommeil éternel.

    Au petit matin, la jeune souveraine de Sufokia découvrit des marques noires dans le dos, mais XI l'incita à se calmer. L'heure de la réunion des derniers gardes venait de sonner, aussi Carolina les rassembla tous dans la grande salle. Certains commencèrent à se plaindre du médicament vendu qui endormait le peuple. Elle leur servit des coupes d'eau, puis leur révéla bien après de nombreuses gorgées, qu'elle avait empoisonné leur eau avec ce médicament, et qu'ils allaient tous dormir avec les autres.

    CAROLINA - Vous allez bien rire, votre eau est mélangée avec cette médecine miracle. Mais croyez-moi, fini les guerres à Sufokia, vous pourrez enfin vous reposer... Éternellement !

    Ils hurlèrent tous à l'assassine, mais c'était trop tard, ils s'écroulèrent les uns après les autres sur le sol. Carolina éclata d'un petit rire, comme si elle venait d'accomplir sa vengeance.

    Et il ne lui fallut pas plus que quelques jours pour plonger Sufokia dans cet état. L'archipel entier était... Hanté par cette maladie du sommeil, provoquée par une malheureuse petite potion... Puis, elle se rendit compte que des bateaux venus d'autres contrées venaient à Sufokia... Des bateaux Riktus.

    CAROLINA - La guerre est finie, mes chéris.

    Elle se rendit sur la plage du rivage Steamulant et commença à jouer de son pipeau. Sa poitrine palpitait, elle ressentit comme un coup. XI sonnait en elle, l'incitant à la laisser faire. Ce que Carolina fit. Elle fut cependant violemment secouée, devant un chef Riktus Osamodas pour enfin se transformer en une sorte de démon spectral. Une femme habillée de turquoise, avec des cornes discrètes dans sa chevelure, son bas flottant et à fin translucide, comme pour XI, et enfin, ces grandes ailes de même carrure que les anges, mais dont les plumes tombaient. La démone de la paresse s'était bien réveillée.

    CAROLINA / XI - Ne troublez pas le sommeil sacré de ces lieux.

    Les Riktus tentèrent de se jeter sur cette créature, mais le pipeau résonna, et chaque être qui s'approchait trop près tomba sur le sable, éclaboussant de quelques grains l'air diaphane, jusqu'au gouverneur des Riktus. Un Osamodas nommé Nicolas, qui voulait venger les siens.

    NICOLAS - Reviens d'où tu viens, démon !
    CAROLINA / XI - Je suis chez moi déjà. Toi, en revanche, tu vas rester pour la vie, dans les bras du sommeil... La paix est bien meilleure que la guerre, pourquoi se bagarrer alors que l'on peut se reposer ? Mon pauvre petit, regarde-toi, tu es bien las, tes paupières sont lourdes, lourdes, elles tombent, tu t'endors, tu n'écoutes plus que ma voix...

    Le pipeau continua le reste et XI s'éleva du corps de Carolina pour chanter elle-même.

    NICOLAS - C'est donc... La démone de la onzième heure...
    XI - Dors bien, mon petit Osamodas, tes paupières se ferment, tu vas dormir bien paisiblement... Cède à cette acédie, qui te mènera au couloir de l'éternelle vie...

    Il tomba. Et dormit. Qu'allaient faire les Riktus maintenant ?

    Le mois de descendre s'accompagna de ses neiges, provoquées par Djaul et ses alliés. Djaul, le démon de l'envie. Astérine sortit de sa maison d'accueil et décida, à l'aide de Jiva, de voir plus clair dans le jeu du protecteur du dernier mois de l'année. Elles toquèrent à toutes les portes, mais personne ne sut où Djaul se dissimulait. Finalement, il se montra de lui-même. Et il n'était pas tout seul. Ce n'était pas sa petite possédée qu'il amenait... Mais tous les démons des péchés réunis ! IV, XI, Anerice, Ombrage, Minuit et Rushu, tous l'accompagnaient. Et ils semblaient heureux. Jiva ne comprit pas ce qu'ils complotaient, et Astérine encore moins... Puis elle se souvint des paroles du Chevalier Justice. Sept démons, sept péchés. Chacun correspondait à un péché précis. Mais qui allait avec qui ?

    Jiva se mit à réfléchir, elle ressentit les auras et sut alors ce qui s'était tramé. Elle réussit à déterminer quel démon était affilié à quoi. Et se rendit compte que son pire rival était associé à l'envie. Et qu'il était en effet bien ici, dans Astrub !

    DJAUL - Alors, mademoiselle qui se déplace à la vitesse de la pensée d'un Iop ?
    ANERICE - C'est trop tard, ma chérie, ces filles sont à nous !
    IV - Tu nous amènes une mortelle ? Pauvre Jiva, c'est pathétique !

    Rushu interrompit toutes les conversations par un cri rauque et sourd. C'était lui le roi des démons, le chef des chefs, même au-dessus de Minuit, la chef des démons des heures.

    RUSHU - Ah Jiva, la protectrice du mois de Javian... Tu penses donc nous mettre des bâtons dans les roues ?
    JIVA - J'ignore ce que vous complotez tous les sept, mais cela ne se passera pas comme ça ! Depuis des semaines, ce monde des Douze est devenu un terrain de jeu pour des corrompus !

    Tous les démons éclatèrent de rire.

    OMBRAGE - Ce sont tous des fantômes maintenant ! Ils nous appartiennent !
    MINUIT - Dites donc, si on se débarrassait de ces deux minables ?
    DJAUL - J'en ferais une affaire personnelle...
    XI - Pas par la bagarre ?
    DJAUL - Silence, XI. Cela fait des années que je veux botter les fesses de cette Jiva de malheur... Et cette fois, je ne la louperai pas !

    Jiva ressentit comme une attaque. Astérine commença aussi à se mettre sur la défensive, mais Jiva la retint en arrière, l'assurant qu'elle veut la protéger.

    JIVA - Ces démons sont très dangereux. Je préfère que tu surveilles nos arrières.

    Astérine acquiesça. Mais un pouvoir se fit ressentir dans tout son corps, une vague d'énergie positive bleutée. Jiva se mit alors à asséner des coups aux démons. Ces derniers l'attaquèrent au retour. Finalement, Astérine réussit à envoyer un rayon sur les démons, qui ne parvinrent pas à l'esquiver. C'était ce rayon de la justice, que Jiva venait juste de voir devant ses propres yeux, et jamais elle n'avait réussi à en faire un de telle puissance. La petite Ecaflipette la regarda d'un air pitié. Les démons repartirent vers leurs victimes, et Jiva s'approcha d'Astérine.

    JIVA - Comment tu as pu sortir un sort aussi... Puissant ?
    ASTÉRINE - Je ne sais pas. Il est sorti en moi. Comme ça.

    Jiva en perdit ses mots. Désormais elle savait ce que les démons complotaient. Cette histoire de "fantômes"... Ils allaient dévaster le monde des Douze en se servant de sept jeunes femmes innocentes sur cette planète ! Et comme dans la Shukrute il n'y avait presque plus rien à détruire, il ne leur restait plus qu'une solution : trouver un moyen de s'infiltrer dans le monde des Douze, posséder des personnes au hasard et les faire commettre les actes les plus affreux.

    JIVA - Ils le paieront...

    Elle empoigna Astérine et l'entraîna dans une course effrénée pour tenter de rattraper les démons. Mais allait-elle y parvenir ?


  • Astrub avait été perturbée par cette dispute entre Jiva et les sept démons. Djaul avait regagné la demeure de Priscilla pour la surveiller de nouveau. Elle avait pâli et semblait toujours souffrir de ses faiblesses. À quoi étaient-elles dues réellement ? Djaul y était-il pour quelque chose ?

    Timothée venait à passer près de cette maison, il était seul. Priscilla regardait derrière les rideaux. Elle avait caché son cou couvert de marques démoniaques. Il n'y verrait que du feu. Il repartit, on aurait dit que quelqu'un l'avait appelé. Priscilla sortit alors déguisée afin d'observer la scène. Une autre Xélorette l'attendait.

    TIMOTHÉE - Désolé Hyacinthe, il y a quelque chose qui me perturbe. Le fait de voir toutes mes amies se faire assassiner... Après avoir été dans une boutique. C'est bizarre.
    HYACINTHE - Il ne faut pas t'inquiéter. Les meurtres vont bien s'arrêter à un moment.

    Priscilla savait exactement de quoi ils parlaient. Mais les deux disciples du dieu temporel n'allaient pas s'en tirer de cette façon. Elle fonça droit sur eux et les bouscula violemment. Ils tombèrent. Elle revint vers Hyacinthe et l'emmène vers le mur. Elle réussit alors à libérer une énergie colossale. Djaul allait la rejoindre. Des ailes lui poussèrent dans le dos et déchirèrent sa cape d'assassine. Elle avait des cornes supplémentaires sur le front et ses yeux étaient devenus rouges vifs. Priscilla était devenue une démone. La créature de l'envie. Timothée tenta d'invoquer ses dieux, mais Priscilla l'envoya valser vers le mur opposé, histoire de le sonner suffisamment longtemps pour s'occuper du cas de Hyacinthe.

    La Xélorette peinait à respirer, Priscilla vit alors quelque chose briller à son doigt... Un bel anneau. Mais qu'était-ce exactement ? C'était... Mais oui ! Une réplique presque parfaite de l'anneau d'Ombrage ! Cette démone de la luxure qui possédait Tori de Luxunia à Katrepat ! Bien évidemment, Ombrage n'était pas dans cette bague. Un autre anneau attira son attention, dans les mêmes tons, une sorte d'anneau démoniaque, un Makabrano. Avec deux petites cornes. De chaque côté.

    PRISCILLA / DJAUL - Tu as l'air bien riche pour une pauvre petite habitante d'Astrub...

    Priscilla sortit ses ciseaux et la poignarda, devant les yeux de Timothée. Puis elle se retourna vers lui, laissant Hyacinthe pour morte, retira sa cape, ce qui laissait voir le reste de son corps démoniaque, pour bâillonner le jeune Xélor et l'emmena ensuite dans sa boutique, où elle l'assomma.

    Lorsque Timothée se réveilla, il était dans la boutique, sur un lit, une tasse de chocolat chaud fumante à côté de lui. Et à terre... Priscilla, évanouie, avec ses ciseaux nettoyés à côté d'elle. Il pensa savoir qui avait tué Hyacinthe. C'était bien elle ! Mais pourquoi ?

    De toute façon, l'Osamodette ne pouvait pas répondre tant qu'elle n'était pas revenue à elle. Il sortit de sa poche une potion Eniripsa et la fit boire à la mercière. Priscilla se réveilla. Elle semblait être dans un rêve, avec son amoureux qu'elle aimait tant.

    PRISCILLA - Je ne me souviens plus de ce qui s'est passé...
    TIMOTHÉE - Ma sœur a été tuée et j'ignore comment je suis arrivé ici.
    PRISCILLA - Désolée...

    Timothée prit les ciseaux et les observa.

    TIMOTHÉE - C'est bizarre... On dirait ceux qui l'ont tuée.

    Priscilla reprit alors conscience de ses actes. Il l'avait vue. Mais elle ne se souvenait qu'à moitié de ce meurtre où elle a été possédée. Elle s'empressa de lui reprendre la paire des mains.

    PRISCILLA - Vous... Désolée, disons qu'ils coupent très fort, je ne voudrais pas que quelqu'un se blesse avec.
    TIMOTHÉE - Pourquoi vous l'avez tuée ? Et les autres amies qui étaient avec moi ?
    PRISCILLA - Quelles amies ?
    TIMOTHÉE - Ne faites pas l'innocente !

    Priscilla, très inquiète au début, finit par se fâcher et par approcher les ciseaux doucement du cou du Xélor. Son visage avait changé.

    PRISCILLA - Dommage, je t'aimais beaucoup mon ange... Je pensais qu'on serait faits l'un pour l'autre... Mais j'ai pas le choix. Je peux pas laisser les autres savoir ce que je fais...

    Ses amulettes tombèrent et Timothée vit avec horreur que Priscilla avait des marques démoniaques sur toute sa poitrine. Les marques continuaient d'envahir ses épaules. Il recula. Priscilla asséna un coup au Xélor avant de le poignarder dans la nuque. Elle se mit à pleurer et tomba à genoux.

    PRISCILLA - Qu'est-ce que je viens de faire moi...

    Elle tomba à la renverse sur le dos. Djaul l'avait faite s'évanouir le temps qu'elle oublie ce qu'elle venait de faire, et ainsi lui faire oublier même la notion de son péché.

    À Bonta aussi les têtes tombaient les unes après les autres. Beaucoup de personnes se présentèrent au rôle de trésorier, afin d'espérer d'abaisser les taxes, mais il n'en fut rien, car à chaque fois, on raconta qu'une démone les assassinait chez eux avant de présenter leur candidature finale.

    Erica finit par prendre le poste de trésorière et rejeta toute candidature pour un autre poste du gouvernement. Cette fois, Minuit la tenait. Elle allait provoquer un massacre dans la ville de Bonta. Les Bontariens refusèrent même, de par une grève, d'effectuer les moindres paiements. Minuit semblait très satisfaite. Pour semer la destruction dans le monde des Douze... Rien ne semblait meilleur que cette grève, qui provoqua l'avarice de toute la population, puis leur désarroi lorsqu'ils se rendirent compte qu'Erica avait tout dérobé, toutes les richesses de la nation lui appartenaient. Et il était hors de question qu'elle partage la moindre pièce d'un kama.

    ERICA - Ce n'est pas en provoquant une grève stupide que votre argent n'ira pas avec moi !

    Chaque nuit, la démone de l'avarice revenait, et la population de Bonta commença à décroître. Les meurtres nocturnes s'accumulaient au fil des jours, on dénombra au bout d'une semaine de mandat dictatorial une centaine de morts, soit près de trois meurtres par nuit. Ce qui était énorme. Et cela n'était que le commencement...

    Les marques envahissaient le corps de l'Enutrofette, qui les cachait sous ordre de Minuit afin de ne pas mettre le complot démoniaque à découvert. Enfin, Erica décida d'instaurer une loi qui allait renforcer son pouvoir et ses richesses personnelles.

    ERICA - À partir d'aujourd'hui, chaque jour, vous devrez verser un dixième de vos richesses en kamas purs au château du gouverneur, c'est-à-dire mon château ! Le démon rode, il faut apaiser sa colère, et c'est en donnant cet argent que j'offrirai moi-même à cette créature que Bonta sera sauvée !

    Les Bontariens se mirent alors à la traiter de "grippe-sou", mais Minuit surgit, et effraya tout le peuple.

    MINUIT - Craignez alors ce démon, qui vous dépècera chez vous, femmes et enfants ! Cette nation est sous sa terreur !

    Puis elle lança un sort sur le peuple de Bonta. Et ainsi elle pouvait posséder Erica et lui faire commettre ces meurtres nocturnes, une fois de plus, signés par la démone de l'avarice, et ainsi voler toutes les richesses. Le peuple continua de se plaindre mais continua de garder tout son argent, et à chaque fois, on le lui dérobait. Minuit réfléchit alors : et lorsque Bonta serait devenue pauvre, sans un sou ?

    Erica n'était jamais complètement satisfaite de ses richesses, déjà considérablement nombreuses. Finalement, Minuit la posséda et alla dérober les derniers sous des banques de la nation. Tout était dévalisé, absolument tout.

    ERICA / MINUIT - D'abord les richesses de Bonta, et enfin, celles de tout le Monde des Douze ! Et j'aurai enfin le contrôle absolu !

    Quelques enquêteurs secrets de Bonta réussirent à s'introduire dans la maison d'Erica, où ils découvrirent le corps sans vie de la petite Gladys, antérieurement assassinée par la démone Minuit. Une fois de retour chez elle, Erica trouva la trappe de la cave ouverte. Elle revit le corps de sa petite-fille. Elle ne semblait pas au courant que Minuit l'avait assassinée.

    MINUIT - Cette petite allait tout révéler si on ne se débarrassait pas d'elle tout de suite.

    Erica se retourna. Tuer sa petite-fille à elle, qui avait pris besoin d'elle... Elle ressentit un grand vide.

    ERICA - Attendez quelques jours. Je ne suis pas certaine de tenir encore...
    MINUIT - Ne t'inquiète pas pour ça. Je pourrai amener les remèdes à sa place. Tu n'as pas besoin d'un éventuel obstacle à ta fortune.

    Erica se sentit très mal à l'aise, sa vie sans Gladys, tout allait être différent maintenant... Comment faire sans ses précieux conseils ?

    Elle s'effondra elle aussi, prise à la poitrine. Son cœur semblait fragile. Minuit alla chercher une potion qu'elle fit avaler de force à Erica, puis cette dernière parvint enfin à se redresser sur ses pieds.

    ERICA - Je ne laisserai personne toucher à mes biens les plus précieux... Personne !

    Et sur ce, elle retourna vers son trône, tout en imaginant sa vengeance sur le peuple de Bonta.


  • Elle avait perdu connaissance à la foire du Trool, mais son corps se trouvait de nouveau sur un bateau qui allait en direction de la dimension Shukrute. Nathalie se réveilla à bord, elle voyait les vagues de la Mer Kantil, qui lui remontèrent alors jusqu'au visage pour l'éclabousser. Elle ne savait plus ce qui lui était arrivé après cette histoire de Père Nowel, de Père Fwettar, de Grinch, et tout le reste. On aurait dit que Rushu conduisait ce bateau vers ses terres natales. Pourquoi ? L'air du mystère régnait.

    Le bateau finit par accoster, Nathalie descendit et entra dans la pénombre de l'île. Les nuages devinrent rouges, cette même couleur qu'elle avait vu lorsqu'elle avait eu ses premiers contacts avec le couteau de la colère. Mais elle ressentait un profond malaise tout du moins. Quelque chose d'étrange.

    NATHALIE - Cet endroit me rappelle quelque chose...

    Une jeune femme méditait près d'elle. Une disciple d'Otomaï, Teslha. C'était elle qui avait ouvert ce portail vers la dimension démoniaque. Pourquoi avait-elle fait cela ? Était-elle la responsable de la venue des démons dans le monde des Douze ? Rien n'était moins sûr.

    Elle devait le lui demander, qui savait ce qui allait se produire dans les minutes à suivre ?

    NATHALIE - Qu'est-ce que ce portail ?

    Teslha l'observa un long moment, puis lui demanda d'ôter sa cape, ce que fit immédiatement la Sacrieuse après un long doute. La petite scientifique poussa un cri d'horreur. Tout le corps de Nathalie était couvert de marques démoniaques.

    TESLHA - Qu'est-ce qui vous est arrivé ?
    NATHALIE - À cause de tout ce que j'ai fait. Ne le dites à personne.
    TESLHA - Vous avez fait un pacte avec un démon de la Shukrute, c'est bien ça ?

    Nathalie n'osa plus répondre. Teslha avait parfaitement deviné ce qui s'était passé.

    Mais Rushu n'allait pas la laisser faire, aussi prit-il son apparence démoniaque en tant que telle, et prit d'assaut dans ses bras la petite Teslha, qui se débattait.

    RUSHU - Tais-toi donc ! Tu en sais beaucoup trop !

    Nathalie fut prise d'assaut de rage, mais cette fois, ce n'était pas à cause de Rushu. C'était sa propre rage à elle. Elle se dirigea vers le zaap de la dimension démoniaque et plongea juste sa main. Elle eut alors de nombreuses visions. Et notamment celle du complot démoniaque. Sur tous les sept démons, les sept péchés, et surtout, elle... Qui s'était faite berner. Que l'on avait manipulée depuis tout ce temps. Et à qui on avait tout caché. Nathalie comprenait tout maintenant. Les malaises, les douleurs à la poitrine, les évanouissements. Tout le monde allait le payer. Tous allaient payer le prix que de prendre une Sacrieuse avide de justice pour un malheureux pantin.

    NATHALIE - Tout le monde n'est animé que d'une seule passion : découvrir la vérité, même si l'on doit se sacrifier pour la connaître...

    Elle serra le poing et le retira du zaap, avant de se diriger vers Rushu d'un pas décidé, le pointant avec son poignard.

    NATHALIE - C'en est fini de tous ces mensonges, Rushu ! Je sais ce que toi et tous les autres manigançaient depuis le début ! Tu prenais bien goût des malheurs de ce monde en me contrôlant, mais cette époque est révolue ! Autant le dire tout de suite, nous sommes tous des pécheurs. Voilà, je représente la colère. Je vais l'emporter dans les flammes, mon corps avec.

    Rushu n'avait plus qu'une pensée en tête : Nathalie était devenue folle, elle avait tout appris et elle avait perdu la raison.

    NATHALIE - Adieu, monde cruel...

    La lame du couteau se planta à terre, tâchée de sang qui se colorait en vert. Nathalie retomba à genoux, son bras était fendu. Elle regarda une dernière fois le zaap, puis sourit.

    À Katrepat, tout le monde grinçait des dents. De nombreuses autres jeunes femmes avaient disparu de Katrepat et du monde des Douze, visiblement enlevées en direction du château ténébreux du bourg. Le château de Wagnar accueillait en effet de plus en plus de filles, attendant dans une chambre jusqu'à passer dans le lit de Tori.

    Eleanor Blanchis ? L'Eniripsa ? Tori ne la jugea pas assez mature et la jeta aux goules, comme elle avait fait avec Sabine. Sur le carnet, à côté de son nom, l'affamée de désir écrivit la même remarque que pour cette autre disciple d'Osamodas qui avait tant suscité les intérêts du peuple. Eleanor n'était pas la seule à avoir disparu.

    On put lire à la suite de la liste au mois de Martalo 973 :

    "Elsa Hautecour, 22 ans, daguée
    Thyra Tanden, 17 ans, daguée
    Glacen, 37 ans, n'a visiblement pas tenu face à moi
    Martine, 25 ans, daguée
    Hina Chevet, 29 ans, daguée"

    Parmi tant d'autres.

    Au total, plus d'une vingtaine de noms étaient écrits sur le carnet, et seulement des noms féminins. Elsa était une bourgeoise de Katrepat, Glacen une veuve amaknéenne, Martine était originaire de Bonta, Hina était une des dernières rescapées de Sufokia et Thyra avait réussi à amasser suffisamment de réserves de sel pour ensuite se réfugier dans une cachette non loin des arènes de Boufbowl à Brâkmar. Cette gamine n'avait visiblement peur de rien. Quant aux gardes Brâkmariens de l'arène, en voyant la forme démoniaque de Tori contrôlée par Ombrage, ils ont très vite décampé. Et aux cris de Thyra, il était trop tard, la créature de la luxure l'avait enlevée.

    Les crimes devaient cesser tout de suite. Quelqu'un eut une idée, d'emmener une fille appât pour pouvoir la tromper. Et ce fut Astérine, la fille protégée par Jiva, qui décida d'attirer Tori. Lorsque cette dernière la reçut, les marques démoniaques avaient couvert tout son corps.

    TORI - Viens ma petite, je n'attendais plus que toi. Je te promets que cette nuit sera... Fantasmagorique.

    Astérine l'observa sous toutes ses coutures. Il s'agissait bel et bien d'une des femmes infernales, celle qui était affiliée au péché de la luxure. Elle était pourtant si belle, si jeune, si attirante... Et ces yeux qui reluquaient la petite Ecaflipette...

    Finalement, Jiva arriva dans la chambre où Astérine attendait patiemment seule que Tori vienne la chercher. Jiva lui donna un pouvoir qu'elle infiltra dans ses mains. Astérine avait de l'argent dans ses doigts ! Un métal connu pour être une des pires allergies des vampyres !

    Puis on toqua à la porte et Tori parut.

    TORI - Allez ma chérie, viens donc, nous allons atteindre des sommets toutes les deux !

    Astérine courut avec hâte dans la chambre personnelle de Tori. Cette dernière commença alors des attouchements sur Astérine, puis palpa ses mains, étrangement froides. Tori grimaça. Quelque chose n'allait pas avec cette petite. Puis, elle poussa un grand cri et fut prise de convulsions.

    Jiva apparut dans la chambre du côté d'Astérine, et Ombrage de celui de Tori. La dispute allait éclater entre la protectrice de Javian et la Shushesse.

    OMBRAGE - C'est toi qui te cachais derrière cette imbécile ?
    JIVA - C'est fini, Ombrage. Ton pantin est en train de vivre ses derniers instants. Avec le pacte que tu lui as donné, tu lui as donné les attraits d'un vampyre qui ne peut s'apaiser que par l'amour démesuré pour les autres êtres vivants. Et bien sûr, l'argent et cette allergie, cela risque d'être fatal !

    Ombrage n'en croyait pas ses yeux. Astérine s'enfuit de la chambre pour éviter les soupçons, et Tori retomba sur le lit. L'argent était rentré dans son corps, éteignant chaque parcelle de son être. Elle regarda ensuite l'Ecaflipette sortir.

    TORI - Tu sais... Tu semblais la plus adorable à mes yeux... Mais tu as été juste une marionnette d'une imbécile de protectrice...

    Finalement, Jiva sortit sa lance de glace et l'acheva.


  • C'en était de trop pour Esmène, qui arrivait de moins en moins à se cacher à son mari et à son entourage. Les marques atteignaient son visage et étaient sur tout le reste de son corps. Les gens allaient découvrir qui elle était devenue, et la raison de cette boulimie insatiable.

    Anerice faisait tout pour la calmer, mais cela revenait à faire un cercle vicieux. Aussitôt Anerice contrôlait Esmène, que cette dernière faisait comme si de rien n'était avant de se lamenter de nouveau et de tenter de se cacher. Une boucle infernale, qui tournait sans arrêt, et dont l'issue semblait hors d'atteinte.

    Cette faim allait-elle provoquer sa fin ? Voilà la question que se posait Esmène. Si elle pouvait manger tout ce qui existait dans ce monde, elle devait néanmoins se justifier sans arrêt, sans pouvoir forcément y parvenir. L'histoire du démon dans le village de Brâkmar... Qu'allaient penser tous ces gens ?

    La démone revint dans le village semer la panique et dévaliser les marchés de toute leur nourriture, qu'elle avala d'un seul coup. De son côté, Hugo cherchait une solution pour se débarrasser du démon et pour que sa femme revienne à lui. Puis il réfléchit. Et si Esmène et la démone n'étaient qu'une seule et même personne ? Non, c'était impossible...

    HUGO - Ce n'est quand même pas elle qui pourrait faire du mal au peuple... Je veux dire, ça ne lui ressemble pas !

    Et pourtant, il était loin de se douter que c'était la vérité. Il décida de blesser cette créature du mal pour pouvoir savoir ce qui se passait réellement. Il regarda ses masques, fièrement exposés sur le mur de sa chambre, et en prit un, un masque de pleutre avec des dards en argent.

    La milice Brâkmarienne, finalement atteinte de ce mal de la gourmandise, finit par avertir le noble Zobal pour qu'il puisse atteindre la créature. Il se rendit donc sur les terres de Sidimote, où Esmène sous sa forme démoniaque tentait de tyranniser des aventuriers pour leur voler toute la nourriture. Elle se nourrissait même des nourritures les plus infâmes, n'hésitant pas à croquer dans le carbone des landes pour assouvir son immense appétit.

    Il arriva finalement sur le terrain hostile de Sidimote. La créature de la gourmandise, assise sur une grille, dévorait la chair de plusieurs Patapoutres. Hugo dévisagea la créature, enfila son masque, puis, effrayé aux hurlements d'Esmène, se réfugia vers une muraille. Finalement, il lança quelques dards contre la démone, qui cria de douleur. Avant de retomber sur le sol et de reprendre une forme moins menaçante...

    Celle d'Esmène, sa femme.

    Hugo avait blessé sa propre épouse. Il retira son masque et courut vers elle. C'était trop tard. Les dards d'argent, pleins de poison, avaient déjà atteint le cœur de la disciple d'Osamodas. Il remarqua alors toutes ses marques, y compris sur le visage. Tout était clair maintenant. Et il n'allait plus l'oublier. Il retira les dards du corps d'Esmène, mais en vain, elle ne se réveilla pas. Finalement, un objet lui tomba des mains...

    Le calice de la gourmandise, duquel sortit Anerice.

    HUGO - Qu'est-ce que c'est que cette mascarade ?
    ANERICE - Je n'aurais jamais osé tuer mes propres amants si j'en avais. Voilà comment ton épouse vient de finir. Décédée pour avoir mangé tout ce qu'elle pouvait. Tu sais maintenant que tu as un crime sur la conscience ?

    Le Zobal ne répondit pas. Anerice ouvrit un portail et transporta l'âme d'Esmène qu'elle arracha à son corps. Elle partit avec cet esprit tourmenté, laissant une dépouille à terre. Il avait compris le complot... Mais à quel prix ?

    Celui d'une disciple d'Osamodas.

    Elle n'allait pas être la seule. Priscilla regarda tout ce qu'elle avait amassé. Elle ne semblait pas fière. Quelque chose lui manquait. Timothée, tombé sous un violent coup de paire de ciseaux. Et c'était sa faute à elle, bien sûr. Sa paranoïa l'avait entraînée très loin, elle ne savait plus ce qu'elle faisait, elle avait agi dans la peur.

    PRISCILLA - J'ai été tellement stupide...

    Elle sortit, les larmes aux yeux. Elle avait toujours sa paire de ciseaux entre les mains. Elle les avait nettoyés mais elle avait de nouveau plongé son arme dans le sang de Timothée. Un des seuls souvenirs qui allait lui rester. Le peuple la regarda, puis vit les ciseaux entachés de ce liquide rouge sombre et dont des gouttes se déposaient sur le sol, sur une ligne presque parfaite.

    Ils étaient au courant des assassinats ces derniers jours. Mais ils ignoraient qui était le ou la responsable. Ils avaient peut-être finalement trouvé.

    Priscilla se dirigea vers la boutique de Tati Hacheum afin de racheter du tissu, sans pour autant avoir ce beau sourire qu'elle tenait toujours à chaque fois qu'elle venait ici. Tati ne remarqua que trop tard le sang sur les ciseaux de la tailleuse, puis lorsque le peuple vint la voir, ils se mirent à comploter toute la nuit. Il en ressortit que Priscilla serait finalement punie.

    Cette envieuse allait enfin recevoir une leçon... Qui lui serait fatale.

    Le lendemain matin, Priscilla ressortit, non sans avoir oublié le jeune Timothée. Des aiguilles furent lancées contre elle, elle les esquiva et courut jusqu'au cimetière. Elle fut finalement emmenée jusque dans une cave où elle allait être jugée par le peuple.

    Ceci était comme une sorte de prison où elle devait attendre pour tout ce qu'elle avait commis. Elle regarda ses ciseaux, et les serra tout contre elle. Son visage se tachait de rouge, les ciseaux détinrent. Puis elle eut une idée. Comment se rapprocher de Timothée ? Elle, qui était si envieuse, allait-elle le rejoindre ? Elle grava dans la pierre un message, puis s'asséna plusieurs coups de ciseaux.

    Le lendemain, les mercenaires décidèrent d'aller la chercher pour la juger, sans s'imaginer la surprise à laquelle ils devaient s'attendre... Lorsqu'ils arrivèrent, le sol de la cave était rouge de partout, et un corps gisait à terre, tout taché de rouge, et surtout, cette paire de ciseaux dans la main. Ils tentèrent de la réveiller, sans succès. Puis ils lurent le message sur le mur :

    "Nous vivrons ensemble, au-delà de la mort..."

    Priscilla s'était donc volontairement donnée la mort. Les Eniripsas observèrent sa dépouille, et y décelèrent non pas moins de 13 coups de ciseaux comme un poignard, dont un au cœur. Et impossible de rappeler son âme, dont Djaul s'était déjà emparée.

    Priscilla était donc dans un sommeil éternel... Tout du moins... Son colère.

    Un sommeil éternel qui plongeait aussi sur Sufokia. Carolina n'avait plus rien à craindre, ni personne. XI veillait sur elle, le médicament commençait même à se vendre au-delà du territoire pour des brigands qui avaient trouvé le moyen de voler toutes les richesses du monde, notamment à Bonta. Cela ne dérangeait point la paresseuse Carolina, qui observait juste sa nation, rêveuse, en train de dormir, sans pouvoir se réveiller.

    Puis elle commença à s'ennuyer. Dormir ne semblait plus suffire. Ses rêves devaient apporter quelque chose qui lui était spécial. Elle décida de voyager en dehors de sa nation pour distribuer sa potion miracle. Elle se rendit à Brâkmar, dont les rumeurs commençaient petit à petit à se taire. Les portes du château lui furent ouvertes.

    Depuis la mort d'Esmène, c'était Hugo qui se chargeait de la nation de Brâkmar, et les Eniripsas avaient supplié à ce que Carolina vienne le voir pour l'endormir, sans se douter que ce qu'elle amenait était un poison aussi violent que celui des dards d'argent.

    CAROLINA - J'ai cru comprendre ce qui s'était passé, un démon s'est emparé de votre femme et en voulant le blesser, vous n'avez pas pu la louper ?
    HUGO - On va dire ça, mais je n'en dors plus depuis. Son fantôme vient me hanter chaque nuit.
    CAROLINA - Mon pauvre seigneur... Vous devriez essayer cette potion, ainsi, ce fantôme ne vous fera plus jamais de mal et vous pourrez dormir en paix.

    Alors que le Zobal s'apprêtait à boire la première gorgée de ce poison, les gardes intervinrent.

    Une jeune fille, habillée de blanc, aux cheveux bleus clairs et avec une aura lumineuse apparut. C'était Astérine, la petite protégée de Jiva, la protectrice de Javian, qui s'étaient conclues un pacte pour éradiquer les péchés capitaux. Au départ Astérine venait pour Esmène, mais Jiva reconnut Carolina, la pécheuse de la paresse.

    Jiva prit possession de la jeune Ecaflipette, qui commença à léviter, et s'empara alors de la lance de glace de la protectrice.

    ASTERINE / JIVA - Ne buvez pas ce poison ! Cette fille est elle aussi, une démone ! Regardez son âme dans ses yeux ! Elle n'est qu'une paresseuse, elle a empoisonné toute sa nation pour assouvir sa faim de paix !

    Carolina se retourna. Elle ne se débattit pas. La paresse n'était pas cela. XI prit possession du corps de Carolina, qui révèle sa forme démoniaque, comme cette fois sur la plage devant le gouverneur des Riktus.

    HUGO - Que se passe-t-il à la fin ? D'abord Esmène, maintenant, cette fillette ?

    Carolina le visa de haut.

    CAROLINA / XI - Tu sais que tu t'adresses à la souveraine de Sufokia en personne. Si tu veux vraiment te débarrasser de ta conscience, bois cette potion. Tu rejoindras sans aucun mal, sans aucune goutte de sang qui coulera, ta femme. Quoique...

    Jiva contrôla alors Astérine, qui leva sa lance de glace, et en toucha le dos de Carolina. Le pouvoir de purification et de la glace de Javian affecta profondément la fille infernale, qui revint alors sous sa forme humanoïde, avant de tomber sur le sol. Blessée, elle se releva, mais Jiva sortit et toucha de son index le cœur de Carolina, en le congelant.

    JIVA - Paresseuse, la glace te fera dormir tout le temps que tu voudras. Mais personne ne saura te le décongeler.

    XI sortit alors, elle semblait indignée, mais se calma. Elle n'était pas du genre à se battre.

    XI - Jiva, arrête donc de semer la zizanie chez nous. Tu cherches à te débarrasser de nous sans savoir nos véritables intentions. Tu viens de battre cette pauvre petite fille qui ne désirait que la paix dans le monde. Je n'en dirai pas plus.

    Sur ce, elle emmena l'âme de Carolina et s'évapora avec elle, dans le temps filant...

    Hugo ne comprenait rien. Il lâcha le flacon de potion qui se brisa en mille morceaux. Plus jamais on n'allait parler de ce remède empoisonné. Quant à Astérine, elle s'était déjà enfuie, en s'excusant. Jiva partit elle aussi.

    Ainsi se termina le chapitre de 5 des filles infernales. Pour Florie et Erica, qu'allait-il se passer ?


  • À Bonta, la révolte éclata très rapidement. Le peuple en avait assez de se faire berner et rouler dans la farine des boulangers. Assez des complots de la démoniaque et redoutable Minuit, qui s'amusait à contrôler une ancienne joaillière disciple d'Enutrof.

    Les gardes de Bonta décidèrent même d'enlever la vieille femme une nuit où elle était seule, et elle fut retrouvée dans un cachot de la cité blanche. Minuit lui apparut finalement en rêve.

    MINUIT - Tu sais que c'est la fin... Il est possible d'y échapper... Pense au plus profond de toi-même...

    Erica réfléchit. Elle savait ce qu'elle allait faire. Il fallait éviter de mourir. Et pour cela... Rien de tel... Qu'une simulation !

    Les gardes revinrent la chercher pour tenter de la faire exécuter en la brûlant sur un bûcher. Dans la foule, s'étaient dissimulées Jiva, recouverte de la capuche de la défunte Priscilla, et Astérine, avec la cape de Nathalie sur le dos. On ne voyait des deux femmes sur leur visage que leur nez et leurs bouches. Les yeux étaient délicatement ombrés.

    Les flammes arrivèrent sur les flambeaux. Minuit se cachait dans l'aura de la doyenne avaricieuse, puis finalement le corps d'Erica s'éteignit avant même que le premier feu n'alluma le piquet. Des murmures pouvaient se faire entendre. Jiva sembla suspicieuse. Astérine ne semblait pas bien comprendre. Peut-être connaissait-elle mal les techniques des Enutrofs. Alors Jiva l'écarta de la foule un moment et lui expliqua.

    JIVA - Les disciples d'Enutrof ont un pouvoir qui leur permet de simuler leur propre mort. Ceci ne m'étonnerait qu'à moitié que ce soit ce pouvoir qui ait été activé par cette possédée.

    Les gardes commencèrent aussi à parler entre eux. Qu'allaient-ils faire ? Erica attendit que la foule partit. Des Eniripsas traversèrent la foule. Ils examinèrent le corps d'Erica, puis regardèrent de plus près, avant d'annoncer, au bout de cinq minutes, que l'Enutrofette était déjà morte... D'une crise cardiaque.

    Un cri de surprise traversa la foule. Jiva prit Astérine par son épaule.

    JIVA - Cette femme est déjà punie par sa vieillesse. Nous n'avons plus rien à faire ici.
    ASTÉRINE - Étant donné qu'il ne reste plus qu'un péché, où sera notre prochaine destination ?
    JIVA - Amakna... Avec son odieuse souveraine. La tâche ne sera pas aussi aisée...

    Le soir, le corps d'Erica n'avait pas été retiré encore. Minuit vint alors, portant elle aussi une longue cape, et aspirant comme un souffle vital. Elle détacha Erica et la cacha jusqu'au cimetière à quelques pas d'ici, avant de l'y enterrer avec toutes ses richesses. Ainsi le monde resterait puni à jamais et ils ne pourraient pas retrouver leur si précieux argent...

    MINUIT - Dommage que ton âge ait lâché... Pire que cette pauvre cinglée de XXIII... Qui tombe en poussière ! On se reverra lors de ton jugement...

    Le lendemain matin, lorsque les Bontariens revinrent... Il ne restait plus que le piquet et le bûcher qui n'avait jamais été allumé.

    Jiva revint dans le ciel sous sa forme divine, et elle se rendit compte de l'entourloupe. Quelque chose clochait. Si les Bontariens n'avaient pas retiré le corps, cela ne pouvait être que... Minuit.

    JIVA - Il se trame encore quelque chose... Mais quoi ?

    Elle repartit. Le sort de l'avarice avait été réglé... Ou presque. Mais il restait une petite peste à sanctionner...

    C'était bien elle. Florie de Superbira. La tyrannique princesse d'Amakna. Les gens aussi se rebellaient et tentaient de la renverser, mais ce fut au cachot qu'ils finirent. Le complot s'organisa dans l'Association des Boulangers Et Cuisiniers d'Amakna, ou l'A.B.E.C.A. comme ils se nommaient, et finalement, ils pensaient avoir trouvé le moyen de mettre leur plan à jour.

    Florie avait prévu un grand repas pour célébrer la puissance de sa nation. Aussi allaient-ils empoisonner son gâteau surprise, réservé rien que pour elle. Ils récoltèrent des curarare, de l'espèce la plus rare pour une meilleure efficacité, et ils allaient en bourrer la nourriture.

    Fraouctor 973. Florie invita tous ses gardes à table et fit servir les plats. Bouftou rôti et tourné à la broche, petites Poms du pays, le fameux plat de la célèbre blanquette d'Emelka dont on ne parlait plus que d'elle, et puis... Un Shushu à la crème.

    IV semblait assez mal à l'aise à la vue du dessert. Était-ce car il était à partir de démons... Ou car du poison s'y cachait ? Nul ne le sut.

    FLORIE - On m'a raconté que ce petit dessert est dont ce tous les enfants d'Amakna raffolent. Les Shushus à la crème... Ce seraient les gens de Brâkmar qui hurleraient d'effroi. Surtout à cause de leur souveraine.
    GARDES - Elle est morte.
    FLORIE - Oh ? Ce n'est pas possible... Allez, si vous en voulez, que l'on serve toute la tablée !

    Les gardes étant au courant du poison, ils s'excusèrent.

    GARDES - Non chère princesse, ces pâtisseries sont rien que pour vous ! Nous ne sommes pas aussi dignes de manger telle ambroisie !
    FLORIE - Tant pis, vous avez bien tort.

    Elle ignorait que ce dessert... Allait être le dernier.

    Elle commença à le manger, sans se douter de quoi que ce soit, malgré les doutes de IV. Après l'avoir dévoré, Florie décida de se lever... Mais impossible.

    FLORIE - Je... Je suis presque paralysée...

    Les gardes se levèrent et encerclèrent la princesse. Ils allaient enfin dévoiler le complot.

    GARDES - Désolés mademoiselle, mais ce gâteau vous engourdira jusqu'à votre dernier souffle.
    FLORIE - ... Comment osez-vous ?

    Un Eniripsa ajouta que dans quelques secondes, au vu de la dose que contenaient les Shushus à la crème, elle allait avoir une paralysie respiratoire et cardiaque.

    IV sortit de fureur du corps presque mourant de Florie. Enragée, elle décima toute la garde Amaknéenne. Mais elle ne put rien faire pour Florie, qui s'écroula sans vie sur le sol de son palais. La dernière femme infernale venait de tomber.

    Des flammes envahirent l'entrée du palais. C'étaient les autres démons. IV comprit le message et emmena l'âme de Florie avec elle. Désormais, tout n'allait plus se passer dans le monde des Douze...

    ... Mais à la Shukrute, le repaire des démons.


  • Dans la Shukrute, les rires des démons résonnaient de tous côtés. Les sept femmes infernales se réveillèrent. Cet endroit qu'elles fréquentaient désormais... L'enfer.

    Rushu apparut avec les autres démons des péchés. Leur piège avait fonctionné à merveille. Les visages se crispèrent, probablement la peur. Celle d'avoir commis les pires péchés possibles.

    RUSHU - Misérables ! Ce que vous avez été cruelles ! Vos petits caprices sont finis ! Terminé la belle vie que vous aviez eue sur le Monde des Douze ! Désormais, vous êtes avec nous. Vous allez être punies pour tout ce que vous fait ! Une sentence éternelle !

    Nathalie se leva, prise par la colère. Rushu décida de convoquer les femmes infernales les unes après les autres.

    Tori de Luxunia, Sramette de Katrepat, accusée de la luxure : enlèvement de jeunes femmes, abus de ses désirs.

    Priscilla Invitra, Osamodette d'Astrub, accusée de l'envie : divers crimes dirigés par la jalousie envers des objets ou de ce Xélor.

    Esmène de Gulia, Osamodette de Brâkmar, accusée de la gourmandise : repas désordonnés, avec des abus, responsable de crimes de famine.

    Florie de Superbira, Sadidette d'Amakna, accusée de l'orgueil : mépris envers son propre peuple, vantardise, abus de pouvoir.

    Carolina de Acedina, Sadidette de Sufokia, accusée de la paresse : repos excessif, refus d'obtempérer devant l'urgence de sa nation, crimes de masse.

    Et finalement... Nathalie de Iria, Sacrieuse d'origine de Brâkmar, accusée de la colère : soumission à sa rage, crimes en série, désir insatiable de vengeance.

    Cela allait-il s'arrêter là ?

    Non, car Nathalie se dirigea vers la bordure de l'îlot de la Shukrute. Rushu allait lui expliquer pourquoi il s'en était pris à elle.

    RUSHU - Sais-tu pourquoi je suis ici, espèce de petite insignifiante ? Ta déesse ! Oui, ta fichue Sacrieur, c’est elle qui m’a volé ma place ! Je devais être le dixième dieu ! Et non, il fallait qu’elle me laisse enfermé ici, et qu’elle prenne le trône qui m’aurait dû être attribué ! Elle le paiera, très cher, et pour cela, rien de tel que de torturer une de ses disciples !

    Nathalie serra du poing, réfléchit et lança une malédiction.

    NATHALIE - Douziens, menteurs effrontés envers vous-mêmes ! Les gens de Bonta, qui se disent être la justice, le sont-ils vraiment ? Non, car une de leurs habitantes est avec moi ! Désormais je prends ces femmes sous mon aile, et je laisserai des traces de mon âme parmi vous ! Si vous voyez quelqu’un pécher, vous aurez bien envie de le punir, de lui donner la leçon qu’il mérite ! Très bien alors... C’est moi qui raviverai votre flamme de haine, qui l’étendrai dans toute votre âme, et vous tuerez ceux qui auront fait du mal ! Vous vous en rendrez finalement compte, tant les gens seront désespérés de leur propre comportement, se rendant compte qu’ils ne sont pas bien mieux eux-mêmes ! Je suis Sacris, la vengeresse, et au-delà de la mort, dans la Shukrute où je résiderai comme tant d’autres, je vous ferai tous tomber, bande de mécréants !
    RUSHU - Assez ! Cette fille a fait ses preuves...

    Il lui envoya un rayon obscur, un liquide noir, dans son dos. Le corps de Nathalie en fut secoué par d'horribles convulsions, elle hurla de douleur. Elle retomba. Elle n'avait presque plus rien d'une mortelle.

    Elle était... Une démone. Celle de la colère.

    FLORIE - Qu'est-ce que vous avez fait...

    Nathalie se retourna vers l'orgueilleuse Sadidette, et tendit son bras vers elle. Le reste du groupe recula de peur. Le rayon arrivait sur elles. Chacune sentit son corps changer, son sang devenir une sombre essence démoniaque.

    Elles étaient les démons protectrices de leurs péchés. Les pécheuses infernales.

    TORI - Si seulement les gens pouvaient comprendre ce qui nous arrive... Ils cèderont à tout ce que nous leur demanderons !
    ERICA - Ils ne nous oublieront jamais... Si cette jeune fille a lancé un sort, à nous de faire de même !

    Les démons premiers étaient partis, seules les démones infernales étaient restées, et riaient.

    TORI - Mes chers petits Douziens, savez-vous ce qui se cache dans les fins fonds de votre esprit ? Oui, ce désir ! Et si vous voulez continuer à faire perdurer votre espèce, quoi de mieux que d'abuser encore et encore ? Demandez-leur en plus, sans arrêt ! Faites l'amour, pas la guerre !
    ERICA - Cupides Douziens, le dieu draconique sera bien d'accord avec vous : l'argent est le cadeau le plus précieux du monde ! Gardez-le, vous vous sacrifierez pour lui ! Et si quelqu'un vous le demande... Jamais de la vie !
    FLORIE - Vous vous semblez bien meilleurs que les autres ! Vous êtes les plus puissants pour vous-mêmes ! Pauvres Douziens, maintenant que je ne suis plus de votre monde, profitez-en, déballez vos sentiments !
    PRISCILLA - Oui, vous en mourrez d'envie ! Laissez votre jalousie parler !
    ESMÈNE - Et n'oubliez jamais les repas, ne jamais les sauter, savourez tant que vous pouvez !

    Nathalie les regarda d'un air colérique, comme à son habitude.

    NATHALIE - Nous les punirons. Tous ceux qui succombent à nous sept. Terminé les existences tourmentées. Qu'ils passent devant Sacris la vengeresse, ils comprendront la vraie justice de ce monde.

    Et ainsi les autres filles infernales allèrent vers elle.

    NATHALIE - Ne me regardez pas comme ça. Pécher est mal. Autant qu'ils le comprennent tout de suite...

    Les sept malédictions étaient définitivement lancées.


  • Pourquoi lancer de telles malédictions sur ce monde ? N'avait-il pas déjà été bien puni par les sept femmes infernales ? En tout cas, il y en a une qui a oublié quelque chose en mourant...

    Au haut d'un volcan de Sidimote, trois silhouettes se tenaient, pour ensuite hanter les ponts marchands. Elles aimaient surtout la capitale de Brâkmar, où elles pouvaient semer la pagaille. Une Crâtte, Chlorine, une Eniripsa, Marie-Laure, une Enutrofette, Cécile. Bizarrement toutes âgées de 13 ans.

    Elles savaient toutes. Dans la cité, on les nommait respectivement "La Harceleuse", "La Brûlante" et "La Dépouilleuse". La première menaçait les autres de ses flèches, la seconde enflammait le dos du peuple, la troisième taxait les passants en leur faisant les poches. Et pourtant, elle ne vouait pas de culte à Sram, le roi des voleurs.

    Le plus étonnant encore était... Le lien de famille qui les unissait. Des sœurs, oui... Mais les filles de qui ?

    Ce jour de Fraouctor 973, les trois filles se demandaient ce qu'il se passait dans leur nation dont elles chérissaient la torture. Pour cela, il fallait se rendre chez le roi de la nation.

    MARIE-LAURE - Alors, ça faisait bien longtemps...
    CÉCILE - ... Hein, papounet ?
    CHLORINE - Allez papa, dis-nous où est maman...

    Oui. Ces trois petites pestes... N'étaient autre que les filles d'Esmène et de Hugo de Gulia !

    Et elles s'adressaient bien à leur père, Hugo.

    HUGO - Vous êtes qui ?

    Les trois femmes éclatèrent de rire.

    CHLORINE - Tu ne reconnais même plus tes enfants ? Et bah, quatorze ans ont suffi pour t'effacer la mémoire ! Ou alors, tu as honte que l'on soit les trois plus grandes criminelles de Brâkmar !
    MARIE-LAURE, CÉCILE - Et tes filles !
    CHLORINE - Allez, dis-nous où est maman.

    Hugo prit peur. Leur mère était morte.

    Et il savait que c'était de sa faute. C'était lui qui l'avait tuée d'un coup de dard empoisonné, pris par la panique.

    HUGO - Mes filles... Elle est partie...

    Les filles se calmèrent d'un coup. Comme si quelque chose venait de les anéantir.

    CÉCILE - Qu'est-ce... Que tu as fait ? C'est toi... Dis-le !
    HUGO - Oui, j'avoue, mais de toute façon, votre mère était irrécupérable ! Elle était à la solde d'un démon !
    MARIE-LAURE - Une certaine Anerice ? On sait, on n'est pas stupides.
    CHLORINE - Mais pourquoi tu l'as tuée ?
    HUGO - Je voulais juste la blesser pour la calmer, mais c'est le poison...

    Il hésita. Il ne voulait plus parler de ce meurtre qu'il ruminait sans arrêt depuis des mois et qui le faisait sombrer dans la dépression. Devant ses trois filles, les trois plus grandes criminelles de la nation, les trois filles de la torture de Brâkmar, il ne savait plus quoi faire. Il enfila finalement son masque du pleutre qu'il gardait toujours attaché à sa ceinture, et s'enfuit. C'était sans compter sur Marie-Laure qui le rattrapa et lui infligea dans le dos une marque de feu.

    MARIE-LAURE - Papounet, on n'a pas fini la conversation...

    Il était pris au piège. Par ses propres enfants. Qu'il n'avait côtoyées que quelques mois auparavant, lorsqu'elles étaient des bébés.

    MARIE-LAURE - ... À moins que tu ne sois un couard.

    Chlorine étendit son bras pour lui demander d'arrêter, avant de se diriger vers sa jumelle.

    CHLORINE - Il a le masque sur lui. Arrache-le-lui.

    Hugo hurla de terreur, mais Marie-Laure suivait les consignes de sa jumelle, qui finit par lui prendre le masque. Il remit finalement son masque de classe fêlé et emmena ses filles avec lui dans sa chambre.

    Il leur montra finalement le calice de la gourmandise, qu'il avait récupéré d'Esmène, et s'était juré de ne pas obéir aux démons. Les filles le regardèrent...

    CHLORINE - Un calice de plus banal qu'il soit. Pour le moment, ça n'a pas d'intérêt.

    Maintenant la famille était réunie au grand complet... Mais le calice allait-il se réveiller ? Et Esmène, où en était-elle dans sa Shukrute ?


  • Depuis la mort de Tori, Katrepat se pensait à l'abri de la luxure infernale provoquée par le sort d'Ombrage. Toutefois la démone y avait élu domicile depuis fort longtemps. Et il restait une dépouille dans une ruelle, avec des rubans jaunes qui l'entouraient. En cette fin Septange, le corps était presque dévoré par les Goules, il n'avait que la peau sur les os, quelquefois apparents. Puis, un jeune homme arriva sur les lieux. Il portait une cape et une capuche, mystérieux, puis s'approcha de la dépouille de ce qu'avait été Sabine Gastel, disciple d'Osamodas jetée aux Goules par Tori. Il la regarda, de loin d'abord, puis de près. Elle semblait être complètement dévastée.

    Sylvain Tinci, archéologue de Bonta, mais également nécromancien, maîtrisait depuis son enfance des sorts de grands magiciens, il savait ressusciter les morts à partir de cadavres récents. Mais celui-là n'était plus frais déjà depuis quelques mois, et la tâche allait être moins aisée qu'il n'y paraissait. Conscient du fait que Sabine n'ait été que la victime d'une femme contrôlée par une démone, il voulait à tout prix lui redonner la vie qu'elle avait perdue trop vite.

    SYLVAIN - Ma pauvre... Ne t'inquiète pas, tu ne souffriras plus, maintenant je suis là. Il faut juste que j'y arrive.

    Il se concentra très fort, et sentit une force colossale dans ses mains quelques minutes et incantations plus tard, qu'il posa sur la poitrine de Sabine, ou tout du moins, ce qu'il en restait. Ce fut un miracle, le corps se reconstitua et reprit vie. Sabine était ressuscitée, aussi incroyable que cela pouvait le paraître. Elle était bien réveillée, elle ouvrit les yeux et redécouvrit le monde des vivants.

    SABINE - Je suis là... Qu'est-ce que...

    Sylvain se tenait juste à côté. Cela pouvait sembler impossible, et pourtant !

    SYLVAIN - Sabine Gastel...

    Elle se retourna. Lui, qui l'avait ressuscitée, allait-il être récompensé ? Sabine prit sa main.

    SABINE - Je vous remercie de m'avoir sauvée du royaume des ombres.

    La discussion allait bon train, mais quelqu'un d'autre les observait depuis tout en haut du château. Ombrage, la démone de la luxure. Celle qui avait manipulé Tori et l'avait emmenée à la Shukrute, où elle était désormais la maîtresse de ce pêché et une démone à part entière.

    Elle possédait la dague de la luxure, celle qui donnait son pouvoir à Tori et la fit tomber. Elle atterrit juste à proximité de Sabine, qui ramassa l'objet, sans se douter de rien. Elle n'avait jamais vu la dague et ignorait son pouvoir. Dès qu'elle la toucha, une autre énergie l'envahit. Une plus puissante, démoniaque. Le bras droit de Sabine se recouvrit des marques qu'avait Tori dans son vivant. Elle était possédée et avait récupéré ses pouvoirs, elle allait enfin pouvoir se venger de ce qu'on lui avait fait !

    SABINE - Vous avez bien fait de me ramener à la vie, mon cher et tendre...

    Elle le serra fort contre elle. Sylvain ne pouvait plus s'échapper. Sabine était ressuscitée pour devenir une démone humanoïde, une créature en proie à l'infernale Ombrage, et qui allait sans doute recommencer ce que Tori avait commis comme horreurs...

    Ce péché que l'on appelait la luxure.


  • Sufokia venait à peine de se remettre d'une importante baisse de population, due au désastre causé par Carolina, l'ancienne souveraine. Une autre femme était venue au trône et avait remporté les élections haut la main. Il s'agit d'une exilée Brâkmarienne d'il y a quelques années, vers l'année où les trois filles d'Esmène avaient fui le domicile. Cornelia la dame des Corbeaux, ou en plus court, Cornelia Scaran, de son vrai nom. Née à Brâkmar le 16 Septange 940, elle dirigeait maintenant Sufokia d'une poigne de fer. Elle prenait les choses en main et lorsqu'elle sanctionnait, malgré sa classe d'Osamodas, elle ne le faisait pas à coups de fouet, mais plutôt à coups de Corbacs. Elle aimait vraiment Kelba et prévoyait même de rattacher ce territoire à Sufokia.

    Et de l'autre côté, sa cousine, Sibylline Harpan, dont le comportement était tout l'inverse de celui de Cornelia. Disciple de Féca, Sibylline ne faisait que manger ou dormir. Surtout dormir. Et elle était vice-gouverneur aux côtés de Cornelia. Les deux femmes se contrastaient énormément. Autant Cornelia était brutale que Sibylline douce. Autant la première était très travailleuse, la seconde était plus paresseuse.

    C'était une aubaine pour Carolina, devenue démone de la paresse, un des sept péchés mortels, qui alla voir Sibylline alors qu'elle s'isolait dans sa chambre. Elle la lia à la clé de l'acédie.

    CAROLINA - Ma chère Sibylline, toi qui es maintenant au trône de Sufokia, à toi de jouer et de répandre la malédiction. Cette nation doit garder sa réputation de tranquillité !

    Elle toucha le poignet de Sibylline qui commença alors à être teinté de marques. La Fécatte ne comprenait rien de ce qui se passait. Puis la porte de la chambre s'ouvrit. C'était Cornelia.

    CORNELIA - Sibylline, qu'est-ce que tu fabriques ? On a une réunion pour huit heures tapantes ! Tu ferais mieux de te préparer au lieu de rester là à rien faire !

    Sibylline enfila une longue manche sur son bras droit. Les marques ne se voyaient plus. Et elle allait pouvoir se rendre à la réunion, sans que personne ne se rende compte de la réalité. Sibylline elle-même l'ignorait. Mais un texte commençait à hanter ses pensées...

    Comme un fantôme de tristesse...

    Cornelia convoqua tous les ministres de la nation. Et Sibylline qui restait avec cette chanson dans la tête...

    Comme un fantôme de tristesse qui reste seul...

    Elle ouvrit la bouche, sans dire le moindre mot. Cornelia la fixa un moment. Les yeux de Sibylline étaient vides de toute émotion, comme si elle s'était faite contrôler. Sa cousine se rendit compte de ce qui se passait.

    CORNELIA - Nous ne sommes pas seuls !

    Elle s'enfuit de la salle. Les ministres haussaient les épaules et se dirigeaient vers Sibylline qui releva d'un coup sa tête et chanta, contrôlée :

    SIBYLLINE - Comme un fantôme de tristesse qui reste seul à pleurer, les crimes se dissolvent derrière le dos des gens, et un seul subsiste... Dormez, la volonté part... Vous êtes tous à nous...

    Ils s'évanouirent un à un, devant une Sibylline qui reprit son état normal. Cornelia rentra dans la salle avec des Eniripsas. Mais Sibylline allait de nouveau bien et ses yeux étaient redevenus normaux, laissant paraître une douce lueur bleutée. Plus personne ne comprit ce qu'il s'était passé.

    CORNELIA - Les ministres ! Ils ont eu un malaise collectif ?

    Sibylline restait bouche bée. Elle avait comme oublié ce moment de chant...

    SIBYLLINE - Je ne me souviens plus de rien... C'est étrange...

    Cornelia crut d'abord à une mauvaise blague de la part de sa cousine, ce qui ne lui aurait pas été étonnant.

    CORNELIA - Sibylline, dis-moi la vérité !
    SIBYLLINE - Je te jure, je ne me souviens de rien ! Je ne sais pas ce qu'ils ont eu !

    Les Eniripsas examinèrent les ministres et parlèrent d'un enchantement. Cornelia commença à comprendre : peut-être que sa cousine en a aussi été victime, mais d'une autre manière...

    Mais comment ?

    C'était le retour de l'acédie infernale...





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